La publication début décembre du rapport des seize sages, Un Monde plus sûr, émettant des propositions de réforme de l’ONU, a soulevé des réactions complètement différentes selon les pays. Dans le Guardian, Robin Cook relève que ces clivages sont apparus à propos de la guerre contre l’Irak et sont à l’origine même de la mission des sages. L’ancien ministre britannique des Affaires étrangères constate qu’aux États-Unis, on ne s’intéresse qu’au démantèlement de l’ONU, pas à sa réforme, ou aux accusations portées par le Sénat contre Kofi Annan. Cependant, l’ancien conseiller national de sécurité de Bush père, Brent Scowcroft, ayant participé au panel, il est possible de faire entendre cette voix outre-Atlantique. Encore que la présence dans la seconde administration Bush d’une personnalité comme Alberto Gonzales rend improbable tout retour au droit international.

L’affaire Al Manar continue d’occuper une grande place dans la presse française donnant parfois le sentiment d’un de ces dérivatifs qui soulèvent d’autant plus de passions consensuelles qu’ils permettent de ne pas débattre des sujets qui fâchent. Le quotidien Le Monde, qui a jusqu’ici donné la parole aux censeurs, publie une tribune divergente du père Michel Lelong. L’ecclésiastique souligne qu’on ne saurait juger une chaîne à la vue d’un seul programme et plaide pour une forme de dialogue éducatif qui encourage la chaîne à s’améliorer. Il énonce un argument nouveau : et si nous, Européens, avions à apprendre de certains programmes de cette chaîne étrangère ?

Comme nous l’avions pronostiqué dans ces colonnes, la politique des États-Unis au Proche-Orient s’oriente vers une distanciation face à Israël (dont la fonction évolue alors qu’une armada stationne en Irak), cependant qu’aux États-Unis les associations communautaires juives s’alignent sur leur gouvernement et les associations sionistes sur celui d’Israël.
Ainsi, Alexander H. Foxman, directeur de l’Anti-Defamation League, note dans Ha’aretz qu’un conflit entre Washington et Tel-Aviv pourrait survenir si Israël refuse de négocier avec les Palestiniens après s’être retiré de Gaza.
A contrario, Morton A. Klein, président de la Zionist Organization of America, milite sans retenue dans le même quotidien pour que les États-Unis réajustent leur politique et luttent contre la culture de la haine en Palestine, comme ils organisèrent la dénazification de l’Allemagne.
De son côté l’ambassadeur Martin Indyk assure, dans le New York Times, que les Israéliens ont compris le message en diminuant leurs exigences face aux Palestiniens et en reprenant le transfert à l’Autorité palestinienne d’impôt collectés en Palestine.

Le ministre des Affaires étrangères du Canada, Pierre Pettigrew, dément dans le Jerusalem Post que son pays ait modifié sa politique au Proche-Orient. Le fait de s’être opposé à des projets de résolution de l’Assemblée générale de l’ONU, favorables aux Palestiniens signifie uniquement que le Canada était en désaccord avec la formulation de ces textes.

Le président chilien Ricardo Lagos se félicite dans le Christian Science Monitor du travail historique accompli par la Commission nationale sur la détention politique et la torture. En établissant les faits de disparition, d’assassinats et de tortures, de 1973 à 1990, et en démontrant la responsabilité de l’État, elle a mit fin à la controverse, rendu hommage aux victimes, et ouvert la possibilité d’une réconciliation nationale dans la dignité.

Enfin, les ambassadeurs Peter W. Galbraith et Leslie Gelb énoncent dans le Los Angeles Times la position du Council on Foreign Relations sur l’avenir de l’Irak : il faut empêcher une victoire électorale des partis khomeinystes et amorcer la partition du pays. Pratiquement, cela signifie qu’il faut repousser aux calendes grecques des élections générales et, au contraire, organiser des élections locales. Sans rire, les deux auteurs présentent la non-tenue d’élections générales comme un refus de voir triompher l’ethnisme, tandis qu’ils présentent l’organisation de la partition comme une mesure réaliste compte tenu des différences ethniques.