Bertolt Brecht, dans son fameux poème La Solution en 1953, se moquait de la répression de la révolte du peuple est-allemand à Berlin en se demandant si le gouvernement ne devrait pas dissoudre le peuple pour en élire un nouveau. Cette moquerie illustre le problème actuel en Irak : imposer une solution ne fonctionne pas.
Les problèmes politiques irakiens doivent être résolus par les Irakiens. Les élections de janvier sont un début mais cela ne règlera pas tout par magie. Pour avoir un espoir véritable, il faut attendre la rédaction d’une constitution.
Le processus de rédaction de la constitution fournirait un indice sur la viabilité de l’Irak en tant qu’État. Il faut une constitution sérieuse et robuste qui bénéficiera d’un soutien dans les différents groupes en Irak, tout en respectant les droits de tous. Il faut pour cela qu’elle soit rédigée par des citoyens élus. Il faut également laisser aux Irakiens un choix libre de la façon dont leur État sera structuré. Aucun pays ne doit empêcher un parti de faire valoir son point de vue. Il faudra que les débats constitutionnels soient publics afin que les Irakiens puissent s’approprier les débats. Il faut enfin que les débats ne soient plus considérés comme des risques d’éclatement mais comme des chances d’apporter la paix, de même que les débats l’ont apportée en Afrique du Sud, en Albanie ou en Afghanistan.
Il n’y a pas de formule magique pour régler la division irakienne, mais le système de fédération défendu par les chiites pourrait contenter tout le monde. Il faut par contre laisser le temps pour que cette constitution soit rédigée.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Creating a Constitution for and by Iraqis », par Jonathan Morrow, Los Angeles Times, 14 décembre 2004.