Les faucons, Franck Gaffney en tête, s’inquiètent de la baisse des crédits militaires annoncée par l’administration Bush. Lawrence J. Korb s’amuse de ces réactions pour ce qui n’est selon lui qu’un tour de passe-passe comptable. En effet, les baisses annoncées sont avant tout des déplacements de dépenses qui ne présagent en rien d’économies réelles.
Les premières discussions budgétaires de la seconde administration Bush ne font pas que des heureux chez les faucons qui craignent que le budget états-unien de la Défense n’ait à souffrir des efforts de réduction des déficits publics abyssaux qu’ont causé la conquête de l’Irak et la politique fiscale de l’administration Bush. Dans le Washington Times, le coordinateur des faucons, Franck Gaffney, dénonce la décision de diminuer les dépenses militaires de 55 milliards sur six ans et y voit l’application du programme de John Kerry (qui avait pourtant promis d’accroître le nombre de troupes). En outre, pour la chercheuse Cindy Williams, dans le New York Times, une diminution des budgets de certains programmes militaires ne va pas réduire le budget du département de la Défense dans son ensemble puisque celui-ci s’est vu imposer par le Congrès un certain nombre de mesures pour les vétérans qui vont lui coûter énormément. Soucieuse que l’argent aille prioritairement au matériel militaire et aux forces combattantes, elle demande que les mesures sociales soient abrogées.
Toutefois, dans le même quotidien, l’ancien secrétaire adjoint à la Défense de Ronald Reagan, Lawrence J. Korb, s’amuse de ces réactions pour ce qui n’est selon lui qu’un tour de passe-passe comptable. En effet, les baisses annoncées sont avant tout des transferts de budgets de l’Air Force et de la Navy vers l’US Army, des reports de dépenses à des dates ultérieures et des diminutions de commande de matériel liées au dépassement de coût de production qui ne présagent en rien d’économies réelles. Il note que le Pentagone engloutira 2 500 milliards de dollars pendant la période « d’économie » de six ans et ce sans même compter le coût de la guerre d’Irak. L’économie de 55 milliards de dollars sur six ans ne représente donc qu’une diminution de 2 % du budget total, si tant est que cette coupe budgétaire existe réellement.
L’appareil de prédation économique qu’est devenue l’armée états-unienne ne risque donc pas d’en souffrir beaucoup.
Toutefois, malgré son budget délirant, l’armée ne parvient pas à remplir les objectifs assignés et à garder l’Irak sous contrôle. Ce n’est pas la promesse d’Iyad Allaoui de consacrer 11 % du budget de la colonie irakienne à la « Défense » (c’est à dire à la contre-insurrection) qui y changera quoi que ce soit. C’est ce que constate Robert Malley et Peter Harling, de l’International Crisis Group, dans l’International Herald Tribune. Ils estiment que les forces de la Coalition et le gouvernement qu’ils ont installé ne pourront jamais régler le problème en Irak car ils sont une part du problème. La seule façon de finir la guerre en Irak est donc d’accorder une indépendance plus large à ce pays et de jouer l’apaisement avec les insurgés. L’enlisement en Irak est un poids pour l’armée états-unienne et l’empêche d’intervenir sur d’autres théâtres d’opération comme l’auraient souhaité les faucons à Washington. À ce titre, les sénateurs états-uniens Jon S. Corzine et Sam Brownback, co-rédacteurs de la résolution parlementaire présentant les évènements au Darfour comme un génocide, expriment leur impatience et demandent un soutien aux forces de l’Union africaine et une résolution condamnant Khartoum au Conseil de sécurité, faute de mieux.
Si l’armée états-unienne a vécu une mauvaise année en 2004, il n’en va pas de même de la machine d’influence non-militaire qui a enregistré de grands succès dans les ex-Républiques soviétiques, autre priorité de Washington avec le Proche-Orient. Grande bénéficiaire de cette politique, la milliardaire Yuliya Tymoshenko, éminence grise de Victor Yushchenko, tente de rassurer l’opinion publique russe sur ses intentions dans le Moscow Times. Non, l’Ukraine n’a pas choisi l’Europe contre la Russie et non la « révolution orange » n’est pas une manipulation états-unienne pour poursuivre l’encerclement de la Russie. Elle rappelle les liens qui unissent les deux pays et n’hésite pas à comparer, sans rire, la lutte contre les oligarques menée par Vladimir Poutine à la politique que s’apprête à conduire Victor Yushchenko. Amusant, quand on pense que Mme Tymoshenko a un temps incarné le pillage de l’État pour les Ukrainiens. Il n’est pas certain que les Russes à qui elle assurait en août dernier qu’une nouvelle « révolution des roses » n’était pas à l’ordre du jour en Ukraine soient convaincus par ces nouvelles affirmations. Malgré ces propos rassurants, la Russie est bien en ligne de mire et les organisations qui se sont illustrées dans la « révolution orange » se préparent pour 2008. Dans ce cadre, Mikhail Khodorkovsky rédige une tribune depuis sa prison, publiée en russe dans Vedomosti et dont l’International Herald Tribune reprend de larges extraits. Revenant sur la banqueroute de Yukos, il dénonce la politique du Kremlin et l’aveuglement de ses dirigeants tout en se donnant une image de sage emprisonné ayant appris dans le dénuement le vrai sens de la vie et plaignant ses bourreaux. Une façon de se positionner pour l’avenir ?
Enfin, suite à la disparition en Irak de la journaliste française Florence Aubenas et de son assistant Hussein Hanoun, un collectif de journalistes arabes dirigé par la tunisienne Sihem Bensedrine se mobilise en sa faveur dans Le Monde et exprime son souhait de la voir revenir en bonne santé.
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