La nuit du 13 et 14 septembre 2003, les troupes britanniques ont arrêté puis détenu Baha Moussa et huit de ses collègues dans un hôtel de Bassora. Pendant trois jours, il a été, selon les témoins, humilié, battu et torturé à mort. Un autre des hommes arrêtés connaît des problèmes rénaux graves depuis sa détention et tous ont subis des abus. Hier, la haute cour de Londres a reconnu la violation commise par les troupes britanniques contre les droits de ces détenus au regard de la Convention européenne des Droits de l’homme.
Il faut maintenant une enquête approfondie sur les évènements et sur les cas de tortures en Irak. On ne peut attribuer cela à des " soldats voyous ", car des officiers étaient impliqués et que les techniques employées ressemblent fortement à celle de Guantanamo, Abu Ghraib ou Mossoul. Il ne peut y avoir de condamnation tant que les responsabilités de chacun ne sont pas clairement établies ; l’enquête est donc importante. En outre, les militaires semblent décidés à s’absoudre eux-mêmes. Il faut savoir pourtant si nous avons une politique de torture et si le ministre de la Défense le savait.
Notre affaire a été gagnée devant la Haute cour car les accusés avaient la responsabilité personnelle des détenus et que la Convention européenne des Droits de l’homme s’applique à eux. Nous voulons désormais faire valoir que cette convention doit s’appliquer sur tout territoire sous contrôle d’un pays européen et pas seulement en Europe. Si nous y parvenons, cela changera l’avenir des conflits ; si nous échouons, Londres pourra construire son Guantanamo.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« We can hold our military to account », par Phil Shiner, Guardian, 15 décembre 2004.