Albert Einstein a un jour dit que la folie consistait à faire et refaire sans cesse la même chose en pensant obtenir des résultats différents. Voilà ce à quoi nous devrions réfléchir au moment des élections palestiniennes.
Israël doit faire son possible pour permettre aux Palestiniens de voter, mais nous ne devons pas croire pour autant que ces élections sont démocratiques car cela ne peut avoir lieu que dans une société où l’on peut exprimer librement ses opinions. Les observateurs internationaux déclareront sans doute qu’il n’y a pas eu de fraudes, pas plus qu’il n’y avait de fraudes dans les élections en URSS, il n’y avait qu’un seul parti. George W. Bush l’a bien noté en affirmant que cette élection ne signifiait pas l’arrivée de la démocratie mais le début d’un processus. Ce processus ne sera un succès que si nous avons appris des erreurs du passé.
Oslo a échoué car on ne s’était pas préoccupé de la façon dont Yasser Arafat dirigeait son peuple. Rabin pensait qu’un manque de démocratie serait un atout pour combattre le terrorisme alors qu’au contraire ce type de régime a besoin d’un ennemi pour perdurer. La nouvelle direction palestinienne devra démocratiser la société palestinienne, laisser la parole à ses opposants et promouvoir une éducation ouverte et tolérante. Malheureusement, les politiciens et diplomates semblent moins préoccupés par cet aspect que par le soutien aux « modérés » pour combattre les extrémistes. Arafat avait profité de ce positionnement et Abu Mazen pourrait prendre la même voie.
George W. Bush a compris que la démocratisation de l’Autorité palestinienne était un impératif, mais je suis moins confiant en ce qui concerne la capacité du gouvernement israélien à saisir cette opportunité.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« What goes on ’over there’ », par Natan Sharansky, Ha’aretz, 7 janvier 2004.