La veille de Noël 2004, les Russes ont testé avec succès leur missile SS-27 Topol-M. Ce test d’un missile intercontinental a probablement invalidé tous les présupposés sur lesquels se fondent la technologie utilisée pour la défense anti-missile nationale et remet en cause la validité de l’approche de l’administration Bush sur le désarmement et la lutte contre la prolifération.
Entre 1988 et 1990, j’ai été inspecteur en armement en Russie et j’ai pu observer le SS-25. Les informations que nous avons collecté étaient transmises aux services de renseignement. Elles ont permis de mettre au point des technologies anti-missiles. En 1991, l’incapacité des États-Unis a arrêter les SCUD irakiens de Saddam Hussein a montré que malgré leur suprématie aérienne, ils étaient incapable d’intercepter des missiles tirés depuis des rampes de lancement mobiles. Cependant, dans le même temps, l’URSS s’effondrait et sa capacité balistique déclinait.
Quand l’administration Bush arriva au pouvoir, le programme anti-missile fut relancé en s’appuyant sur le système des SS-25 et en l’organisant autour de pointage laser spatial permettant de diriger des missiles anti-missiles. Cela devait permettre d’abattre les missiles en vol. Ce programme devrait coûter entre 800 et 1200 milliards de dollars d’ici 2015. Malheureusement, le SS-27 russe n’a pas les mêmes caractéristiques que le SS-25 et il échappe totalement au système mis en place. Le temps que les États-Unis s’adaptent, les Russes auront un nouveau système plus perfectionné.
Le problème est que l’administration Bush faisait confiance à son système et a, de ce fait, négligé la diplomatie. Il faut faire marche arrière et abandonner ce système.

Source
Christian Science Monitor (États-Unis)

« Rude awakening to missile-defense dream », par Scott Ritter, Christian Science Monitor, 4 janvier 2005.