W. Bush aime se désigner comme un « président de guerre », mais alors qu’il va s’engager dans un second mandat, il se trouve dans une situation à laquelle aucun président n’a jamais été confronté. Seulement trois présidents avant lui ont entamé un second mandat alors que le pays était en guerre : Lincoln, Roosevelt et Nixon. Les deux premiers ont pu commencer leur second mandat en se concentrant sur la paix qui viendrait après une guerre finissante qu’ils savaient avoir gagné. Nixon devait quant à lui chercher un accord pour désengager les États-Unis d’une guerre commencée par ses prédécesseurs et qui était déjà perdue. Quand le 43ième président des États-Unis prêtera serment, il saura que l’Histoire le jugera sur la façon dont il dirigera ce qu’il a appelé la « guerre au terrorisme globale » et comment il va désengager les États-Unis d’Irak. Étant entré dans un territoire sans carte, Bush doit démontrer la flexibilité et l’imagination nécessaire pour construire les alliances nécessaires dans un conflit qui durera sûrement plus longtemps que sa présidence.
Difficile de prédire ce qui va se passer et l’image que l’Histoire gardera de notre président. L’expression « président de guerre » se retournera sans aucun doute contre lui si les États-Unis sont frappés par une nouvelle attaque, si les terroristes se développent et menacent nos intérêts au Moyen-Orient ou si l’Irak devenait un pays ennemi. Par le passé, Bush a utilisé les discours présidentiels pour rallier le pays, mais il n’a pas tenu ses promesses sur le long terme. Il a identifié le mauvais ennemi (le terrorisme plutôt que les « terroristes radicaux islamistes ») est tombé dans la rhétorique du bien et du mal et n’a pas mobilisé la population pour la préparer à faire des sacrifices. Il n’est pas parvenu à lancer des actions bipartisanes et n’accepte pas de reconnaître ses erreurs.
La situation la plus proche de celle vécue par Bush est celle d’Harry Truman. Il avait profité de son discours inaugural pour désigner l’ennemi, c’est ce que Bush doit faire également. Il doit en profiter pour réaffirmer les valeurs américaines et présenter notre stratégie pour l’avenir car il doit comprendre que sa présidence sera « fondatrice ». Il doit prendre des mesures engageant les États-Unis sur le long terme. À ce titre, les nouvelles nominations vont dans le bon sens.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Four More (War) Years », par Richard Kohn, Washington Post, 16 janvier 2005.
« The war president on trial », The Age, 20 janvier 2005.