Après la mort de Yasser Arafat, l’ancien ministre des Affaires étrangères français Hubert Védrine avait estimé que cet évènement offrait une opportunité d’aboutir à une relance des négociations israélo-palestiniennes, non pas parce que Yasser Arafat aurait été un obstacle aux négociations, mais parce qu’Israël venait de perdre l’excuse qui lui permettait de ne pas les reprendre. En effet, Tel-Aviv avait réalisé tant d’efforts pour discréditer Yasser Arafat depuis l’échec des négociations de Camp David II que sa mort laisse un grand vide dans la propagande israélienne. Un vide que les ultras s’efforcent de combler en reprenant une partie des accusations qui avaient été utilisées contre Arafat, cette fois contre son successeur Mahmoud Abbas.
Dans le Los Angeles Times, le chroniqueur néo-conservateur Max Boot estime ainsi que Mahmoud Abbas est au mieux un dirigeant voulant la paix mais étant incapable d’y parvenir, au pire un extrémiste voulant la destruction d’Israël. Il recommande donc qu’Israël poursuive sa guerre contre la population palestinienne qui est parvenue à mettre un terme aux attentats suicide. Dans le New York Sun et le Jerusalem Post, Daniel Pipes va plus loin et présente Abbas comme un dirigeant pire qu’Arafat car il associerait la rouerie au fanatisme. Avec sa retenue et son sens de la mesure habituels, l’auteur se livre à l’un de ses exercices favoris : la comparaison historique. Mahmoud Abbas est ainsi comparé au Joseph Staline de 1930 cherchant à améliorer son image avant de frapper en 1939, une fois qu’il a pu accumuler suffisamment de forces.
Pour les partisans d’une reprise des négociations, au contraire, Mahmoud Abbas est l’homme de la situation mais il a besoin d’aide. Aaron David Miller, président de l’organisation Seeds of Peace, estime dans International Herald Tribune que si la volonté d’Abbas à faire la paix n’est pas à démontrer, il fait face à un déficit de légitimité et d’une impossibilité de mettre un terme à la violence qui ne seront résolus que s’il peut se prévaloir d’avancées politiques et économiques convaincantes pour les Palestiniens, des avancées qui ne dépendent pas de lui mais de l’aide apportée par les États-Unis. Dans le Washington Post, Yossi Beilin fait le même constat tout en ajoutant aux demandes une aide financière de l’Union européenne. Il demande également qu’Ariel Sharon mette fin à sa politique de répression et d’assassinat, et qu’il négocie avec les Palestiniens le retrait de Gaza.
Depuis la publication de ces tribunes, Ariel Sharon a pris prétexte d’une attaque des Palestiniens pour rompre les relations avec Mahmoud Abbas et a donné carte blanche à Tsahal pour écraser les populations arabes malgré les appels de l’OLP à arrêter toute violence côté palestinien.

Comme nous l’avons expliqué à nos lecteurs, le déploiement des forces états-uniennes après le tsunami dans l’Océan indien, officiellement pour un motif humanitaire, est l’occasion d’organiser l’occupation de zones stratégiques et de reprendre les combats à Aceh en Indonésie. Les combats à Aceh sont largement ignorés par les médias grand public qui se concentrent exclusivement sur la situation humanitaire. Les dirigeants états-uniens et indonésiens continuent d’entretenir l’illusion.
Dans une tribune diffusée par le département d’État, les sites des ambassades US du monde entier et repris par de nombreux journaux asiatiques, George W. Bush s’efforce de donner une image idyllique de l’aide humanitaire de son pays. Le déploiement de bâtiments de la Navy au large des côtes indonésiennes ne serait selon lui qu’un moyen de distribuer l’aide aux régions isolées. De son côté, Hassan Wirajuda, ministre indonésien des Affaires étrangères, affirme dans une interview au Figaro qu’il n’y a pas de combats à Aceh, que les mouvements séparatistes sont très minoritaires mais qu’il faut faire attention à ce qu’ils ne tentent pas de s’emparer de l’aide humanitaire. On ne trouve dans ces propos aucune référence aux combats pourtant confirmés par des responsables de l’armée indonésienne.

Enfin, l’ancien ministre britannique Robin Cook demande dans The Guardian le départ des troupes britanniques d’Irak après le 30 janvier. D’une manière générale, c’est le lien entre Tony Blair et l’administration Bush qu’il remet en cause, avant de demander au Premier ministre britannique de cesser d’être le relais de cette administration en Europe.