La publication du rapport de la Commission nationale sur la détention politique et la torture au Chili a provoqué un tremblement de terre comme le Chili en connaît souvent. Ce rapport révèle la responsabilité de l’État dans les cas de torture de 1973 à 1990, une vérité qui jusqu’ici n’était que soupçonnée, que certains niaient et que d’autres ont laissé sous silence. 35 000 témoignages ont été recueillis, 28 000 sont incontestables et 7 000 sont encore à l’étude.
L’expérience chilienne est unique au monde et permet à notre pays de faire face aux épisodes sombres de son histoire. Depuis 15 ans, nous avons remis le Chili sur la voie de la démocratie et nous avançons avec prudence et maturité pour abattre les murs derrière lesquels la vérité est cachée. Notre travail a été guidé par trois principes : la vérité, la justice et la réparation. Progressivement, toute la vérité a été révélée et il est maintenant indéniable que la détention politique et la torture étaient des pratiques institutionnalisées de l’État chilien.
Nous devons nous appuyer sur ces blessures du passé pour construire un avenir de liberté et de prospérité. Ces révélations font désormais partie de notre histoire et nous avons ainsi rendu leur dignité aux victimes. Ces crimes ne seront plus jamais niés.

Source
Le Monde (France)
Christian Science Monitor (États-Unis)

« Chile’s latest step on path to truth », par Ricardo Lagos, Christian Science Monitor, 3 décembre 2004.
« Le Chili et le chemin de la vérité profonde », Le Monde, 10 décembre 2004.