Le tribunal administratif de Paris a suspendu la décision du ministre de la Défense de licencier le professeur Aymeric Chauprde des diverses institutions militaires où il enseignait.

Le ministre avait décidé de se séparer du célèbre géopoliticien parce que celui-ci avait inclus dans son dernier ouvrage quelques pages présentant les deux théories explicatives des attentats du 11 septembre 2001. Pour M. Chauprade l’honnêteté intellectuelle obligeait à relater les deux points de vue, d’autant que celui du « mouvement pour la vérité » est aujourd’hui soutenu aux États-Unis par de nombreux officiers supérieurs et qu’il est revendiqué aussi bien par l’état-major russe que par l’état-major chinois.
Mais pour le ministre et pour l’OTAN, toute remise en question de la version bushienne des événements revient à remettre en question la légitimité de l’intervention en Afghanistan. Et, effectivement, les représentants russe et chinois au Conseil de sécurité de l’ONU la considèrent comme illégale au regard du droit international.

Le tribunal administratif, qui se prononçait sur la cas personnel de M. Chauprade, a fondé sa décision sur le caractère arbitraire du licenciement en l’absence de procédure contradictoire établissant la faute professionnelle. Cependant, la décision du ministre pose une question plus vaste : que doit-on enseigner aux militaires français : doivent-ils être informés que leurs collègues, majoritaires dans les pays hors OTAN, n’ont pas la même vision du monde que celle qui prévaut dans l’Alliance atlantique ? Doivent-ils être informés qu’ils risquent un jour d’avoir à répondre de l’engagement militaire français en Afghanistan devant la Cour pénale internationale ?