Merci beaucoup, Richard [Hass]. Je suis ravie d’être parmi vous dans ces nouveaux locaux. J’ai souvent eu l’occasion de me rendre à New York dans ce qu’on pourrait appeler le vaisseau-mère, en quelque sorte, mais il est bon d’avoir un satellite du Conseil tout près du département d’État, dans la même rue. Cet organisme est très généreux de ses conseils à notre égard, ce qui veut dire que je n’aurai pas à faire d’aussi longs déplacements pour m’entendre dire ce que nous devons faire et comment nous devons envisager l’avenir.

Richard [Hass] vient de présenter ce qu’on pourrait appeler une mini-version de mes propos sur les dossiers que nous avons à traiter. Je vois dans cette salle non seulement beaucoup d’amis et de collègues, mais aussi des personnes qui ont travaillé pour des gouvernements précédents. Il ne s’écoule donc pas un jour où ma boîte à courrier n’est pas pleine.

Peu avant mon entrée en fonctions au département d’État, un de mes prédécesseurs m’a téléphoné pour me donner ce conseil : n’essayez pas d’en faire trop. Ce conseil m’a paru sage, mais encore faudrait-il pouvoir le suivre. Notre programme de travail à l’échelle internationale est impitoyable : deux guerres, le conflit au Proche-Orient, le spectre constant d’un extrémisme violent et de la prolifération nucléaire, la récession mondiale, les changements climatiques, la famine et les maladies, et l’écart qui ne cesse de se creuser entre les nantis et les pauvres. Tous ces défis se répercutent sur la sécurité et la prospérité des États-Unis, et tous menacent la stabilité et le progrès dans le monde.

Ce n’est pas cependant une raison de désespérer de l’avenir. Ces mêmes forces qui aggravent nos problèmes – l’interdépendance économique, l’ouverture des frontières et la rapidité avec laquelle circulent les informations, les capitaux, les biens, les services et les gens – font également partie de la solution. Maintenant que les États sont plus nombreux à se heurter à des problèmes communs, nous avons la possibilité, et la responsabilité profonde, d’exercer l’autorité des États-Unis de manière à résoudre les problèmes de concert avec d’autres. Telle est la clé de voûte de la mission de notre pays dans le monde d’aujourd’hui.

D’aucuns voient dans l’essor d’autres pays et dans nos difficultés économiques ici même des signes de l’affaiblissement du pouvoir des États-Unis. D’autres n’ont pas confiance dans nos qualités de chef de file ; pour eux, l’Amérique est une puissance qui ne rend de comptes à personne et qui impose trop rapidement sa volonté aux dépens de leurs intérêts et de nos principes. Ils ont tort.

La question qui se pose est non pas de savoir si notre pays peut ou doit donner l’exemple, mais comment il le fera au XXIe siècle. Les idéologies rigides et les vieilles formules n’ont pas lieu d’être. Nous avons besoin de considérer sous un angle entièrement nouveau la manière dont l’Amérique usera de son pouvoir pour se protéger, pour élargir une prospérité partagée et pour aider davantage de gens, dans davantage de lieux, à réaliser le potentiel que Dieu leur a donné.

Le président Obama nous a montré comment rompre avec notre cadre habituel de pensée. Il a mis en branle une nouvelle ère d’engagement fondé sur des intérêts communs, sur des valeurs partagées et sur le respect mutuel. Poussant de l’avant et faisant fond sur les forces uniques des États-Unis, nous devons promouvoir ces intérêts par le biais du partenariat et encourager des valeurs universelles par le pouvoir de l’exemple et par l’autonomisation des individus. C’est ainsi que nous pouvons forger le consensus mondial qui s’impose pour vaincre les menaces, gérer les dangers et saisir les possibilités du XXIe siècle. L’Amérique conservera toujours un rôle de chef de file dans le monde tant qu’elle restera fidèle à ses idéaux et qu’elle appliquera des stratégies adaptées à notre époque. Dès lors, nous exercerons l’autorité de notre pays afin d’établir des partenariats et de résoudre des problèmes qu’aucun pays ne saurait régler seul et nous poursuivrons une politique susceptible de mobiliser un nombre croissant de partenaires et de donner des résultats.

* * *

Pour commencer, je tiens à préciser que, toutes importantes soient-elles, les idées qui donnent corps à notre politique étrangère ne se résument pas à un simple exercice intellectuel pour moi. Depuis plus de seize ans, j’ai eu l’occasion, le privilège, devrais-je dire, de représenter notre pays à l’étranger à titre d’épouse du président, de sénatrice et, aujourd’hui, de secrétaire d’État. J’ai vu des enfants au ventre ballonné qui souffrent de la faim, des fillettes vendues dans le cadre de la traite des personnes, des hommes mourir de maladies curables, des femmes privées du droit de propriété ou du droit de vote, des jeunes gens sans éducation et sans travail, hantés par un sentiment de futilité face à l’avenir.

Mais j’ai vu aussi comment l’espoir, l’acharnement au travail et l’ingéniosité pouvaient surmonter l’adversité, aussi improbable que cela paraisse. Voilà maintenant près de trente-six ans que je plaide la cause des enfants, des femmes et des familles ici aux États-Unis. J’ai voyagé aux quatre coins du pays, j’ai écouté nos concitoyens me confier leurs difficultés au quotidien. J’ai rencontré des parents qui ont toutes les peines du monde à conserver leur emploi, à payer les mensualités de leur crédit immobilier, à s’acquitter des frais de scolarité de leurs enfants à l’université et à payer l’assurance-maladie.

Tout ce que j’ai fait et vu m’a convaincue que notre politique étrangère doit produire des résultats pour les gens – l’ouvrier d’une usine automobile de Détroit licencié pour raison économique et dont l’avenir dépend du redressement de l’économie mondiale ; le cultivateur ou le patron d’une petite entreprise d’un pays en développement dont l’absence de débouchés peut alimenter l’instabilité politique et la stagnation économique ; les familles dont un membre risque sa vie pour notre pays en Irak, en Afghanistan et ailleurs ; les enfants du monde entier qui méritent un avenir meilleur. Ce sont eux – des centaines de millions ici aux États-Unis et des milliards à travers le monde – dont la vie, les espoirs et les rêves doivent façonner les décisions que nous prenons et les mesures qui s’ensuivent. Et ce sont eux qui nous inspirent, moi et mes collègues, dans le travail que nous tentons de faire jour après jour.

Lorsque nous cherchons à définir notre ordre de priorité en matière de politique étrangère, nous devons tenir compte tout à la fois de ce qui est urgent, de ce qui est important et du long terme. Mais quand bien même nous sommes contraints de nous mettre en mode multitâches – une expression on ne peut plus sexospécifique – nous devons nous fixer un ordre de priorité, dont le président Obama a brossé les grandes lignes dans les discours qu’il a prononcés de Prague au Caire et de Moscou à Accra. Nous voulons inverser la prolifération des armes nucléaires, prévenir leur utilisation et créer un monde libéré de leur menace. Nous voulons isoler et vaincre les terroristes et contrecarrer les extrémistes violents tout en tendant la main aux musulmans du monde entier. Nous voulons encourager et faciliter les efforts des toutes les parties qui visent à poursuivre et à établir une paix de grande envergure au Proche-Orient. Nous voulons favoriser le redressement et la croissance de l’économie mondiale en nous employant à renforcer notre propre économie, à mettre en avant un robuste programme de développement, à accroître un commerce libre et loyal et à relancer les investissements qui créent de bons emplois. Nous voulons combattre les changements climatiques, accroître la sécurité énergétique et jeter les fondements d’un avenir énergétique prospère et propre. Nous voulons appuyer et encourager les États démocratiques qui protègent les droits de leur population et qui produisent des résultats pour elle. Enfin, nous comptons prendre fait et cause pour les droits de l’homme, partout au monde.

La liberté, la démocratie, la justice et les chances de réussir sous-tendent notre ordre de priorité. Certains nous accusent d’invoquer ces idéaux pour justifier des actes qui les contredisent. D’autres nous reprochent de faire trop souvent preuve de condescendance et d’impérialisme et de ne chercher qu’à accroître notre pouvoir aux dépens d’autrui. Ces perceptions, il faut le dire, nourrissent l’anti-américanisme, mais elles ne reflètent pas ce que nous sommes. Il ne fait aucun doute que nous avons perdu du terrain ces dernières années, mais le dommage causé est temporaire. C’est un peu comme mon coude. Il s’améliore de jour en jour.

Que ce soit en Amérique latine ou au Liban, en Iran ou au Libéria, ceux qu’inspire la démocratie, ceux qui comprennent qu’elle ne se borne pas aux élections – mais qu’elle doit aussi protéger les droits des minorités et la liberté de la presse, mettre en place un appareil judiciaire, des assemblées législatives et des organes du pouvoir exécutif robustes, compétents et indépendants –, ceux qui s’appuient sur elle pour produire des résultats, ceux-là verront que les Américains sont leurs amis et non leurs adversaires. Comme le président Obama l’a fait clairement savoir la semaine dernière au Ghana, notre gouvernement incarne la gouvernance responsable et transparente et il est solidaire de ceux qui mettent en place des institutions démocratiques, quel que soit leur pays.

Notre façon d’envisager la politique étrangère doit refléter le monde tel qu’il est aujourd’hui, et non tel qu’il était hier. Il n’est pas raisonnable d’adapter une entente conclue entre des puissances du XIXe siècle ou une stratégie d’équilibre des puissances du XXe siècle. Nous ne pouvons pas faire marche arrière et renouer avec l’endiguement de la guerre froide ou avec l’unilatéralisme.

Aujourd’hui, nous devons reconnaître deux faits inéluctables qui définissent notre monde. En premier lieu, il n’est pas un pays qui soit capable à lui seul de relever tous les défis du monde. Les questions en jeu sont trop complexes. Trop d’acteurs se disputent des sphères d’influence, des puissances émergentes aux grandes sociétés et aux cartels criminels, des ONG à Al-Qaïda, des médias sous le contrôle de l’État aux usagers de Twitter.

En second lieu, la plupart des pays voient d’un œil inquiet les mêmes menaces mondiales, de la prolifération nucléaire aux maladies et au terrorisme, mais ils se heurtent aussi à des obstacles très réels – pour des raisons historiques, géographiques, idéologiques et pour cause d’inertie. Ces obstacles les empêchent de transformer des intérêts communs en une action commune.

Ainsi donc, ces deux faits exigent une architecture mondiale différente, dans laquelle les États sont clairement incités à coopérer et à se montrer à la hauteur de leurs responsabilités et sont fortement dissuadés à rester sur la touche ou à semer la discorde et la division.

Nous allons donc exercer l’autorité des États-Unis pour surmonter ce que les spécialistes de politique étrangère du Conseil et d’autres organismes du même genre qualifient de « problèmes d’action collective » et ce que j’appelle, moi, des obstacles à la coopération. Car tout comme aucun pays ne peut résoudre ces problèmes à lui seul, aucun défi ne peut être relevé sans les États-Unis

Et voilà comme nous procéderons : nous allons passer par les institutions existantes et les réformer. Mais nous irons plus loin encore. Nous allons utiliser notre capacité de réunir et de mettre en rapport les pays du monde entier et nous allons la conjuguer à de judicieuses stratégies de politique étrangère pour établir des partenariats visant à résoudre des problèmes. Nous allons sortir du cadre des États de façon à donner à des acteurs non étatiques et à des particuliers des occasions de contribuer aux solutions.

Nous estimons que cette façon de faire servira nos intérêts en unissant divers partenaires autour de préoccupations communes. Il sera ainsi plus difficile pour d’autres [pays] de se soustraire à leurs responsabilités ou d’abuser de leur pouvoir, mais tous les pays, les groupes ou les particuliers désireux d’assumer la responsabilit ? qui leur incombe auront la possibilité de participer. En résumé, nous jouerons un rôle de chef de file en favorisant une plus grande coopération entre un plus grand nombre d’acteurs, c’est-à-dire en passant progressivement d’un monde multipolaire à un monde composé de multiples partenaires.

Cela dit, nous savons que cette façon de faire ne sera pas une panacée. Nous demeurerons lucides quant à notre but. Tout le monde ne nous veut pas du bien et tout le monde ne partage pas nos valeurs et nos intérêts. Certains s’emploieront activement à saper nos efforts. Nos partenariats pourront alors se transformer en coalitions visant à contrecarrer ou à dissuader de tels actes préjudiciables.

À ces ennemis actuels et éventuels, permettez-moi de dire que l’importance que nous accordons à la diplomatie et au développement ne remplace pas notre arsenal sécuritaire national. Notre volonté de dialogue n’est pas un signe de faiblesse à exploiter. Nous n’hésiterons pas à défendre vigoureusement nos alliés, nos intérêts et, avant tout, notre peuple, en ayant recours si besoin est à la plus puissante armée du monde. Ce n’est ni une solution que nous rechercherons ni une menace ; c’est une promesse faite à tous les Américains.

Pour instaurer un système de coopération mondiale, nous devons définir des mesures adéquates et nous servir d’outils adéquats. Je fais souvent référence à la notion de « pouvoir intelligent » car elle est au cœur même de nos réflexions et de nos processus de décision. Elle se définit par l’usage intelligent de tous les moyens à notre disposition, y compris notre capacité à rassembler et à nouer des liens. Elle se définit par notre puissance économique et militaire ; notre capacité à créer des entreprises et à innover ; et les qualifications et la crédibilité de notre nouveau président et de son équipe. Cette notion consiste également à faire preuve d’un bon sens traditionnel lors de la formulation de la politique. Elle allie à la fois principes et pragmatisme.

Ce pouvoir intelligent se traduit par des orientations précises dans cinq domaines.
 Premièrement, nous avons l’intention de moderniser et de créer des moyens de coopération avec nos partenaires ;
 deuxièmement, nous chercherons à engager un dialogue avec ceux qui ne sont pas d’accord avec nous, tout en respectant nos principes ;
 troisièmement, nous ferons du développement l’un des principaux piliers du pouvoir américain ;
 quatrièmement, nous intégrerons action civile et action militaire dans les zones de conflit ; et
 cinquièmement, nous exploiterons les principales sources du pouvoir américain, y compris notre puissance économique et l’importance de l’exemple que nous montrons.

« Moderniser et créer des moyens de coopération avec nos partenaires »

Notre première approche consiste à mettre en place des mécanismes de coopération renforcés avec nos alliés historiques, avec les puissances émergentes et avec les institutions multilatérales et à mener cette coopération, comme je l’ai dit, avec pragmatisme et conformément à nos principes. Cela ne nous paraît pas contradictoire, mais au contraire complémentaire.

Nous avons commencé par revitaliser nos alliances les plus solides, qui s’étaient détériorées au cours des dernières années. En Europe, cela signifie une amélioration des relations bilatérales, un partenariat plus productif avec l’Union européenne et une OTAN redynamisée. L’OTAN est à mon avis la plus grande alliance de l’histoire, mais elle a été conçue à l’époque de la Guerre froide. La nouvelle OTAN est maintenant une communauté démocratique composée de près d’un milliard de personnes, allant de la Baltique à l’Est à l’Alaska à l’Ouest. Nous sommes en train de moderniser l’orientation stratégique de cette organisation afin qu’elle soit aussi efficace durant ce siècle-ci qu’elle l’a été au siècle précédent.

Parallèlement, nous coopérons avec d’importants alliés avec qui nous avons signé des traités – le Japon et la Corée, l’Australie, la Thaïlande et les Philippines et d’autres partenaires, en vue de renforcer nos relations bilatérales, ainsi que les institutions transpacifiques. Nous sommes une nation à la fois transatlantique et transpacifique.

Nous nous emploierons aussi tout particulièrement à encourager des puissances mondiales, bien établies ou émergentes – la Chine, l’Inde, la Russie et le Brésil, ainsi que la Turquie, l’Indonésie et l’Afrique du Sud – à jouer un rôle de partenaire à part entière dans le cadre de l’action à mener sur le plan international. Je tiens à souligner l’importance de cette tâche, ainsi que mon engagement personnel à cet égard. L’obtention de solutions aux problèmes collectifs et la concrétisation de nos priorités – la non-prolifération, la lutte contre le terrorisme, la croissance économique, l’adaptation aux changements climatiques, entre autres – ne peuvent se faire sans ces États. Avec eux, nous respecterons scrupuleusement nos principes tout en cherchant un terrain d’entente.

Cette semaine, je vais me rendre en Inde. Le ministre indien des Affaires extérieures, M. Krishna et moi-même allons définir un vaste programme d’action dans le cadre duquel nos relations bilatérales seront envisagées à l’échelle de l’ensemble du gouvernement. Dans le courant du mois, le ministre des finances, M. Geithner, et moi mèneront ensemble notre nouveau dialogue stratégique et économique avec la Chine. Il ne s’agira pas seulement de questions économiques, mais également des divers problèmes stratégiques auxquels nous nous heurtons. À l’automne, je me rendrai en Russie pour promouvoir la commission présidentielle binationale que le ministre russe des Affaires étrangères, M. Lavrov, et moi co-présiderons.

Ces rencontres et d’autres réunions ne garantissent pas que nous obtiendrons des résultats, mais elles mettent en marche des processus et établissent des relations qui élargiront nos possibilités de coopération et réduiront les risques de désaccord sans illusion. Nous savons que les progrès ne se réaliseront certainement pas rapidement, ni sans difficultés occasionnelles, mais nous sommes résolus à nous engager sur cette voie et à y rester.

Nos institutions mondiales et régionales ont été conçues pour un monde qui a depuis évolué ; elles aussi doivent donc évoluer et être réformées. Comme le président l’a déclaré à la suite de la réunion récente du G8 en Italie, nous voulons des institutions qui « associent efficacité, capacité d’action et représentativité ». Qu’il s’agisse de l’ONU ou de la Banque mondiale, du FMI ou du G8 et du G20, de l’OEA et du Sommet des Amériques ou de l’ANASE et de l’APEC – toutes ces institutions et d’autres encore ont un rôle à jouer, mais pour demeurer dynamiques et ne pas perdre de leur pertinence, il faut qu’elles aient une raison d’être et soient représentatives et que leurs membres puissent agir rapidement et de façon responsable lorsque surgissent des problèmes.

Nous ne nous adresserons pas seulement aux pouvoirs publics, car nous estimons que les partenariats avec la population occupent une place essentielle dans notre rôle d’État au XXIe siècle. Le discours que le président Obama a prononcé au Caire constitue un parfait exemple de cette communication directe avec la population, à partir de la base. Et nous poursuivrons cette approche avec un vaste ensemble de programmes d’échange éducatif, de communication et de projets de création d’entreprise. Dans tous les pays où je me rends, je cherche des possibilités de renforcer la société civile et de dialoguer avec les habitants, qu’il s’agisse d’un débat public à Bagdad – une première dans ce pays – ou de participer à une émission télévisée locale qui s’adresse à un vaste public de jeunes ou encore de rencontrer des militants œuvrant en faveur de la démocratie, des veuves de guerre ou des étudiants.

J’ai nommé des envoyés spéciaux chargés de s’occuper d’un certain nombre de questions précises, y compris le premier ambassadeur chargé de la situation des femmes dans le monde, ainsi qu’un ambassadeur qui a pour mission d’instaurer des partenariats entre secteur public et secteur privé et de faire participer les communautés d’immigrés des États-Unis afin d’améliorer la situation dans leur pays d’origine. Au département d’État, nous faisons en sorte que notre gouvernement utilise les technologies les plus novatrices non seulement pour dialoguer de part et d’autres des frontières, non seulement pour assurer le fonctionnement continuel de ces technologies, mais pour créer davantage de possibilités, surtout pour ceux qui sont trop souvent exclus. Nous agissons ainsi parce qu’en nous adressant directement à la population, nous l’encourageons à accepter de coopérer avec nous, et notre partenariat avec son gouvernement est alors plus solide et plus durable.

Nous avons également commencé à faire preuve de plus de souplesse et de pragmatisme avec nos partenaires. Nous n’allons pas être d’accord sur tous les points. Le respect scrupuleux de nos principes ne devrait pas nous empêcher de coopérer avec eux lorsque c’est possible. Nous ne dirons donc pas à nos partenaires que c’est à prendre ou à laisser et nous n’insisterons pas non plus pour qu’ils soient soit avec nous, soit contre nous. Ce serait, dans le monde actuel, une grave erreur de portée planétaire.

Notre diplomatie à l’égard de la Corée du Nord en est un parfait exemple. Nous avons déployé d’importants moyens diplomatiques pour obtenir un consensus au sein du Conseil de sécurité (de l’ONU) en réaction aux provocations de la Corée du Nord. Je me suis entretenue à de nombreuses reprises avec mes homologues japonais, sud-coréen, russe et chinois, afin de m’informer de leurs préoccupations, d’exprimer clairement nos principes et les limites à ne pas dépasser et de définir la voie à suivre. Cela a conduit, à court terme, à l’adoption à l’unanimité de deux résolutions du Conseil de sécurité assorties de mesures concrètes et de réelles conséquences pour la Corée du Nord et à la participation active, à nos côtés, de la Chine, de la Russie et de l’Inde pour persuader d’autres pays d’appliquer ces résolutions. À long terme, nous pensons que cela permettra de renforcer notre action commune en vue de parvenir à la dénucléarisation complète et vérifiable de la péninsule coréenne.

Il faut du temps et de la patience pour cultiver l’ensemble de ces partenariats. Il faut également de la persévérance. Cela ne veut pas dire pour autant que l’on peut remettre à plus tard des questions urgentes, ni retarder des efforts qui ne porteront leurs fruits que des années plus tard. Comme l’a dit Max Weber dans l’une de mes citations préférées, « La politique est le long et lent taraudage de planches de bois dur. Cela exige à la fois de la passion et de savoir prendre du recul. » Passion et patience sont régies par cette capacité à prendre du recul. Et bien sûr, c’est la passion qui nous empêche de trouver des prétextes pour ne pas agir.

Je sais bien que le temps ne suffira pas à guérir toutes les plaies ; je pense par exemple au conflit palestino-israélien. C’est pourquoi nous avons entrepris dès le premier jour, sans perdre le moindre instant, un effort intensif visant à réaliser le droit des Palestiniens et des Israéliens à vivre en paix et en sécurité dans deux États, ce qui est dans l’intérêt des États-Unis et du monde entier. Nous coopérons avec les Israéliens afin de remédier au problème des implantations, d’améliorer les conditions de vie des Palestiniens et d’instaurer des conditions propices à l’établissement d’un État palestinien viable. Depuis plusieurs décennies, les gouvernements américains qui se sont succédé ont adopté des positions très similaires sur la question des implantations. Nous attendons d’Israël qu’il agisse, mais nous savons que de telles décisions sont difficiles à prendre sur le plan politique.

Et nous savons que les progrès à réaliser sur la voie de la paix ne peuvent relever de la seule responsabilité des États-Unis – ou d’Israël. Il faut, pour mettre fin au conflit, que tous les intéressés prennent les mesures nécessaires. Il incombe aux Palestiniens d’améliorer et d’étendre les mesures positives qu’ils ont déjà prises en matière de sécurité, de combattre vigoureusement tout incitation à la violence et de se garder de toute action qui compromettrait la tenue de véritables négociations.

Et il incombe aux États arabes qui ont le devoir de soutenir l’Autorité palestinienne par leurs propos et par leurs actes, de prendre des mesures pour améliorer leurs relations avec Israël et de préparer leurs populations à accepter la paix et la place d’Israël dans la région. Le plan saoudien de paix, qui jouit du soutien de plus de vingt pays, est un élément positif, mais nous pensons qu’il faut faire plus. Nous demandons donc à ceux qui soutiennent ce plan de prendre des mesures significatives dès maintenant. Anouar Sadate et le roi Hussein ont franchi des étapes importantes, et leur audace et leur perspicacité ont mobilisé les milieux pacifistes en Israël et préparé le terrain pour la conclusion d’accords durables. En donnant leur soutien aux Palestiniens et en offrant une ouverture, aussi modeste soit-elle, aux Israéliens, les États arabes pourraient exercer la même influence. Je dis donc à toutes les parties : envoyer des messages de paix ne suffit pas. Vous devez aussi agir contre la culture de haine, d’intolérance et d’irrespect qui perpétue ce conflit.

« Engager un dialogue avec ceux qui ne sont pas d’accord avec nous, tout en respectant nos principes »

Notre deuxième méthode de mise en œuvre de notre politique étrangère est la diplomatie, même dans les cas d’adversaires ou de pays qui sont en désaccord avec nous. Nous croyons que la diplomatie permet de promouvoir nos intérêts et nous place en meilleure position pour jouer un rôle de premier plan avec nos partenaires. Nous ne devons pas avoir peur de discuter, ni manquer de volonté de le faire. Pourtant, d’aucuns suggèrent que c’est un signe de naïveté ou d’acceptation de la répression qu’exercent certains pays sur leur peuple. Je pense que c’est faux. Tant que la discussion est susceptible d’avancer nos intérêts et nos valeurs, il serait malavisé de ne pas y recourir. Des négociations peuvent en outre faire la lumière sur les calculs que font certains gouvernements et offrent la possibilité – aussi ténue soit-elle – que ces gouvernements finissent par modifier leur comportement afin de bénéficier des avantages du retour dans le giron de la communauté internationale. La Libye en est un exemple. L’exploitation de toutes les possibilités de dialogue est aussi plus susceptible d’amener nos partenaires à exercer des pressions en cas d’échec de la persuasion.

En gardant ceci à l’esprit, je tiens à dire quelques mots au sujet de l’Iran. Nous avons observé l’énergie qui a sous-tendu l’élection iranienne avec une grande admiration, mais nous avons été horrifiés par la façon dont le gouvernement s’est servi de la violence pour étouffer la voix des Iraniens et tenté ensuite de dissimuler ce qu’il avait fait en arrêtant des journalistes, tant iraniens qu’étrangers, en les expulsant et leur coupant tout accès aux moyens techniques de communication. Comme nous et nos partenaires du G8 l’avons clairement indiqué, ces actes sont déplorables et inacceptables. Nous savons très bien de quoi nous avons hérité avec l’Iran, parce que nous nous heurtons chaque jour à cet héritage. Nous savons que refuser de traiter avec la République islamique n’a pas réussi à stopper la marche de l’Iran vers l’armement nucléaire, à réduire son soutien au terrorisme ou à améliorer la façon dont ce pays traite ses habitants.

Ni le président ni moi-même ne nous faisons d’illusions sur le fait que le dialogue avec la République islamique garantira un succès quelconque, et les perspectives ont sans aucun doute changé dans les semaines qui ont suivi l’élection. Toutefois, nous comprenons aussi qu’il est important d’offrir de discuter avec l’Iran et de donner à ses dirigeants un choix clair : se joindre à la communauté internationale en tant que membre responsable ou continuer sur la voie d’un plus grand isolement.

Des discussions directes sont le meilleur moyen de présenter et d’expliquer ce choix. C’est pourquoi nous avons offert une possibilité certaine aux responsables iraniens : l’Iran n’a pas le droit de posséder une capacité nucléaire militaire, et nous sommes résolus à l’en empêcher. Mais il a droit à une puissance nucléaire civile s’il regagne la confiance de la communauté internationale quant à son utilisation exclusivement pacifique de ces programmes.

L’Iran peut devenir un acteur constructif dans la région s’il cesse de menacer ses voisins et de soutenir le terrorisme. Il peut occuper une place responsable au sein de la communauté internationale s’il remplit ses obligations au regard des droits de l’homme. Le choix à faire est clair. Nous sommes toujours prêts à discuter avec l’Iran, mais le temps de l’action est arrivé. Cette porte ne restera pas ouverte indéfiniment.

« Faire du développement l’un des principaux piliers du pouvoir américain »

Notre troisième approche, à laquelle j’accorde personnellement une grande priorité en tant que secrétaire d’État, et de faire du développement un pilier essentiel de la puissance américaine. En améliorant les conditions de vie des peuples du monde entier, nous renforçons notre sécurité, notre prospérité et nos valeurs. En accroissant les capacités de nos nouveaux partenaires et en attaquant des problèmes communs à la racine, ces efforts facilitent également une plus grande coopération à l’échelle mondiale.

L’un des principaux objectifs du bilan quadriennal de la diplomatie et du développement que j’ai annoncé la semaine dernière est d’explorer les moyens de concevoir, de financer et de mettre en œuvre efficacement des programmes de développement et d’aide à l’étranger dans le cadre plus vaste de notre politique étrangère. Reconnaissons les faits. La part de notre budget que nous avons consacrée au développement est inférieure à celle de presque tous les autres pays industriels. De plus, trop peu des sommes que nous avons dépensées ont entraîné des progrès réels et durables. Trop de fonds n’ont jamais atteint les cibles visées. Ils sont restés aux États-Unis pour payer des salaires ou des frais de fonctionnement. Je suis résolue à collaborer davantage avec les ONG, mais je veux qu’une plus grande partie de l’argent de nos contribuables soit utilisée de façon efficace et qu’elle donne des résultats tangibles.

Au fur et à mesure que nous rechercherons des partenariats plus souples, plus efficaces et plus novateurs dans le domaine du développement, nous concentrerons notre attention sur des solutions adaptées aux pays intéressés, comme celles que nous sommes en train de mettre en œuvre à Haïti pour la relance et le développement durable, et de concert avec certains États africains pour lutter contre la faim dans le monde. Ces initiatives ne doivent pas être conçues pour aider les pays à vivoter. Elles doivent être un outil leur permettant de devenir autonomes.

Notre programme en matière de développement se concentrera également sur les femmes en tant que moteurs de la croissance économique et de la stabilité sociale. Les femmes constituent depuis longtemps la majorité des personnes en mauvaise santé, illettrées et sous-alimentées, ainsi que des personnes les plus pauvres du monde. La récession économique mondiale a un effet disproportionné sur les femmes et les filles, ce qui a des répercussions sur les familles, les collectivités, voire des régions entières. Tant que les femmes du monde entier ne jouiront pas de leurs droits – et qu’elles n’auront pas de possibilités d’obtenir une éducation, des soins médicaux et des emplois rémunérés – le progrès et la prospérité dans le monde seront limités.

« Intégrerons action civile et action militaire dans les zones de conflit »

Notre quatrième approche consiste à faire en sorte que les efforts civils et militaires soient coordonnés et complémentaires en période de conflit. Ce principe est au cœur de notre stratégie en Afghanistan et en Irak, où nous sommes en train de coordonner nos efforts avec nos partenaires internationaux.

En Afghanistan et au Pakistan, notre objectif est de perturber, de démanteler et, au bout du compte, de battre Al-Qaïda et ses alliés extrémistes, et d’empêcher leur retour dans ces deux pays. Pourtant, les Américains posent souvent cette question : pourquoi demandons-nous à nos jeunes hommes et à nos jeunes femmes de risquer leur vie en Afghanistan quand les chefs d’Al-Qaïda sont au Pakistan ? Cette question mérite une bonne réponse : nous et nos alliés combattons en Afghanistan parce que les talibans protègent Al-Qaïda, dépendent de son soutien et coordonnent parfois des activités avec ce réseau. En d’autres termes, afin d’éliminer Al-Qaïda, nous devons aussi lutter contre les talibans.

Nous savons bien sûr que tous ceux qui combattent aux côtés des talibans ne soutiennent pas nécessairement Al-Qaïda, ni ne croient au bien-fondé de la politique extrémiste qu’avaient mise en œuvre les talibans lorsqu’ils étaient au pouvoir. Aujourd’hui, avec nos alliés afghans, nous sommes prêts à accepter tout partisan des talibans qui renonce à Al-Qaïda, qui dépose ses armes et qui est disposé à prendre sa place au sein d’une société libre et ouverte telle qu’elle est prescrite par la Constitution afghane.

Afin d’atteindre ces objectifs, le président Obama est en train de déployer 17.000 soldats et 4.000 formateurs militaires supplémentaires en Afghanistan. Nous sommes également en train de déployer, et c’est tout aussi important, des centaines de civils américains recrutés directement afin de prendre la tête d’un nouvel effort de renforcement du gouvernement afghan, d’aider à reconstruire un secteur agricole autrefois florissant, de créer des emplois, d’encourager la règle de droit, d’offrir des débouchés aux femmes et de former la police afghane. Personne ne devrait douter de notre engagement vis-à-vis de l’Afghanistan et de son peuple. Toutefois, ce sont les Afghans eux-mêmes qui détermineront leur avenir.

Au fur et à mesure que nous avançons, nous ne devons pas oublier que l’Afghanistan a également besoin d’une coopération étroite de la part du Pakistan, où je dois me rendre à l’automne. Le Pakistan subit lui-même une forte pression des groupes extrémistes. La coopération trilatérale entre l’Afghanistan, le Pakistan et les États-Unis a établi la confiance et permis de progresser sur de nombreux fronts. Notre sécurité nationale, ainsi que l’avenir de l’Afghanistan, dépendent d’un Pakistan stable, démocratique et économiquement viable. Aussi nous félicitons-nous de la résolution renouvelée des Pakistanais de contrer les militants qui menacent leur démocratie et notre sécurité commune.

En Irak, nous sommes en train de renforcer notre diplomatie et nos programmes de développement tout en mettant en œuvre un plan responsable de retrait de nos troupes. Le mois dernier, nos troupes de combat de sont redéployées avec succès en dehors des villes. Maintenant, notre principal objectif est de dépasser les questions de sécurité pour nous consacrer aux efforts civils de promotion des capacités irakiennes, de soutenir les travaux des ministères irakiens et de les aider à établir l’unité nationale. Nous sommes également en train de développer nos relations économiques et politiques à long terme avec l’Irak telles qu’elles sont envisagées dans l’Accord-cadre stratégique. Cet accord forme la base de notre coopération future avec l’Irak et les Irakiens, et j’ai hâte de discuter de sa mise en œuvre avec le premier ministre irakien, M. Maliki, lorsqu’il viendra à Washington la semaine prochaine.

« Exploiter les principales sources du pouvoir américain, y compris notre puissance économique et l’importance de l’exemple que nous montrons »

Notre cinquième approche consiste à étayer les sources traditionnelles de notre influence – y compris notre vitalité économique et la force de notre exemple. Nous avons renouvelé nos propres valeurs en interdisant la torture et en commençant à fermer le centre de détention de Guantanamo. Et nous avons été francs au sujet de notre part de responsabilité dans des problèmes tels que le trafic des stupéfiants au Mexique et les changements climatiques. Lorsque j’ai admis l’évidence au sujet de notre rôle dans l’actuel conflit qui oppose le Mexique aux narcotrafiquants, certains m’ont critiquée. Ils n’ont pas compris l’essentiel. Notre capacité d’assumer nos responsabilités et notre volonté de changer, de faire ce qui est juste sont elles-mêmes des manifestations de la grandeur de notre nation et des atouts stratégiques qui peuvent nous aider à forger des coalitions au service de nos intérêts.

Cela ne fait aucun doute lorsqu’il s’agit de grandes questions prioritaires telles que la non-prolifération et les changements climatiques. Le président Obama entrevoit un monde débarrassé des armes nucléaires et s’est engagé envers une série de mesures concrètes visant à réduire la menace et la prolifération de ces armes. Il a l’intention de coopérer avec le Sénat en vue de la ratification de l’accord de suivi au traité START et le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, d’assumer de plus grandes responsabilités dans le cadre du Traité de non-prolifération et de réunir des chefs d’État et de gouvernement ici à Washington, l’année prochaine, pour un sommet nucléaire. Nous devons également exhorter d’autres pays à prendre des mesures concrètes pour promouvoir notre programme commun de non-prolifération.

Notre gouvernement est également résolu à réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre, grâce à un plan qui bouleversera la façon dont nous produisons, consommons et économisons l’énergie, qui entraînera dans son sillon une véritable explosion des investissements et qui créera des millions d’emplois. Nous devons exhorter tous les autres pays à respecter leurs obligations et à saisir les chances de création d’un avenir où l’énergie sera propre.

Sur le plan national, nous sommes en train de relancer notre économie afin de renforcer notre puissance et nos capacités à l’étranger, particulièrement en ces temps de tourmente économique. Il est vrai que ce n’est pas une priorité traditionnelle du secrétaire d’État, mais je soutiens vigoureusement le plan de relance et de croissance que je considère comme un pilier de notre influence dans le monde. Et je suis résolue à redonner au département d’État un rôle important au sein de l’ensemble du gouvernement lorsqu’il s’agit de la formulation de la politique économique internationale. Nous veillerons à ce que notre politique économique – le commerce et les investissements, l’annulation de la dette, les garanties de prêts, l’assistance technique, le droit du travail – soutienne les objectifs de notre politique étrangère. Associée à un effort rationnel en matière de développement, notre politique économique peut déboucher sur une meilleure forme de mondialisation, réduisant l’amertume que ses détracteurs ont manifestée ces dernières années et sortant des millions de personnes de la pauvreté.

Enfin, je suis résolue à faire en sorte que les hommes et les femmes de notre service diplomatique et nos fonctionnaires civils disposent des ressources dont ils ont besoin pour mettre en œuvre ces priorités de façon efficace et sûre. C’est pourquoi j’ai nommé pour la première fois un secrétaire d’État adjoint à la gestion et aux ressources. C’est pourquoi nous œuvrons avec acharnement pour obtenir des fonds supplémentaires pour le département d’État et l’USAID. C’est pourquoi nous nous préparons à doubler l’aide à l’étranger au cours des prochaines années. Et c’est pourquoi nous sommes en train de mettre en œuvre un plan qui augmentera considérablement le nombre de diplomates et de spécialistes du développement.

De même que nous ne refuserions pas des munitions à des soldats américains en route pour le champ de bataille, nous ne pouvons pas déployer notre personnel civil sur le terrain sans l’équipement nécessaire. Si nous n’investissons pas dans la diplomatie et le développement, nous finirons par dépenser beaucoup plus du fait de conflits et de leurs conséquences. Comme l’a dit le ministre de la défense, M. Gates, la diplomatie est un instrument indispensable de notre sécurité nationale, et c’est le cas depuis que Franklin, Jefferson et Adams ont obtenu des appuis étrangers pour l’armée de Washington.

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Certes, tout cela constitue un programme très ambitieux, mais le monde ne peut pas s’offrir le luxe de choisir ou d’attendre. Comme je l’ai dit au début, nous devons nous attaquer à tous les problèmes en même temps, qu’ils soient urgents, importants ou à long terme.

Nous sommes à la fois les témoins et les responsables de changements considérables. Nous ne pouvons pas être des observateurs passifs. Nous sommes résolus à canaliser les courants du changement vers un monde libéré de l’extrémisme violent, des armes nucléaire, du réchauffement climatique, de la pauvreté et des violations des droits de l’homme, et, par dessus tout, un monde dans lequel de plus en plus de gens, dans de plus en plus de pays, pourront réaliser leur potentiel inné.

L’architecture de coopération que nous cherchons à mettre en place permettra d’avancer tous ces objectifs, en utilisant notre puissance non pour dominer ou diviser, mais pour résoudre des problèmes. C’est l’architecture du progrès pour les États-Unis et tous les pays.

Il y a plus de 230 ans, Thomas Paine a dit que nous avions le pouvoir de refaire le monde. Aujourd’hui, en cette ère nouvelle et fondamentalement différente, nous sommes de nouveau appelés à utiliser ce pouvoir. Je crois que nous avons la stratégie, les priorités, la politique et le président qu’il faut, et que le peuple américain, dans toute sa diversité, est résolument tourné vers l’avenir.

Maintenant, il ne nous reste plus qu’à nous atteler à la tâche. Je vous remercie tous.