Les résultats d’un examen du fonctionnement de l’ONU conduit par une commission désignée par Kofi Annan seront bientôt publiés. Il ne fait pas de doutes qu’il est important de traiter toute une série de questions, mais le fait que le membre le plus puissant de l’organisation montre du mépris pour elle ne facilite pas le débat intergouvernemental.
Nous avons appris avant l’invasion de l’Irak que pour l’administration états-unienne, le Conseil de sécurité de l’ONU avait le choix entre voter en faveur de l’action des États-Unis ou ne plus être compétent. Dans un sens, l’invasion sans soutien du Conseil de sécurité de l’ONU est une baisse de prestige pour cet organe, mais cela peut être aussi vu comme le sauvetage de sa crédibilité et de sa respectabilité. Comment le monde aurait-il pu respecter cette institution si elle avait accepté une action armée pour éradiquer des armes de destruction massive qui n’existaient pas ?
Aujourd’hui, l’opinion publique mondiale considère que l’invasion de l’Irak était un erreur, au mieux. Beaucoup d’Américains, si ce n’est une majorité, soutiennent cette vision. Toutefois, George W. Bush a pris sa réélection comme un soutien à sa politique en Irak et à son mépris pour l’ONU et les Républicains ont poursuivis leurs attaques contre l’ONU. Les États-Unis présentent l’ONU comme corrompue en s’appuyant sur le programme « pétrole contre nourriture », pourtant supervisé par le Conseil de sécurité. C’est un moyen de décrédibiliser l’ONU.
Depuis la fin de la Guerre froide, les Russes et les Chinois ne font plus d’obstruction systématique et il est possible d’obtenir des décisions du Conseil de sécurité, même si l’atmosphère est empoisonnée. Dans l’analyse du fonctionnement de l’ONU, il a été suggéré de transformer les circonstances de l’usage de la force, mais je en suis pas optimiste pour les amendements proposés, ni sur leur nécessité. Le Conseil de sécurité reste une institution vitale, mais il aurait plus d’autorité si sa composition était modifiée. Il faut que les pays disposant de moyens de pression économique, alternatifs à l’usage de la force, soit mieux représentés et que le Conseil représente une plus grande part de la population mondiale.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« The Iraq war wounded the UN, but it won’t be fatal », par Hans Blix, The Guardian, 29 novembre 2004. Ce texte est adapté d’un discours prononcé au Lauterpacht Research Centre for International Law de l’université de Cambridge.
« La ONU está malherida pero no fuera de juego », El Mundo, 3 novembre 2004.