Tandis que l’administration Bush examine les options face à la menace nucléaire iranienne, il faut que Washington prête attention à un changement discret dans le pouvoir iranien : la montée en puissance de l’armée face aux religieux.
La prise de contrôle progressive des rouages du pouvoir iranien par le corps des Gardiens de la révolution a de lourdes implications pour l’Iran et la politique américaine dans ce pays. Ce corps fut formé en mai 1979 par de jeunes fanatiques, partisans de Khomeini, pour lutter contre les milices gauchistes. Il a évolué et a été intégré à l’armée durant la guerre contre l’Irak. Bien financé, c’est ce corps d’armée qui supervise le programme nucléaire. Aujourd’hui, il comprend 150 000 soldats (le tiers des forces armées iraniennes). Cette armée est dirigée par des conservateurs. Depuis 1997, la direction de la Garde a gagné en influence dans les domaines de politique étrangère, de planning politique et sur l’économie. Elle domine le ministère de la Défense et elle est responsables de la sécurité des principaux religieux. Plus du tiers des parlementaires sont d’anciens membres de cette Garde.
L’élément le plus important pour les États-Unis, c’est qu’elle a les clés de la dispute nucléaire. Elle a la main sur ce programme et elle ne veut pas une augmentation de la force conventionnelle iranienne de peur d’être débordée, elle voit donc l’arme nucléaire comme son seul moyen de survie tout en projetant son pouvoir dans la région. Si on ne fait que menacer l’Iran, on renforce ce groupe, il faut donc une approche plus proche de celle des Européens. La Garde a des intérêts économiques importants sur lesquels il est possible de jouer. Il faut aussi exploiter les divisions politiques entre religieux et militaires.

Source
International Herald Tribune (France)
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« Behind the militant imams, the militant guards », par Vali Nasr et Ali Gheissari, International Herald Tribune, 14 décembre 2004.