La Coalition, engagée depuis novembre 2001 dans « le cimetières des empires », l’Afghanistan [1], doit faire face à une aggravation de sa situation depuis 2005, avec des pertes civiles et militaires en constante augmentation, une islamisation rampante, et des violences qui sont le fait d’insurgés en tous genres, de Taliban, de seigneurs de la guerre récalcitrants, de trafiquants, de séparatistes ethniques ou encore de simples bandits. La guerre s’est précocement propagée vers le Pakistan (on parle de la guerre AfgPak), d’où elle était en fait partie. Ce pays oscille entre une collaboration mesurée et parfois contrainte avec la Coalition, et une volonté de ménager les Taliban, pour préserver un équilibre politique intérieur fragile. Ces derniers mois, la progression des « étudiants » les approche de la capitale, Islamabad.

Le Pakistan, État artificiel à majorité musulmane sunnite, fondé le 14 août 1947, sur la base d’une fédération de régions autonomes, possède théoriquement la bombe atomique depuis 1987 environ, mais ne l’a testée semble t-il pour la première fois qu’à l’été 1998 ; cette date étant considérée aujourd’hui comme celle du statut nucléaire du pays. Il détiendrait actuellement entre 20 et 100 têtes nucléaires, les études étant divergentes. Le pays n’a pas signé le Traité de non-prolifération (TNP,) le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE), ni le Code de conduite de la Haye sur la prolifération balistique. En outre, plusieurs rapports concordants en 1996 [2] évoquent l’existence d’un programme biologique, axé sur l’anthrax, bien que la Convention sur les armes chimiques (CAC) et celle sur les armes bactériologiques (CAB) aient été signées et ratifiées. Sa présence fut une conséquence de leur emploi par les Soviétiques en Afghanistan.

Zulfikar Ali Bhutto (1928-1979).

Aujourd’hui les médias entretiennent la peur que cet arsenal tombe entre les mains de « terroristes », qui pourraient ainsi l’employer ou menacer de le faire contre « l’Occident », Israël, leurs alliés, ou contre l’ennemi indien. Or, beaucoup de questions se posent à propos de ce mystérieux réseau Khan, accusé d’être à l’origine de tous les maux de la prolifération et de cette « bombe islamique », selon l’expression du Président Zulfikar Ali Bhutto (1972-1977). On peut douter que le Pakistan ait réellement poursuivi ses recherches à l’insu des grandes puissances et que son arsenal échappe effectivement à leur contrôle. Pour savoir ce qu’il en est, un retour historique sur le programme nucléaire pakistanais est nécessaire.

Un programme pas si « clandestin »

Une initiative sino-occidentale

Le programme nucléaire débute dans les années 1970, officiellement en réaction à la guerre contre l’Inde de 1971 et à son test atomique de 1974. À cette époque, l’Inde est un « pays ami » de l’Union soviétique alors que le Pakistan, bien que non-aligné, « choisit »par réaction le camp états-unien. Aussi, Islamabad se lance dans un programme atomique concurrent de celui de son voisin avec la bienveillance des États-Unis. Sa bombe est appelée à jouer un rôle dans le containement de l’influence soviétique qui, après l’invasion de l’Afghanistan en 1979, menacerait le Pakistan. Washington et Pékin co-organisent cette prolifération (notamment après la visite de Nixon en Chine, en février 1972). Pékin, bien que réticent à livrer son savoir-faire, aide le « Pays des purs » en lui fournissant de la technologie et des missiles rudimentaires via la China National Nuclear Corporation. Depuis les années 60 en effet, la République populaire de Chine se dissocie du Grand frère soviétique, sous couvert de divergences idéologiques, pour se doter de sa propre politique étrangère. Si bien que sur beaucoup de points, Chinois et Occidentaux s’accordent. Dans cette perspective, Pékin et Islamabad s’allient sur la question du Cachemire, que les deux pays revendiquent en partie contre l’Inde.. Les bombes indiennes, chinoises et pakistanaises, devaient permettre donc un équilibre dans la région.

Time qualifie le docteur Khan comme de « marchant de menace ».

Le père de la bombe est le docteur Abdul Qadeer Khan. Celui qui est présenté aujourd’hui par les médias occidentaux comme un dangereux savant fou, est un ingénieur, formé en 1976 à Almelo (groupe Urenco), dans les laboratoires de dynamique physique FDO, aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne. Le réacteur de Kahuta, premier noyau du programme, est construit en 1979 avec la Chine et la France, et mis en service en 1984. Des médias véhiculent l’idée selon laquelle les plans d’Almelo (qui servirent à ériger Kahuta) furent volés par Khan, alors qu’en réalité Urenco les a livré secrètement avec l’approbation des États-Unis [3]. À partir de l’arrivée des Soviétiques à Kaboul, les États-Unis délèguent à la Chine le transfert des plans d’armes nucléaires au Pakistan pour protéger le pays. Mais en 1983, la tractation est dénoncée par le Washington Post et en 1985, par le sénateur Alan Cranston. Ainsi donc, il est probable que le Pakistan possède à cette date la bombe nucléaire, mais pas sa propre bombe.

Israël, pour légitimer ses « projets » nucléaires, dénonce le danger pakistanais, en alternance avec ceux de l’Irak et de la Libye, alors que très vite, les deux pays tisseront par alliés interposés (USA et Arabie Saoudite) des rapports secrets d’intérêts [4]. La notion de « bombe islamique » est alors instrumentée ; ce qui agace le Pakistan pour qui cette expression mêle deux concepts, l’un religieux, l’autre politico-stratégique, avec une connotation péjorative : le Pakistan ne serait pas un État de droit, mais un nid de terroristes. C’est à ce moment qu’apparaît l’idée que des activistes pourraient voler ou simplement employer ces bombes. Abdul Sattar, ministre des Affaires étrangères du Pakistan, rappelle que dans les années 1970, Zulfikar Ali Bhutto soulignait que les bombes atomiques occidentales n’étaient pas des « bombes chrétiennes », ni les israéliennes des « bombes juives ».

Le Pakistan acquiert ensuite la capacité d’enrichir l’uranium par ultracentrifugation à Dera Ghaza Khan. L’Arabie Saoudite et la Libye participent au financement de cette étape : Tripoli pour son propre programme (sans l’aval des USA semble-t-il), et Ryad par ordre des USA. Pour la Chine et la France en revanche, les deux principaux fournisseurs, ce sont des devises supplémentaires. Washington fait pression sur Paris, en 1976, contre la vente d’une installation de retraitement, soumise au contrôle de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). En fait, la France aurait fournit la technologie atomique sur ordre des USA, mais aurait pris certaines initiatives. Quoi qu’il en soit, la France suspend son contrat mais fournit une usine d’extraction de plutonium [5]. Après le coup d’État contre le président Bhutto en 1977, le général Zia ul Haq (1977-1988) reçoit une aide de Washington plus conséquente. Elle, passe de 5 millions à 10, puis à 35 millions, puis à 1 milliard de dollars, pour cette most favored nation, un de ses « meilleurs alliés hors OTAN ». En 1986, le pays commence à produire de l’UHE.
On prétend souvent que la livraison de missiles stingers aux rebelles afghans poussa les Soviétiques à se retirer d’Afghanistan. C’est exagéré. Si ce point explique l’enlisement de l’Armée rouge, il ne justifie pas sa retraite. Selon le directeur adjoint de la CIA, Richard Kerr, c’est parce que le Pakistan obtint sa première arme nucléaire en 1987 que l’URSS, soucieuse d’éviter une crise majeure, décida de se retirer progressivement d‘Afghanistan [6].
Le Pakistan achète à la Chine, le 31 décembre 1990, un puissant réacteur nucléaire de 300 mégawatts dont certains éléments proviennent des États-Unis, du Japon, de la France, de l’Allemagne et de l’Italie. On parle de l’achat de trois autres réacteurs et de 5 000 aimants spéciaux.

En 1988, le président Ghulam Ishaq Khan et la Premier ministre Benazir Buttho prennent les rennes d’un pays devenu inutile dans une Guerre froide finissante. Dans la foulée, en 1990, la subvention US de 574 millions de dollars annuels est interrompue.
Mais la crainte de voir l’arsenal du Pakistan passé du défensif à l’offensif et la fuite de technologie vers la Chine et des « États voyous » suscitent bientôt l’inquiétude de Washington. Le 6 janvier, le sénateur républicain Larry Pressler, annonce que le Pakistan possède l’arme et sous-entend qu’Islamabad coopère avec Téhéran au vu des séjours de Khan dans ce pays. George H. Bush dénonce soudain la « bombe islamique », qu’il avait jusque là éludée. Accusée de corruption, Benazir Buttho est renversée au profit de Nawaz Sharif, plus proche des militaires. Le centre de recherches de Karachi est modernisé et celui de Kahuta est désormais capable de produire de l’uranium enrichi. La CIA dénonce mais laisse faire, chargeant plusieurs services de renseignement occidentaux, dont le BVD néerlandais (une preuve de la piste Almelo !), de surveiller que le programme ne devienne incontrôlable et trop ambitieux.
En 1993, Washington favorise le retour de Benazir Bhutto au pouvoir après qu’elle eut accepté de soutenir en Afghanistan les forces pachtounes (les Taliban) contre les forces tadjiks (celles du commandant Massoud). Bill Clinton presse cependant le président Farouq Leghari de signer le TNP mais ce dernier refuse.
En 1996, Mme Bhutto est à nouveau destituée pour corruption et remplacée par son éternel rival Nawaz Sharif. Il semblerait que celui-ci ait accepté que le Pakistant ne produise plus de matières à usage nucléaire.

1998 : Les essais officiels d’une puissance prétendument non-nucléaire

Le Dr Samar Mobarik Mand, chef du programme nucléaire effectue ses premiers essais nucléaires le 28 et le 30 mai 1998, en réponse aux essais indiens. Ces tests, au nombre de cinq, sont de 30 à 45 kilotonnes, celui du 30 mai de 15 à 18 kilotonnes [7]. Les charges sont faibles, mais Mand prétend que le pays peut effectuer des tests thermonucléaires. Le Premier ministre pakistanais triomphe : « Nous avons égalé l’Inde. C’est un jour béni d’une importance historique. [...] Le Pakistan a été obligé d’exercer son option nucléaire du fait de la militarisation du programme nucléaire indien ». Khan explique : « Les bombes testées le 28 mai étaient à fission améliorée, c’est-à-dire des charges dopées, utilisant de l’uranium 235, comme lors des expériences indiennes. L’une des explosions était une bombe de forte puissance d’environ 30 à 35 kilotonnes. Quatre des autres charges pakistanaises étaient tactiques, de faible puissance ».

Pour les Occidentaux, ce qui pose problème ce ne sont pas les essais indiens, mais pakistanais. Or même si, après le coup d’État du général Musharraf en 1999, le Pakistan est un régime militaire autoritaire proche des islamistes radicaux, l’Inde est à l’époque dirigée par les hindous radicaux du (BJP) [8]. Quelle est la raison de ce parti pris ? En fait, Islamabad, qui cherche à arracher le leadership « islamique » en dissimulant ses accointances occidentales —y compris israéliennes—, affabule sur Israël, mais sans le menacer. Ainsi le 27 mai, le ministre des Affaires étrangères Shamshad Ahmed informe les USA que les essais sont consécutifs à une crainte d’une attaque aérienne nucléaire… indo-israélienne provenant de l’Inde, du type du bombardement du réacteur Osirak par Israël. L’ambassadeur pakistanais en Égypte, Tayyab Siddiqui, avance qu’Israël aide bien l’Inde à améliorer sa dissuasion nucléaire [9]. Le 1er juin, le consultant médiatique de Benyamin Netannyahou, Shay Bazaq répète que Tel-Aviv n’a pas l’intention d’attaquer le Pakistan. De son côté, l’ambassadeur indien au Caire, affirme fallacieusement qu’il n’existe pas de coopération militaire entre l’Inde et Israël [10]. Les inquiétudes israéliennes sur cette prolifération sont relativisées le 5 juin par la déclaration d’un officiel pakistanais : « le Pakistan a opéré des tests nucléaires seulement pour sa défense et n’a pas l’intention de transférer sa technologie à d’autres ». Le Pakistan, souhaite inclure dans le mandat de négociation non seulement l’interdiction de la production future de matières fissiles, mais également l’instauration d’un contrôle international sur les stocks existants, décisions devant concerner l’Inde et Israël. Mais l’initiative est repoussée par les États dotés de l’arme nucléaire (EDAN) [11]. Washington assure que ces rumeurs ne sont que des prétextes dissimulant des intentions hostiles envers New Delhi, cette dernière devenant peu à peu un allié occidental à mesure que le Pakistan l’est moins.

Israël ne tient pas le Pakistan comme un allié officiel. Très « curieusement », Tel-Aviv a rarement dénoncé le seul pays musulman vraiment nucléaire, bardé de missiles performants, sauf pour justifier son propre programme en la matière. Le Pakistan n’a presque jamais menacé Israël mais l’a agressé à l’AIEA. Pourtant, ses madrasah (écoles) alimentent pourtant les circuits « terroristes » et le docteur Khan, collabore avec les programmes iranien et libyen. L’ambassadeur israélien aux USA reçoit la confirmation qu’Islamabad ne tient pas à partager sa puissance avec l’Iran « ou avec d’autres contrées du Proche-Orient ». Cependant, le Pakistan exporte au moins son savoir balistique, accéléré par la visite du ministre des Affaires étrangères iranien, Kamal Harrazi en mai 1998 [12]. Aussi, Shimon Pérès estime qu’au contraire, cette situation retarde les négociations sur la dénucléarisation du Proche-Orient (Middle East Nuclear Free Zone — MENFZ), car le Pakistan est bien une menace pour Israël : « Je me sentirais plus en sécurité lorsque toutes les armes nucléaires auront été détruites, cela est la façon la plus sûre pour le monde entier » [13]. Mais l’on sait que sa diplomatie est à géométrie variable. Or, le Pakistan, au contraire de l’Iran, de la Libye, de la Corée du Nord et de l’Irak, n’a jamais menacé quiconque avec ses armes de destruction massive, hormis l’Inde, et ne possède pas à preuve du contraire de vecteurs capables d’atteindre Israël.

Le Pakistan et l’Inde annoncent finalement leur décision de ne pas divulguer leur technologie nucléaire, en contrepartie de ne plus être reconnus comme détenteurs de la bombe ! C’est chose faite lorsque les cinq États dotés de l’arme nucléaire (EDAN) déclarent que « malgré leurs essais nucléaires, l’Inde et le Pakistan n’ont pas le statut d’États dotés d’armes nucléaires », c’est-à-dire, ironise Lorentz [14] : « Des États qui possèdent la bombe atomique mais ne sont pas des puissances nucléaires » ! C’est ainsi que le Sénat français analyse en demi-teinte : « Certes, les essais nucléaires indiens et pakistanais de 1998 avaient officialisé l’accession de ces deux États non parties au TNP au rang de puissances nucléaires. […] Le fait que l’Inde et le Pakistan […] soient pratiquement reconnus aujourd’hui comme des puissances nucléaires de facto, renforce l’expression de ce sentiment d’inégalité » [15]. L’hypocrisie, ou à l’inverse l’honnêteté occidentale (si la thèse des essais pratiqués pour d’autres est la bonne), est effective lorsque les membres permanents s’accordent à Genève : « Malgré leurs récents essais nucléaires, l’Inde et le Pakistan n’ont pas le statut d’EDAN en accord avec le TNP » [16]. Quoi qu’il en soit, les essais indiens et pakistanais écopent, pour le principe, de sanctions formelles, levées un an plus tard dans l’indifférence générale.

En 1999 et 2000, le général Pervez Musharraf prend le pouvoir, devenant successivement Premier ministre, président et chef des armées, avec le soutien des États-Unis, afin de stabiliser le pays contre l’islamisme.
Pour forcer la Libye à abandonner ses armes de destruction massive, et donner l’illusion que la Communauté internationale lutte contre la prolifération dite clandestine, Khan est arrêté en 2001. Il est accusé d’avoir vendu des secrets à la Libye, à l’Iran et à la Corée du Nord, puis relâché … en échange d’excuses publiques ! Les États-Unis font pression pour que l’enquête s’arrête vite. Le docteur, seulement assigné à résidence, précise les conditions dans lesquelles il a pu acquérir à l’étranger certaines technologies nucléaires essentielles et mener avec succès ses recherches, pour un coût réduit de 20 à 30 millions de dollars par an [17]. Khan est certes la tête du réseau de prolifération, mais seulement la « tête de gondole » masquant l’implication d’autres pays. L’implication des firmes BSA Tahim, Gulf Technical Industries, SMB computer, SCOMI Precision Engenering, et des intermédiaires comme John Meyer est connue. Le Sénat français l’explique d’ailleurs, en masquant l’aide française :
« Ce qui ne signifie pas que le gouvernement malaisien ait une responsabilité dans cette situation. Les Émirats arabes unis sont une zone de transit importante et des pays européens ont été impliqués dans ces réseaux. On retrouve, en Allemagne, en Autriche, en Espagne, des entreprises ayant contribué à ce réseau pakistanais devenu planétaire, avec des correspondants un peu partout, parfois des sociétés de bonne foi qui ont livré, avec certificats d’utilisation finale en règle, des composants qui ont été détournés par la suite vers des pays tiers » [18]

L’AIEA souligne que la chaîne d’approvisionnement fait usage de faux certificats d’utilisateur, si bien que dans certains cas, le fournisseur d’origine peut ne pas connaître la véritable utilisation finale des équipements et matières. Est-ce une manière de masquer aux médias les véritables dessous de la prolifération ?

Le réacteur de Kushab, entamé en mars 2000, pourrait produire assez de plutonium pour fabriquer de 4 à 5 armes nucléaires par an, avec une capacité de 1000 mégawatts thermiques (MWth) » [19]. Fin 2001, Condoleezza Rice salue ce pays comme « notre allié de poids dans la guerre conte le terrorisme » [20]. Et « curieusement », à partir de cette date, la « bombe islamique » n’est plus sujette de discorde. Mais avec l’intensification de la lutte en Afghanistan, et la mauvaise volonté d’Islamabad, le sujet est ré évoqué… A partir d’images satellite du 19 mai 2009, l’ISIS [21] souligne que le Pakistan augmente les potentialités de deux sites stratégiques, dont celui de Dera Ghazi Khan, ainsi que le nombre de ces têtes nucléaires.

Une puissance vectorielle à forte dépendance étrangère

Le Pakistan se fixe comme un défi de produire ses propres missiles, malgré des capacités industrielles modestes, les USA se refusant d’abord à fournir des chasseurs-bombardiers F16 et des missiles à long rayons d’actions et à haute technologie pour éviter la prolifération et une escalade. Mais en février 2003, les USA acceptent la vente de F16. Entre temps, le Français Dassault, pour le compte de Washington, vend des Mirage III à potentialité atomique. La France (DCNS) et l’Allemagne (HDW) se disputent le marché pour la vente de sous-marins. La France avait déjà vendu des Agosta 90B, contenant des dérivés de M-11 (Tarmuk) et de Tomawack (Babur).

Le National Development Complex de Mund et la PAEC étudient les missiles à carburant solide tandis que ceux propulsés par des carburants liquides échoient à la KRL [22]. Ce sont surtout les systèmes de guidage, de navigation, de contrôle de poussée et de boucliers thermiques qui posent problème. C’est pourquoi, en réalité, dès les années 1970, Islamabad accueille des balisticiens chinois et nord-coréens. En janvier 1989, une série d’essais de Hatf-1 et 2 a lieu avec des capacités assez modestes, destinées dans les années 1980 à frapper des cibles soviétiques en Afghanistan, puis indiennes. Les scientifiques cherchent à augmenter les portées, mais Chine et les États-Unis ne peuvent, pour des raisons diplomatiques, y vendre des missiles à grande portée. À partir de 1991, une quantité indéterminée de M-9 et de M-11 sont livrés au Pakistan. Tels quels puis modifiés, ces engins portent à 700 km. Il faut toutefois attendre le 15 avril 1999 pour que le premier essai du Shaheen-1 ait lieu. En 1993, la Chine vend au moins 30 missiles M-11 en pièces détachées, d’une portée de 300 km. Ils semblent être assemblés en série depuis 1997, pour une tête atomique de 500 kg dont les premiers essais ont lieu en 1998.

Cependant, la Chine cède aux pressions occidentales, en particuliers états-uniennes et israéliennes, inquiets de telles performances. Islamabad se tourne alors vers la Corée du Nord, qui sous-traite laquestion pour la Chine afin de lui éviter des problèmes diplomatiques. Le transfert porte sur la technologie No-dong et Taepo-dong à plus grande portée, mais à précision nulle.
Le 6 avril 1998 a lieu le premier essai réussi du Ghauri-1, d’une portée de 1 100 km. Il est fallacieusement proclamé comme étant national, alors qu’il plagie le No-Dong-1. Il est secondé par le Ghauri-2 (Hatf-6), testé avec succès le 14 avril, trois jours après l’essai de l’Agni-2 indien. Si la capacité d’emport n’a pas évolué, la portée maximale s’élève en revanche à 2 500 km ce qui permet de menacer plus de 50 % du territoire de l’Inde. Un Shaheen est testé avec succès le 15 avril 1999.
Les autorités indiennes arrêtent, le 25 juin 1999, un cargo nord-coréen faisant route vers le Pakistan et transportant des plans, des manuels d’instruction ainsi que des éléments de missiles. En mai, Anwarul Haq, responsable des Ghauri à Kahuta, promet une version 3 d’une portée de 3 000 km.

En 2003, les États-uniens imposent des sanctions à une compagnie nord-coréenne (Changgwang Sinyong Corp) qui exportait des missiles au Pakistan et en Iran. Des missiles à plus longue portée, au propergol liquide (laboratoires Khan) et au propergol solide (laboratoires Samar Mubarak Mand), aboutissent au missile à moyenne portée (2 400 km) Shaheen-2, dévoilé en mars 2000. Pour défendre un pays redevenu allié, le Pentagone assure, en janvier 2001 qu’il s’agit juste d’un prototype, tout comme le Ghaznavi, d’une portée de 2 000 km [23].

L’étude d’un missile d’une portée similaire lancé par un sous-marin a commencé. En mars 2006, le Pakistan procède avec succès au second tir d’essai d’un missile de croisière de type Hatf-7 Babur, capable d’emporter une charge nucléaire à 500 km. Le président Pervez Musharraf, se fend à l’occasion d’un discours dithyrambique qui masque les aides extérieures : « La nation s’enorgueillit de ses chercheurs et de ses ingénieurs qui ont une nouvelle fois démontré leur capacité à maîtriser des technologies d’exception avec facilité et professionnalisme. […] Le programme stratégique, qui symbolise la détermination du pays à assurer sa sécurité, se poursuivra, montera en puissance et sa pierre angulaire sera la constitution d’un seuil minimum de dissuasion crédible ». Le ministère des Affaires étrangères pakistanais n’informe pas New Delhi « car notre accord porte uniquement sur les tests de missiles balistiques. Nous avons proposé à l’Inde d’inclure les missiles de croisière mais elle a refusé » [24]. Le 19 avril 2008, le pays tire des Shaheen-2, bien qu’aucune preuve n’ait jusqu’à présent été apporté sur un éventuel soutien de Pékin.

Le général-président Pervez Musharraf.

Une puissance non propriétaire de sa dissuasion

Un arsenal mis sous clé et sous surveillance ?

Si la Chine et les États-Unis ont permis à ce pays pauvre d’obtenir la bombe, une question légitime se pose : Le Pakistan est-il propriétaire de sa bombe, ou bien est-elle sous clé US ou chinoise Premièrement, les bombes de 1998 étaient-elle des mini-nukes chinoises ? Islamabad testait peut-être des bombes iraniennes ou chinoises, Pékin (allié de l’Iran) ayant observé un moratoire depuis août 1996. Cette thèse est développée par la journaliste Dominique Lorentz, dont l’ouvrage, préfacé par Jacques Attali et Alexandre Adler, estime que les tests étaient réalisés pour le compte de l’Iran ou de la Chine : « Ils avaient besoin de mener une dernière campagne de tirs avant de s’en remettre aux seules simulations » [25].

Durant la guerre du Kargil, de mai à juillet 1999, Islamabad songe à employer l’arme nucléaire après la contre-offensive indienne dans le Cachemire [26], selon une conversation entre Bill Clinton et Nawaz Sharif, en juillet. Le projet est mis en exergue par la presse. Mais il s’agissait plutôt de faire pression pour que Washington intervienne. Car Attali nous apprend que curieusement, « ces deux pays ont passé un accord mutuel de non-agression de leurs installations nucléaires » [27]. Or, les USA et la Chine appellent à la retenue, ce qui indiquerait que la bombe n’est pas pakistanaise.

L’idée reçue d’une bombe strictement nationale se heurte à l’avis des spécialistes du renseignement qui ont par essence un peu plus de crédibilité que les experts, pour passer de l’analyse à la source. Le dispositif serait bien sous surveillance US [28]. Ainsi, selon Éric Denece, spécialiste reconnu, craignant soit une mainmise des terroristes, soit un chantage d’un État incontrôlable, le Joint Special Operations Command états-unien et le Sayeret Matkal israélien se seraient entraînés pour évacuer les bombes nucléaires pakistanaises en cas de besoin [29]. Le journaliste Rashid Zubair estime aussi : « Les États-uniens veulent déstabiliser le Pakistan. Le Pakistan doit être considéré comme un État défaillant, afin de pouvoir réquisitionner son arsenal nucléaire. L’armée US dispose déjà d’une unité spéciale pour cette tâche. […] Quant aux bombes atomiques, ce ne sont pas des pétards du Jour de l’An qu’on peut emporter dans sa poche. 80 ogives nucléaires nécessitent 70 000 hommes dont quelques milliers de scientifiques » [30].

Ce n’est qu’en 2000 qu’une Autorité nationale de commandement de gestion de l’arsenal est créée. Fin 2001, Les USA financent d’ailleurs à hauteur de 100 millions de dollars la sécurisation des installations et auraient même proposé de prendre en charge les propres codes de mises à feu. En fait, les bombes ne seraient même pas assemblées, les éléments étant dispersés justement pour éviter un emploi accidentel et abusif [31]. Même en cas de vol, il faudrait passer outre le système Permissive Action Link. En règle générale, seules trois personnes par État nucléaire en possèdent les clés et le code, comme c’est le cas par exemple en Israël. Il existe même « des codes informatiques programmés pour détruire les composants stratégiques de l’arme en cas d’intrusion non autorisée » [32]. De son côté, la synthèse des agences de renseignement présentée au Sénat des États-Unis, en février 2008, mentionne que :

« Bien que New Delhi et Islamabad ont en service une plus grande maturité stratégique nucléaire, ils ne semblent pas être engagés dans une course aux armements de type numérique comme durant la Guerre froide. Nous jugeons l’incertitude politique en cours au Pakistan ne menaçant pas sérieusement le contrôle militaire des capacités nucléaires, mais les vulnérabilités existent. L’armée pakistanaise supervise le programme nucléaire et nous jugeons que ses responsabilités, incluant la sécurité physique de l’arsenal atomique, n’ont pas été dégradées par la crise » [33].

Ainsi, si les mots ont un sens, le terme « supervisé » signifie que l’armée pakistanaise surveille une dissuasion dont elle n’est pas la propriétaire. Tout enclin à penser que la bombe n’a d’« islamique » que le nom.

Cette thèse est confirmée par de nombreuses déclarations officielles, tant états-uniennes que pakistanaises et même indiennes [34]

Ainsi, le Premier ministre du Pakistan, Raza Gilani de confirmer : « La défense du Pakistan est entre de bonnes mains. Et notre programme d’armes nucléaires est en sécurité ». L’amiral Mike Mullen, chef d’état-major interarmes des États-Unis, déclare aussi que « l’arsenal nucléaire du Pakistan est en sécurité », bien que des Taliban soient dans le district de Buner où est situé une usine d’enrichissement. Cet aspect est d’ailleurs assuré comme très plausible par un autre spécialiste (un expert du Mossad très connu, mais controversé), qui souligne que « Benazir Bhutto avoue en effet qu’elle n’était même pas autorisée à pénétrer dans les propres laboratoires de son pays » ! [35] Tel-Aviv affirme que la position des centres pakistanais sont déjà intégrés dans ses logiciels de frappes, d‘après les données fournies par le Pakistan lui-même à la CIA ! En juin 2009, Mustafa Abou Al-Yazid, un « responsable d’Al Qaida en Afghanistan » laisse échapper ce lapsus sur Al-Jazira : « Avec l’aide de Dieu, les armes atomiques ne tomberaient pas dans les mains des Américains et les moudjahidins s’en empareraient pour les utiliser contre les Américains » [36]. Le pays n’a semble t-il pas réitéré les tests de 1998, ce qui confirme cette thèse.

Un programme connu et encadré

En second lieu, nous l’avons dit, le réseau Khan n’a pas pu être totalement clandestin, de par ses ramifications occidentales et asiatiques (Chine, Malaisie [37], Dubaï, Thaïlande, Iran, Libye, Corée du Nord, USA, Bénélux, Allemagne, France, Espagne, Autriche, Émirats, Afrique du Sud). En 2009, les principaux fournisseurs d’armes du Pakistan étaient la Suisse, le Danemark, l’Allemagne, les USA, la France et l’Arabie Saoudite [38]. Comme le reconnaît le Sénat français, « il est hautement probable qu’une partie au moins de ses activités (de Khan) n’était pas inconnue d’autorités étatiques » des États proliférants [39]. Le spécialiste Bruno Tertrais  [40]maintient cette thèse : « On ne peut pas dire que Khan a agi tout seul, mais on ne peut pas dire non plus qu’au plus haut niveau de l’État, on ait toujours été au courant des agissements de ce Monsieur. Il a certainement bénéficié de complicités gouvernementales (surtout militaires), mais cela ne veut pas dire que l’État pakistanais, en tant que tel, est directement responsable de ce trafic. […] En termes de risques d’emploi de l’arme nucléaire, c’est le Pakistan qui est le plus dangereux. […] C’est sans doute le Pakistan qui serait amené à « tirer le premier » l’arme nucléaire » [41].

Ensuite, on a du mal à croire, comme l’indique le New-York Times, que
« L’administration du président Obama s’interroge sur la capacité pour des militants de se saisir d’une arme pendant un transport ou d’infiltrer des sympathisants dans des laboratoires ou des installations d’enrichissement de combustible nucléaire. Washington ne sait pas exactement où sont situés tous les sites nucléaires pakistanais et l’inquiétude a grandi ces deux dernières semaines après l’entrée des combattants talibans à Buner » [42].
Car si la CIA peut produire des rapports très précis sur les arsenaux iraniens et nord-coréens (des États isolés et opaques), pourquoi ne le pourrait-elle pas sur l’arsenal de son allié pakistanais ? Des satellites idoines existent pour surveiller les sites nucléaires dans le monde. En 1955, le traité Open Sky entre les USA et leurs partenaires autorisait le survol des territoires respectifs en échange de la vente de technologies sensibles [43]. D’ailleurs, quelques semaines plus tard, le même journal rapporte finalement que le Congrès US craint que l’aide annuelle, ne finance un programme qui « croit rapidement », de 80 à 100 têtes. Le Congrès est tellement inquiet… qu’il vote l’aide de 3 milliards par an, malgré l’assurance du chef d’état-major interarmées, l’amiral Mike Mullen, que les fonds auront une grande probabilité de financer la dissuasion du pays [44].

Dans ses rapports en tout cas, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), semble bien renseignée. En 2000, l’arsenal ne semble pas lui poser de problème. Elle stipule que le nucléaire pakistanais assure 1,7 % de ses besoins d’électricité [45]. En 2001, l’AIEA signe même avec le Pakistan des « contrats de recherche développement et des programmes d’essai ». En page annexe de son rapport annuel, l’Agence recense les accords qui encadrent les programmes nucléaires de chaque État, dont le Pakistan, sous le titre : « Situation concernant la conclusion d’accords de garanties et de protocoles additionnels » [46]. On peut y lire :

Date Nombre d’accords
En vigueur le 5 mars 1962 34 
En vigueur le 17 juin 1968 116 
En vigueur le 17 octobre 1969 135 
En vigueur le 18 mars 1976 239 
En vigueur le 2 mars 1977 248 
En vigueur le 10 septembre 1991 393 
En vigueur le 24 février 1993 418 

Dans le rapport 2005, ont lit encore : « Au vu de ses résultats, le Pakistan a adopté un plan de développement à long terme prévoyant la construction de centrales nucléaires de 8 800 MW(T) au cours des 25 prochaines années ». Les réacteurs sont bien mentionnés dans un document d’annexe nommé Tableau A5. Installations sous garanties de l’Agence ou contenant des matières sous garanties au 31 décembre 2005 :« KANUPP (tranche 1) Karachi et Chasnupp-1 (tranche 1) Kundian. Réacteurs de recherche et assemblages critiques : PARR-1 (1) Rawalpindi, PARR-2 (1) Rawalpindi. Installations d’entreposage indépendantes : Dépôt de Hawks Bay Karachi » [47]. Certes, toutes les installations ne sont pas soumises à l’AIEA (comme en Inde et en Israël). Mais il est curieux que l’AIEA, dont le budget est inférieur à 1 % de la communauté de renseignements américaine, soit elle, mieux renseignée…

Conclusion

Dès les attentats du 11 septembre, le Pakistan et les États-unis, en froid relatif depuis la fin de la Guerre Froide, se réconcilient. Sa dette de 1,7 milliards est reportée sine die. Washington octroi une aide de 3 milliards de dollars pour 2004-2009, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme [48]. L’aide totale envers l’armée pakistanaise se monte à 7 milliards de dollars par an entre 2008 et 2012. En 2008, sur les 21 milliards d’aides internationales versés à Kaboul, un tiers s’est volatilisé entre les donateurs et les récepteurs, dont certains sont pakistanais. En Afghanistan, 242 000 armes ont été « perdues » par la coalition, l’armée et la police afghane, mais surtout par l’armée US, selon le Governement Accontability Office (GAO) [49]. La guerre coûte à l’heure actuelle 100 millions de dollars par jour. Ce chiffre s’explique par les désertions dans l’armée et la police afghane dont les soldats passent avec armes et bagages à l’ennemi, et renseignent sur les tactiques alliés. Il faut dire que grâce aux trafics en tout genre, les rebelles paient bien mieux que les alliés.

On imagine que dans l’enveloppe des aides, Islamabad a promis une vassalité atomique. Il est prévu la création d’un pipeline reliant l’Ouzbékistan à l’Océan Indien via le port de Gwadar. La visite de Georges W Bush le 22 septembre 2006 poursuit le partenariat contre le terrorisme, réactualisé sous Obama, avec un effet immédiat : la contre-offensive pakistanaise [50]. Les Taliban, à l’origine formés et armés par l’ISI, viennent d’obtenir des concessions législatives dans les zones tribales et ne veulent qu’une autonomie locale et absolument pas la bombe. Cela recouvre l’avis de la chercheuse associée au CERI-Sciences Po Mariam Abou Zahab. Lorsqu’on lui demande « En cas de victoire au Pakistan, quel est le programme des talibans ? », elle répond « La question ne se pose même pas, parce que les talibans pakistanais sont un mouvement périphérique, en marge de la société et de l’État » [51].

Début 2009, Islamabad passe un accord avec les Taliban de la région de Swat, redonnant à l’ancien royaume son autonomie législative et s’engageant à ne pas y mener d’actions militaires. Le Pakistan élabore un double jeu. Officieusement, la « bombe islamique » dissuadera Russie et Chine (le pays est à l’heure actuelle disputé entre Washington et Pékin) dans un conflit futur. Mais l’Inde, devenu allié de Washington et d’Israël, pourrait remplir ce rôle. Dès lors, la Chine pourrait amplifier le rapprochement nucléaire avec le Pakistan. Islamabad fait actuellement monter les enchères entre la Chine et les USA...

Le programme dissuasif pakistanais, voulu par l’Occident et la Chine, semble être sous-contrôle et ne peut-être employé par des terroristes. Encore faudrait-il savoir où se trouvent les armes et connaître les codes et leurs fonctionnements. Même la perspective d’une bombe sale demande un minimum de connaissance, d’infrastructure et d’équipement que n’ont pas les Taliban.

D’ailleurs, qui s’oppose au nucléaire pakistanais, comme on le ferait pour l’Iran et la Corée du Nord ? Cela prouve que le Pakistan n’est en rien la menace nucléaire islamiste que Bernard Henri-Lévy veut nous décrire dans son ouvrage « Qui a tué Daniel Pearl ». Ce danger n’est tellement pas réel que les États-Unis violent fréquemment la frontière pakistanaise depuis l’Afghanistan, pour frapper les Taliban, sans craindre de représailles atomiques. Si c’était le cas de l’Inde, qu’arriverait-il (Cachemire excepté) ? Si bien que certains think-tank ne croient plus pertinent, d’une part, de parler de la menace de la « bombe islamique », et d’autre part, de considérer le pays comme puissance nucléaire indépendante comme pour la dissuasion britannique, dépendante de la volonté états-unienne.

[1« L’Iran, une puissance dévoilée », Chaîne Histoire, Jean-Michel Vecchiet, 2008.

[2Service canadien de renseignement de sécurité, rapport n° 2000/05, « La prolifération des armes bactériologiques », 9 juin 2000.

[3Dominique Lorentz, Affaires atomiques, Les Arènes, 2001, 604 pages, p. 453. [La documentation réunie par Dominique Lorentz constitue une référence, cependant les conclusions qu’elle en tire —qui justifient la rhétorique israélienne— nous paraissent souvent fallacieuses. Ndlr.].

[4Le Pakistan achète aussi des armes polonaises, israéliennes et égyptiennes (toutes des armes soviétiques ou prises aux alliés arabes de Moscou par Israël) qu’il livre aux Moudjahidines, par l’intermédiaire de l’ISI Le Point, 10 janvier 2008, « Missiles, sexe et rock’n roll ». Fin avril 2007, le ministère israélien des Affaires étrangères salue la proposition du président Musharraf d’effectuer une médiation entre pays arabes, palestiniens et israéliens. « Des pays musulmans modérés comme le Pakistan peuvent avoir un rôle positif dans le processus de paix au Proche-Orient » affirme le porte-parole du ministère israélien, tout en estimant que l’influence d’Islamabad n’aurait qu’une portée limitée. Israelinfos.net, 23 avril 2007.

[5Dominique Lorentz, op.cit., p. 315.

[6Leonard Weiss, « Turning a Blind Eye Again ? The Khan Network’s History and Lessons for US Policy », Arms Control Today, mars 2005.

[7Haaretz, 31 mai 1998.

[8IHEDN, La dissuasion nucléaire est-elle encore nécessaire dans le contexte géostratégique actuel, rapport du Comité 6, 52ème session nationale, décembre 1999. Document téléchargeable.

[9BBC, 3 Juin 1998, « Envoy to Egypt Says Reports ’Confirmed’ India-Israel Coopération ».

[10Haaretz, 31 mai 1998.

[11« La prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs », rapport de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées, présenté par Pierre Lellouche, Guy-Michel Chauveau et Aloyse Warhouver, Assemblée nationale (France), 7 décembre 2000.

[12The Nonproliferation Review, automne 1998, « Nuclear and missile related trade and developments for select countries ».

[13Mohamed Abdel Azim, Usage politique du nucléaire au Moyen-Orient. Israël et ses voisins 1995-2000, D.E.A, Science politique, à l’Institut d’études politiques de Lyon, 1999-2000, 188 pages, p. 103.

[14Dominique Lorentz, op.cit., p. 29.

[15La prolifération nucléaire, Rapport d’information fait au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées, présenté par Xavier de Villepin. Sénat (France), 30 juin 2004, 111 pages, p. 13.

[16Le Monde, 6 juin 1998.

[17« La prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs », rapport de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées, présenté par Pierre Lellouche, Guy-Michel Chauveau et Aloyse Warhouver, Assemblée nationale (France), 7 décembre 2000.

[18La prolifération nucléaire, Rapport d’information fait au nom de la commission des Affaires étrangères, de la défense et des forces armées, présenté par Xavier de Villepin. Sénat (France), 30 juin 2004, 111 pages, p. 13.

[19Associated Press, 19 mai 2007.

[20Gordon Thomas, Mossad, les nouveaux défis, Paris, Nouveau monde éditions, 2006, 268 pages, p. 69.

[21L’Institute for Science and International Sécurity (ISIS) dispense des vues proches de celles du gouvernement états-unien.

[22Missile Proliferation and the Strategic Balance in South Asia, par Andrew Feickert et K. Alan Kronstadt, Congressionnal Research Service, Washington, 17 octobre 2003.

[23Centre Canadien de Renseignements de Sécurité, ibid.

[24AFP, 21 mars 2006.

[25Dominique Lorentz, op.cit., p. 579.

[26Adrian Levy & Catherine Scott-Clark, Deception : Pakistan, the United States and the Global Nuclear Weapons Consipracy, Atlantic Books, 2007. Voir le commentaire du général indien Vinod Saighal : « Les généraux pakistanais sont-ils fous ou font-ils juste semblant ? », Réseau Voltaire, 30 octobre 2007.

[27Jacques Attali, Économie et apodalypse. Trafic et prolifération nucléaires, Fayard (1995), p. 43.

[28Selon la Direction du Renseignement Militaire, le Pentagone a effectivement confié l’espionnage du Pakistan à Israël. Le satellite EROS surveille en particulier le site de production de plutonium et de tritium de Khushab où l’on construit également deux réacteurs nucléaires.

[29Éric Denece, Histoire secrète des forces spéciales de 1939 à nos jours, Nouveau Monde Editions (2007), p. 202.

[30« L’Administration US veut faire du Pakistan un État défaillant », par Rashid Zubair, Horizons et débats/Réseau Voltaire, 1er juin 2009, .

[31Marianne, du 2 mai au 8 mai 2009, « L’arme nucléaire n’est pas à l’abri ».

[32Jacques Attali, Économie et apocalypse, op.cit., p. 23

[33Annual Threat Assessment of the Director of National Intelligence for the Senate Select Committee on Intelligence, 5 février 2008, J. Michael McConnell, Director of National Intelligence, 47 pages. p. 17.

[34Pakistan’s Nuclear Weapons : Proliferation and Security Issues, par Paul K. Kerr et Mary Beth Nikitin, US Congressional Research Service, 12 juin 2009.

[35Gordon Thomas, Mossad, les nouveaux défis, op.cit., p. 72.

[36Le Monde, 22 juin 2009, « Al-Qaida prêt à utiliser, le cas échéant, l’arsenal nucléaire pakistanais ».

[37Le Point, 18 janvier 2007, nous apprends que le fils du Premier ministre malaisien Abdullah Badawi est actionnaire de la Scope, une société d’inport-export dont la filiale Scomi Group, collabore avec la Gulf Technical Industries, de Dubaï vers le Pakistan et la Libye.

[39France, Sénat, Rapport de Xavier de Villepin, op.cit.

[40Bruno Tertrais est maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et ancien collaborateur de la Rand Corporation. NdlR.

[41Le Monde, 12 avril 2004, « Prolifération nucléaire : où en est-on ? ».

[42Le Monde, 4 mai 2009, « Inquiétude sur l’arsenal nucléaire pakistanais ».

[43Jacques Attali, Économie et apocalypse, op.cit., p. 12.

[44Le Monde, 18 mai 2009, « Pakistan : l’arsenal nucléaire progresse et suscite l’inquiétude des parlementaires américains ».

[45AIEA, GC(46)/2, Rapport annuel, 2001. 181 pages, p 143

[46Ibid.

[47AIEA, GC(50)/4, Rapport annuel 2005, 120 pages, pp.110-118.

[48Rashmi Jain, The United States and the Pakistan, 1947-2006 : a documentary Study, New Delhi, Radiant Publishers, 2007, 526 pages.

[50United States of America, White House, Departement of State, Office of The Press Secretary, « President George W. Bush ; President Pervez Musharraf of Pakistan », 22 septembre 2006.

[51Le Monde, 29 mai 2009, « Le dialogue avec les talibans aurait dû être engagé dès 2001 ».