La presse occidentale a largement rendu compte de la fatwa (décret religieux) des Deobandi contre le terrorisme. L’évènement a été commenté comme un effort des « musulmans modérés » contre les « islamistes », c’est-à-dire comme une sorte de ménage interne de l’islam. Il est d’autant plus spectaculaire que la confrérie des Deobandi est, dit-on, ultra-conservatrice et qu’elle a inspiré les Talibans, ce qu’elle dément.

En réalité, la nouvelle a été rendue publique lors du forum inter religieux de Delhi (Jama Masjid United Forum) auquel participaient de nombreux leaders spirituels et politiques du sous-continent indien. Elle s’articulait autour du slogan « Un terroriste ne peut être une personne religieuse et une personne religieuse ne peut être un terroriste ».

Mais là n’est pas l’important. Ce qui comptait, c’était le raisonnement des Deobandi. Comme l’a souligné Hasham Baber, secrétaire général du parti Awami (qui a obtenu une large majorité aux dernières élections au Waziristan pakistanais) : le terrorisme ne prend pas sa source dans le fanatisme, ni dans la pauvreté, mais dans l’intolérance institutionnelle des religions d’État. C’est pourquoi la structuration laïque de l’État est le seul moyen de le combattre. Une analyse qui vise directement le dispositif mis en place par les États-Unis dans le monde musulman par l’entremise de l’Arabie saoudite.