Provoquer une guerre contre l’Iran

Seymour Hersh parle dans le New Yorker du 7 juillet d’une augmentation dramatique des opérations clandestines dirigées par l’Armée et les services secrets contre l’Iran depuis la fin de l’année dernière. D’après Hersh, le président Bush a demandé au congrès des moyens financiers de 400 millions de dollars pour le financement d’opérations clandestines militaires et des services secrets. Ces opérations étaient décrites dans un décret présidentiel qui a été présenté au congrès à la signature.

Premier but : la déstabilisation des dirigeants religieux en Iran

Le but de cette opération serait la déstabilisation des dirigeants religieux en Iran. Pour cela les arabes Ahwazi – une minorité en Iran – et les Baloutches ainsi que d’autres groupes dissidents devraient être excités et instrumentalisés. Des opérations clandestines contre l’Iran ne sont rien de nouveau, depuis l’année dernière dans la région frontalière de l’Irak du Sud des membres du commando Al-Quds, la branche armée des gardes révolutionnaires, sont kidnappés et emmenés en Iraq pour être interrogés. La poursuite et l’homicide ciblé dans un « but de qualité » dans « la lutte contre le terrorisme » font aussi partie de ses opérations clandestines.

Des opérations secrètes

La dimension et la portée de ces opérations en Iran se sont étendues de manière révélatrice. Impliqués sont le CIA et le JSOC (Joint Special Operations Command). Le JSOC est responsable de l’engagement secret des Task Forces militaires qui opèrent maintenant en Iran. Beaucoup de ces opérations sont déclarés opérations militaires clandestines, qui selon le gouvernement Bush n’ont pas besoin du soutien du congrès, parce que le président a le droit constitutionnel de conduire des troupes de combat sans laval du congrès. Le gouvernement Bush essaie donc d’effacer les frontières entre des actions de services secrets, qui ont besoin de l’appui du congrès, et des actions militaires.

Des actes de violence ont augmenté précipitamment

Ces derniers mois, les actes de violence ont augmenté d’une manière accélérée en Iran. Des incidents lors desquels des membres des gardes révolutionnaires sont tués arrivent presque chaque jour. Pour les médias iraniens, les États-Unis, la Grande-Bretagne sont ceux qui en tirent les ficelles. Les armes employées et le matériel de communication portent la marque des USA.

Réserves dans l’entourage des services secrets

Des membres des services secrets et des ­Special Forces formulent des réserves quant à l’emploi des mêmes moyens comme par exemple en Waziristan dans la région frontalière de l’Afghanistan. NSA, CIA et DIA y opèrent, ensemble avec les services secrets pakistanais afin de surveiller des maisons de membres des Talibans et les marquer comme cible. Si la personne ciblée entre dans cette maison, des roquettes sont tirées sur ce but. Plusieurs chefs des Talibans ont été tués ainsi.

Selon Hersh un conseiller du Pentagone a déclaré : « Nous avons atteint des résultats extraordinaires dans la Corne d’Afrique avec nos intermédiaires (surrogates) et nos opérations « False flag ». Et nous les appliquons aussi en Afghanistan. Mais la Maison-Blanche va anéantir le programme, si elle l’applique contre l’Iran. La Maison-Blanche croit que la même manière d’agir fonctionne partout. Mais les questions juridiques en ce qui concerne les homicides hors la loi en Waziristan sont un moindre problème parce qu’al-Qaida et les Talibans, poursuivis par les troupes des États-Unis et de l’OTAN, traversent de façon répétée la frontière de l’Afghanistan. La situation en Iran est beaucoup moins claire. Toutes les questions, soient elles juridiques, stratégiques ou politiques se posent différemment en Iran. »

Cheney veut mettre en scène le « Casus belli » …

Hersh mentionne dans une interview qu’il y a eu une rencontre dans le bureau du vice-président, Dick Cheney. A cette occasion divers scénarios auraient été discutés, afin de créer un incident, qui pourrait servir de « casus belli ». Entre autres on a réfléchi à construire quatre ou cinq « Patrol Torpedo boats » (PT boats) iraniens et de les doter de Navy Seals. Au prochain passage d’un navire de guerre US dans le détroit d’Ormuz, ces bateaux « reconstruits » auraient lancé une attaque contre le navire de guerre. En fin de compte la proposition a été rejetée parce que des États-uniens auraient tué d’autres États-uniens.

… semblable à la guerre contre l’Irak

Cette histoire nous paraît familière. Quelque chose de semblable arriva dans la guerre contre l’Irak, lorsque Bush admit dans un entretien avec Tony Blair, qu’il était invraisemblable de trouver des armes de destruction massive en Irak. Il cherchait alors d’autres possibilités de justification d’une guerre : « Les États-Unis ont songé à employer des avions de reconnaissance américains sous la protection d’avions de combat, peints aux couleurs de l’ONU en Irak. Si Saddam avait fait tirer dessus, il aurait violé le droit international et le motif d’une guerre aurait été fourni. »
Cette idée a été attribuée au président Bush. Finalement cette idée n’a pas été réalisée. Les États-Unis n’estimait pas nécessaire de fournir un prétexte quelconque.