Alors que la presse ressasse encore le discours de George W. Bush lors de son investiture, les Irakiens se préparent à une élection. Voici la promesse de George W. Bush au monde : la démocratie au bout du fusil. Pas la peine de bien connaître l’Histoire pour savoir qu’il est peu probable que cela fonctionne. La démocratie n’était pas le but originel de notre invasion de l’Irak, mais elle l’est devenue après que l’excuse des armes de destruction massive et des liens avec Al Qaïda aient fait long feu.
Toutefois, la démocratie n’est que difficilement imposable par les armes. Les démocraties ne se sont pas installées dans les colonies des pays occidentaux. Ce n’est pas étonnant, une démocratie se fonde grâce aux efforts de démocrates motivés. Il faut également que la loi et la sécurité soient installées (sans quoi la population préfère des hommes forts). Dans la plus grande partie de l’Irak, la violence empêche toute démocratie et même si, par définition, l’administration Bush déclarera que l’élection est un succès, une élection n’a jamais fait une démocratie.
Le meilleur espoir qu’on puisse avoir avec cette élection est qu’elle amène au pouvoir un gouvernement qui obtiendra une légitimité auprès des Irakiens en demandant aux troupes états-uniennes de partir. Le problème est qu’un départ de nos troupes risque de causer une guerre civile, toutefois, chaque jour que nous passons en Irak augmente ce risque.
Compte tenu de notre passé, le monde musulman ne peut pas croire aux déclarations de Bush sur la démocratie, et ce d’autant plus que Bush est en train de saper la démocratie aux États-Unis en créant deux sociétés : une de privilégiés et une de ceux qui doivent se battre pour subsister. La démocratie au bout du fusil n’est qu’une tromperie.

Source
El Periodico (Espagne)

« Democracia a punta de pistola », par Jesse Jackson, El Periodico, 27 janvier 2005.