Au nom d’Allah, le Miséricordieux !
Messieurs les Présidents,

Tout d’abord je prends la parole au nom de l’Union africaine et nous saluons le compagnon Raul Castro et Cuba qui a eu à diriger ce mouvement durant trois années. Je salue le beau discours qu’il a prononcé et le partage parfaitement avec lui.

Je salue mon cher frère, le Président Hosni Moubarak pour la mission qui lui a été confiée de diriger ce Mouvement pour les trois années à venir et nous lui souhaitons plein succès. Nous remercions l’Egypte pour toutes les facilités et toutes les dispositions prises pour nous rendre notre séjour merveilleux.

J’ai des observations, à mon avis, d’une grande importance sur le Mouvement des Non-alignés. C’est connu que ce Mouvement a été mis sur pied dans des circonstances particulières tout autre que celles que vit le monde aujourd’hui. De toute évidence, ces circonstances ont changé. Nous annoncions, en effet, que le non-alignement n’était ni le camp de l’Est ni celui de l’occident. C’est pourquoi nous n’avions pas intégré ni le Pacte de Varsovie ni l’Alliance de l’Atlantique Nord ; ainsi été né l’expression de « Non-alignement ».

Je suis l’un de quelques contemporains qui ont fondé ce Mouvement… les pères historiques étaient Jamal Abdel Nasser, Tito… J’ai œuvré avec eux dans ce Mouvement. Toutefois, en toute sincérité, même en ce temps-là, le Mouvement n’était pas Non-aligné, ce d’autant plus que la majorité des forces de libération, des forces de progrès, des forces révolutionnaires se trouvaient en ce moment au sein de ce mouvement lequel n’était guère à égale distance de Moscou et de Washington. Cela explique que la majorité des membres de ce mouvement étaient en bons termes avec l’Union Soviétique. Et l’Union soviétique appuyait les mouvements de libérations. Nous luttions contre l’impérialisme, contre le colonialisme occidental, le capitalisme, l’impérialisme militaire. Jamal Abdel Nasser dirigeait le combat contre le sionisme que soutenait l’impérialisme. Il était allié à l’Union soviétique dans ce combat historique. Ainsi donc, depuis ce temps-là, nous étions alignés, en réalité à la partie où se trouvait notre intérêt. De même, nous ne portions pas le même regard à l’Union soviétique et aux Etats-Unis d’Amérique.

De ce point de vu, il y avait des membres du Mouvement des Non-alignés qui étaient en réalité alignés du côté du camp occidental. Y compris la Libye, puisqu’il y avait la révolution et elle était sous occupations états-unienne et britannique et suivait le camp occidental.
D’autres Etats à l’exemple de la Libye avaient des bases militaires et étaient alliés aux forces colonialistes en ce temps-là. Mais en dépit de tout cela, nous nous réunissions en tant que Mouvement Non-aligné et nous usions la métaphore du mouvement de non-aligné.

Aujourd’hui, il n’y a plus d’alliance de SOFIA. Il n’y a plus d’Union soviétique. Il n’y a plus de Mouvements de libération puisque la phase de libération est terminée. Il n’y a non plus de colonialisme militaire direct comme c’était le cas avant, ni de lutte armée contre un colonialisme direct.

En deuxième analyse, nous sommes en présence d’une situation nouvelle avec des défis nouveaux.

Il nous appartient d’adopter une position nouvelle. Notre espoir est que cela se réalise sous le Président Hosni Moubarak. Il nous faut prendre la mesure de la position internationale, de sorte que le monde puisse tirer avantages de ce grand regroupement des nations.

Nous constituons une écrasante majorité au sein des Nations-unies, encore faut-il que nous nous accordions sur des stratégies et des politiques internationales. Nous influerons sur la paix mondiale, nous pèserons sur l’économie mondiale et sur la vie de l’humanité. Il ne s’agit pas de faire notre réunion, une routine répétitive de non-alignement dont le sens aujourd’hui manque de précision.

Il nous faut nous parer de rôle international qui influe sur la vie du monde d’aujourd’hui. A l’exemple de ce que nous étions dans le passé, certains alignés sur l’Est et d’autres, su l’Ouest. Aujourd’hui cela se présente pareillement avec des bases militaires et des alliances. Il y a dépendance à d’autres Etats ou par rapport au camp qui subsiste aujourd’hui. Et pour autant, nous nous réunissons.

Je veux dire, nous ne sommes pas dotés d’institutions et cela ne s’avère pas compatible avec la nature de notre mouvement qui devrait être pourvu d’Institutions de direction à l’exemple des unions régionales comme l’union africaine, les Nations-unions, la Ligue arabe et j’en passe.

Nous sommes un grand rassemblement. Nous avons ce qui est peut être nommé bureau de coordination. Il faudrait aider le frère Président Hosni Moubarak à évaluer ce qui doit être le seul instrument qu’il nous faudrait préserver, en faisant l’économie de nous impliquer dans d’autres mécanismes comme les organisations régionales ou onusiennes, que j’avais évoquées.

Toutefois, il faut que ce mouvement soit pourvu d’un bureau de coordination efficient. Il n’a pas aujourd’hui de bureau de coordination mais nous divergeons dans le nombre de sa composante, dans la représentation des Etats en son sein de sorte que le nombre de membres du bureau est devenu le même que le nombre des Etats, membres du mouvement. Ce n’est pas pratique ! Ce bureau de coordination doit être un centre. Et si nous voulions que des domaines soient englobés par ce bureau, sans pour autant leur concevoir des mécanismes, que cela soit fait ainsi. Le bureau de coordination pourrait être pourvu de bureaux, de sections, de divisions, qui prendront en charge l’information du mouvement, les affaires économiques, etc… c’est là quelque chose que pourront préciser les experts.

Je souhaite que nous aboutissions à un accord, ensemble, ici à ce sommet, sur l’importance de la consolidation du bureau de coordination du mouvement pour qu’il soit un instrument très puissant et c’est le bureau qui administre les affaires du mouvement.

Ensuite, la Libye avait eu à proposer dans l’ordre du jour, la formation d’un Conseil de Sécurité et de paix du mouvement des non-alignés. Les ministres ne se sont pas accordés sur ce point et l’ont écarté pour plus d’études. C’est là une occasion à travers laquelle je voudrais préciser aux ministres, qui sans doute n’ont pas compris la philosophie de cette proposition, ceci :

Nous sommes la majorité écrasante au sein des Nations-Unies. Toutefois et en dépit de cela, nous sommes soumis à ce qui est nommé Conseil de sécurité international qui en réalité ne nous représente pas et nous n’y avons aucune influence et n’y avons en plus, aucune voix. Le Conseil de sécurité international est monopolisé par un groupe très restreint, ceux disposant de sièges permanents. Même ceux qui sont pourvus de sièges permanents se trouvent sur la domination de l’une des superpuissances au sein du conseil de sécurité. Ainsi s’est faite la réduction du conseil de sécurité à un seul Etat qui le domine. Ceci constitue un danger pour la paix mondiale. Le conseil de sécurité est devenu un instrument aux mains d’une seule partie. Il n’est pas international. Etre international suppose qu’il est à nous tous. Aujourd’hui, il n’est pas pour nous tous, il est pour ceux qui y ont la mainmise.

Au final, nous avons tous souffert du Conseil de sécurité international… c’est devenu une épée menaçant nos cous. Les Nations-unies qui comptent prés de 200 Etats sont devenues du néant.

L’Assemblée générale n’est qu’un lieu de cérémonie, un décor pourtant considérée le parlement du monde. Ce sont les législateurs… toutes les nations sont pour l’assemblée générale et non pour le Conseil de sécurité.

C’est delà qu’est apparue la proposition qui veut que le mouvement doit former un conseil de sécurité et de paix.

D’abord, tout litige entre pays membres de ce mouvement - nous sommes cent dix-huit jusqu’ici – nous devons le faire traiter à ce conseil de sécurité ; pour que vous compreniez l’esprit de cette philosophie. Nous ne le confierons pas au conseil de sécurité dit international en lequel nous n’avons pas foi, ni n’avons pas d’influence sur lui et qui est traditionnellement utilisé contre nous et qu’habituellement, il ne se préoccupe pas de nos problèmes.
Ainsi nous mettons sur pied un conseil de sécurité et de paix, pour notre Mouvement. Nous soulagerons le conseil de sécurité international, instrument qui n’a pas notre approbation. Un poids de plus de 100 Etats dont les problèmes n’iront plus au conseil de sécurité international, ils iront au conseil de sécurité des non-alignés où les problèmes seront résolus de manière démocratiques ; où il perdura l’équité, où il y aura l’intimité car nous sommes tous égaux membres de ce mouvement.

Lorsque surviendront des problèmes entre-nous, nous les soumettrons au conseil de sécurité qui relève de la compétence du mouvement qui les résoudra dans l’esprit fort du mouvement… avec l’esprit d’amitié, de fraternité, de camaraderie, d’alliance entre nous. Il n’existera pas de domination au sein du mouvement des non-alignés pour que nous prenions peur de cette domination.

Je souhaite que soit revu ce à quoi sont parvenus les ministres sur ce sujet et que dès lors, ce soit au sommet de statuer sur la question. Pour moi, je vois la nécessité dans la mise en œuvre de ce conseil.

Maintenant, l’action se passe en dehors des Nations-unies depuis l’ère du Président appelé Reagan en Amérique et un Premier ministre nommé Thatcher en Angleterre. C’est en se moment que le train est sorti des rails. Imaginez l’état des infrastructures et des gens après la sortie du train des rails et voyons la destruction qu’il cause au monde. L’action est hors des nations unies, la cour de justice internationale n’est pas respectée et ses décisions ne sont pas exécutées. Le conseil de sécurité sans pouvoir sur les « grands » mais seulement contre nous.

Cela veut dire que le monde souffre d’un déséquilibre sur le plan international qui porte atteinte à la paix mondiale.

Ce qui s’est produit en Irak a été en dehors des Nations-unies ; pareil pour l’Afghanistan, Grenade, Panama, l’ex-Yougoslavie. Maintenant, c’est grave ! L’action néglige la Charte des Nations-unies, passe hors des Nations-unies, sous ses décisions et sans son aval.

Donc, nous ne sommes plus rassurés à propos du rôle des nations-unies surtout que nous n’avons aucune influence sur elle malgré que nous formons la majorité écrasante. L’influence est concentrée dans le conseil de sécurité et nous ne jouissons de rien.

C’est aussi dans cette logique que l’Union africaine a formulé sa proposition. Elle est composée de 53 Etats, d’où la nécessité pour elle d’avoir un siège permanent doté de toutes les prérogatives parmi lesquelles le droit de veto.

Je crois qu’il n’y aurait aucune opposition lors du prochain sommet pour qu’on soumette à l’Assemblée générale des nations-unies, cette revendication et que l’Afrique ait un siège permanent au sein du Conseil de sécurité pour pallier le déséquilibre existant. Je crois aussi que cette demande va avoir l’aval collectif du Mouvement des Non-alignés.

Aujourd’hui le rapport de force est très déséquilibré. La balance penche en faveur du nord car les USA, l’Angleterre, la France et même la Fédération de Russie et la Chine qui fait partie du tiers-monde, tous ces pays ont des sièges permanents au conseil de sécurité.

Mais le sud dans son entier - l’Amérique du sud, l’Afrique, le Sud de l’Asie - n’a pas d’existence au sein du conseil de sécurité. Il n’existe que dans l’Assemblée générale qui est en elle-même dépourvue de prérogatives. Celles-ci sont en effet entièrement concentrées aux mains du conseil de sécurité ; c’est une situation anti-démocratique où les règles sont inversées.

Donc, un siège permanent pour l’Union africaine est mérité dû à son passé, ce qui est indiscutable et je crois qu’il va recevoir votre appui lorsque la question sera sur la table.

L’Afrique ne demande pas l’aumône, c’est un droit. Elle demande du soutien et personne n’objectera. Elle ne dit pas « donnez-moi » mais « n’entravez-pas mon chemin… de grâce, ne posez pas d’obstacles sur mon chemin ».

Je suis en train d’interpeller les Etats membres permanents du Conseil de sécurité pour les convaincre de ce droit de l’Afrique qui est identique à celui de la Chine et qui sans aucune relation avec la question de reforme des Nations-unies posée récemment et qui doit être avec ou sans élargissement du conseil de sécurité.

Si l’Afrique bénéficie de plusieurs sièges au sein du Conseil de sécurité, ce serait une aubaine. Cela créerait un équilibre dans le monde et constituerait un service à la paix mondiale. Je crois qu’il n’y a pas de divergence sur ce point et j’aimerais avoir le soutien et l’approbation du Mouvement des Non-alignés.

Il y a aussi l’Amérique du sud qui mérite également un siège permanent au sein du Conseil de sécurité mais jusqu’à maintenant, elle n’a pas formé une union qui constituerait une personnalité morale internationale.

Si l’Amérique du sud s’unit et a des structures unionistes comme celle de l’Union africaine, elle mériterait un siège permanent au sein du Conseil de sécurité. Il y aurait là un équilibre total. La Chine avec un siège permanent, idem pour l’Union africaine.

Si les 53 Etats qui forment l’Union africaine ont un siège permanent au conseil de sécurité, le reste viendra. Ce serait un grand acquis dans notre voie pour occuper notre place dans le monde. Nous sommes le monde. Mais les Nations-unies d’aujourd’hui ne sont pas celles de la Seconde Guerre mondiale. Elles sont 190 Etats et nous présentons 180 ; donc nous sommes les nations-unies.

Nous ne devons pas avoir de complexe, car nous ne demandons pas l’aumône. Nous pouvons dire « non » comme nous pouvons dire « oui ». Nous avons notre influence sur le destin du monde.

Outre cela et en dépit du fait que nous soyons la majorité absente au sein de ces institutions qui ont du poids, telles le FMI… il faut que nous soyons des partenaires, porteurs des parts, dotés d’une voix forte tant au sein du FMI que de la Banque mondiale.

Mais en réalité, cela s’appelle International sans pour autant l’être. C’est un Fonds pour un groupe. Il pourrait s’appeler Fonds du groupe… même le conseil de sécurité, on dit international mais en réalité il ne l’est pas ; c’est le conseil de sécurité du groupe permanent.

Le FMI n’est pas international. Actuellement, il est pour un groupe. Hors en réalité, il est pour nous puisque tous, nous y contribuons. Il doit être réellement international. Et s’il l’est ainsi, nous aurons tous le même droit au sein du Fonds Monétaire International.

Le Mouvement des non-alignés doit être fortement présent au sein du FMI, au sein de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) afin que nous puissions avoir de l’influence au sein de l’organisation mondiale du commerce. Sur cette forme, il y aura équilibre.

Si nous pouvons doter l’Union africaine d’un siège permanent au sein du Conseil de sécurité et que par la suite, nous soyons suivis par l’Amérique du sud ou tout autre Etat en Asie du sud ; si nous pouvons avoir une présence forte au sein du FMI, de la BM, de l’OMC, de l’AIEA, il y aura un équilibre sécuritaire, économique et politique dans le monde.

Dès lors, la sécurité englobera assurément le monde. Il y aura un équilibre réel qui favorisera l’épanouissement de la paix et de la sécurité internationale.

Nous voulons attirer l’attention de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique. Il est devenu un organisme à grand danger. Initialement, sa mission était orientée sur « l’énergie atomique et le développement », mais le mot développement a été occulté et est devenu « agence atomique ». Je veux dire que l’énergie atomique devrait être utilisée pour le développement ; s’il y a une objection ou une protestation à l’enrichissement de l’uranium, si nous fermons cette voie, nous privons le monde de bénéficier du progrès scientifique moderne.

Nous avons un exemple. Nous ne savons pas à quel point la Corée du Nord a poussé l’enrichissement de l’uranium. Mais l’enrichissement de l’uranium iranien a remué le monde, cela est une fausse attitude. L’indignation doit porter sur la fabrication de la bombe nucléaire et non pas sur l’enrichissement de l’uranium car celui-ci doit être encouragé et applaudi en tant que prouesse scientifique. Nous devons aider les nations à enrichir l’uranium, cette réalisation que nous devons applaudir.

Après l’enrichissement, il ya deux lignes : une ligne dite VERTE et une autre dite ROUGE. La ligne rouge doit être prohibée. Pourquoi ? Car, elle conduit à des armes atomiques. Nous ne voulons pas plus d’armes atomiques dans le monde, nous voulons nous débarrasser de celles qui existent déjà. C’est logique ! Mais delà à fermer les deux sens, c’est quoi ca ? Ce n’est pas juste, c’est accompagner l’ignorance, c’est empêcher exploitation scientifique.

Si l’Iran affirme vouloir enrichir l’uranium pour construire une bombe atomique, nous lui dirons, « non ! S’il vous plaît ne le faites pas », nous sommes contre cela. Si l’Iran affirme qu’il le fait à des fins pacifiques, nous devons l’encourager et ne pas lui fermer la porte au nez.

Nous avons donc une Agence de l’énergie atomique d’une grande importance lorsque nous y sommes tous impliqués. Voila en quoi devrait consister son rôle. Cela ne devrait pas être l’apanage des dirigeants de certains États ou Institutions. L’Agence de l’énergie atomique qui doit contrôler tous les Etats sans exception aucune. Elle doit aller inspecter l’Iran et voir comment il est en train d’enrichir l’uranium. Nous pouvons à la lumière du rapport des inspections lui dire que son initiative est très louable et l’encourager. Donc, le problème serait de voir si l’Iran joue le double jeu. Il doit être suivi. Si l’AIEA estime que l’enrichissement en cours est sur une ligne rouge alors elle va alerter le monde entier, informer le Conseil de sécurité, l’Organisation des Nations Unies et le Mouvement des Non-alignés. Nous pourrions dès cet instant dire à l’Iran ou à tout autre pays ou à la Libye que, écoutez, vous êtes en train d’empiéter sur la ligne rouge et cela doit être stoppé. Nous n’accepterons pas la production d’armes atomiques. Ceci est très clair et légal. L’AIEA doit surveiller ceux qui empiètent sur la ligne rouge et les ramener sur la ligne verte. Si elle dit que l’Iran est sur la ligne verte, nous allons l’encourager et lui demander d’aller de l’avant dans l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques.

La Libye avait atteint le stade d’enrichissement de l’uranium et elle avait opté pour la ligne rouge ; en fait, elle était vraiment très proche de produire une bombe atomique. Ce travail avait commencé depuis le déclenchement de la révolution en Libye ; cela signifie des dizaines d’années pour que nous atteignions le stade où nous pouvions produire une bombe atomique, nous n’avons pas atteint ce stade de manière à changer le monde.

Nous étions persuadés que nos points de vue avaient évolué et que le monde avait changé ainsi que les alliances et la carte du monde. Puis nous nous sommes dits en nous-mêmes, à l’encontre de qui devrions-nous utiliser la bombe atomique. Lorsque nous avons examiné cette question, nous avons trouvé que nous n’avions pas d’ennemis qui méritaient d’être attaqués avec une bombe atomique. Et outre, comment allions-nous sécuriser cette bombe atomique et comment allions-nous la démonter, en gardant chaque partie à sa place pour une utilisation en cas de besoin et, éventuellement, comment pouvions-nous frapper la cible s’il y en avait une. Et le transporteur lui-même qui doit être sécurisé... Nous avons découvert que cela entraînait d’énormes dépenses et des problèmes et représentaient un risque pour la Libye pour sa propre sécurité. Et que cela en soi, est beaucoup plus grave pour la sécurité de la Libye elle-même. Par conséquent, nous avons volontairement décidé d’abandonner le programme nucléaire.

Nous avons abandonné la ligne rouge. L’Agence internationale de l’énergie atomique est venue ainsi que les grands Etats nous visiter. Ils étaient satisfaits du fait que nous avions abandonné la ligne rouge. Ils ont dit qu’ils étaient prêts à nous assister mais que cela nécessitait notre forte présence et un plus grand mouvement au sein de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

J’ai rencontré Mohammed El Baradei qui était à la tête de l’AIEA. Je l’ai rencontré plusieurs fois et je lui ai demandé à propos, quelle était sa responsabilité envers le monde dans ce domaine du nucléaire. Il m’a dit que l’AIEA n’a pas de responsabilité à l’égard des grands États et ne peut du tout les approcher. Ils nous ont orientés pour viser la troisième voie.

Je lui ai demandé qu’est-ce que ca peut être… S’il s’agit d’une Agence internationale de l’énergie, elle doit être responsable pour l’Amérique, la France, la Russie, l’Inde et la Chine. Il me dit, nous sommes responsables seulement du tiers-monde. Je lui ai demandé, qu’est-ce qu’il en est pour les autres. Il dit que nous ne pouvons pas leur parler. Nous ne pouvons pas contrôler l’Amérique et nous ne pouvons même pas lui demander si elle produit de nouvelles bombes atomiques ou si elle les a réduites, et nous ne pouvons pas le faire du tout aussi avec la Russie, la France ou la Grande-Bretagne.

Ce n’est pas correct. Je révèle ces faits afin que notre Mouvement se positionne fermement dans les instances internationales. Nous devons renforcer sa présence. Cela est très important pour plus de la moitié du monde du point de vue du nombre de sièges et de la population. Nous formons les trois-quarts de la population mondiale. Nous sommes la population du monde. Nous devons prendre soin d’eux ; nous devons nous soucier de sa sécurité, du développement, de son avenir et de la vie.

L’Agence atomique internationale doit exceller de cette manière et doit surveiller tous les pays, même l’Amérique et la Russie doivent être sous son contrôle. Et si vous ne voulez pas un Etat comme la Libye qui produit une bombe atomique, pourquoi gardez-vous des milliers de bombes. La résolution de réduire les armes doit refaire surface. Nous devons faire en sorte que la Russie et les Etats-Unis réduisent pratiquement leurs armes de destruction massive.

Pour votre connaissance, l’Agence de l’énergie atomique est uniquement destinée à vous-même et n’a rien à voir avec les grands États. Ils la rejettent toujours chaque fois qu’elle leur pointe le doigt. Ils leur demandent, qui êtes-vous ? Mais si elle dit que je suis l’Agence de l’énergie atomique, ils diront, nous ne vous reconnaissons pas.

La Cour internationale de Justice doit être reconstituée. Vous connaissez l’histoire bien connue à travers le monde auquel mon pays a été confronté, l’affaire de Lockerbie. La Cour internationale de Justice a jugé que l’affaire de Lockerbie n’a pas de rapport avec le Conseil de sécurité des Nations unies ; c’était illégal d’être soumis au Conseil de sécurité, car il s’agit d’une affaire civile qui doit être traitée par le droit pénal comme quelqu’un est accusé de bombardement d’un avion et être jugés conformément au droit. Et il a dit que le Conseil de sécurité n’a pas le pouvoir de statuer sur l’affaire de Lockerbie.

Cela revenait à la Cour internationale de Justice de statuer sur cette affaire. Mais ils ont ignoré cela et le Conseil de sécurité l’a manipulé au détriment de la Cour internationale de Justice. C’était le Conseil de sécurité qui a émis des résolutions en lieu et place de la Cour internationale de Justice... Ce dont nous avons souffert est injuste. Si le monde est injuste, il nous incombe de supprimer cette injustice, car elle nous affecte.

Pour résumer les questions internationales, pour ce qui nous concerne et les différents problèmes auxquels nous sommes confrontés, elles sont communes à nous-tous et ne visent pas seulement le Mouvement des Non-alignés mais tout le monde ; cette internationalisation doit être un fait et être acceptée ici. Cela nécessite une co-opération et le monde entier doit coopérer là-dedans.

Nous avons également la question du climat. Il s’agit d’une question internationale. C’est un défi pour l’ensemble du monde moderne.

Qui a détruit l’ozone ? On connaît bien qui détruit la couche d’ozone et le climat. Il s’agit des compagnies industrielles des pays capitalistes.

C’est un défi international et nous devons contribuer de manière efficace avec les autres.

La drogue est aussi un défi international de cette époque. Notre mouvement doit jouer un rôle efficace dans la lutte contre ce trafic.

Le terrorisme...

C’est désormais un problème international car elle nous concerne tous. Mais nous devons connaître les causes du terrorisme et pourquoi ce phénomène est apparu et ce que cela signifie.

Considérer ceux qui disposent la bombe atomique comme n’étant pas des terroristes et ceux avec des grenades à mains comme des terroristes, est injuste. Comment quelqu’un peut utiliser une bombe atomique ou un missile de croisière sans être considéré terroriste et celui qui utilise une grenade à mains ou un RPG est considéré terroriste.

Lorsque nous parlons de terrorisme, nous devons le dénoncer sous toutes ses formes. Les porte-avions, c’est du terrorisme. Les bombes atomiques, c’est du terrorisme… les missiles de croisière, les grenades à mains, les ceintures de kamikazes, etc… c’est tout du terrorisme. L’Organisation mondiale du commerce est une forme de terrorisme. Le FMI, c’est le terrorisme. Le chapitre 7 de la Charte des Nations Unies c’est le terrorisme, car elle est appliquée de façon injuste et agressive. Le Conseil de sécurité des Nations Unies est le terrorisme. Tout ce que j’évoque là c’est le terrorisme sur diverses formes.

Nous vivons à l’ombre du terrorisme, mais ils ignorent toutes les autres formes de terrorisme et se concentrent sur Ben Laden, par exemple. Oui, Ben Laden est un terroriste et personne n’endosse ses actions ou celles d’Al-Qaïda ; mais comment ce phénomène a vu le jour et quelles sont ses causes ?

Qu’il s’agisse de la folie ou non ou qu’ils soient en train de rêver ou non, il devrait y avoir des mobiles psychologiques derrière tout cela et nous devons y remédier. Quelqu’un aurait pratiqué le terrorisme et qu’ils soient en train de répondre par le terrorisme, selon leurs moyens.

Nous n’avons pas peur de Ben Laden ni de Zawahri ou d’autres comme eux. C’est un fait. C’est quelque chose qui est là. Nous n’avons pas peur de dire que vous êtes des terroristes ou de le dire à celui qui vous a fait terroristes.

Quelle peut être leur motivation ? Nous devons identifier les sources du terrorisme. Comme Ben Laden et Zawahri ont leur argent en Suisse, ils ont des milliards dans des comptes secrets et le monde avec la Suisse est indulgent ; alors pourquoi bombarder les montagnes de l’Afghanistan et ces pauvres tribus avec leurs troupeaux de chèvres pendant que la Suisse avec l’argent d’Al-Qaïda n’est pas inquiétée.

Les États-Unis ont, environ 52.000 contribuables qui ont des comptes dans des banques secrètes (paradis dorés) en Suisse et elle dit qu’elle est à leur trousse. Mais cet Etat fort ne peut pas vérifier les comptes de sa population en Suisse... que dire donc des terroristes avec des comptes secrets en Suisse ?

Messieurs les Présidents, pour finir, j’ai d’autres propositions à ajouter.

Tous les États membres du Mouvement des Non-alignés avec des bases militaires extérieures doivent les fermer.

En effet, la présence de ces bases n’est pas utile pour préserver la paix mondiale. C’est une menace pour notre mouvement. C’est est une menace pour la sécurité de nos peuples et une menace pour la paix et la sécurité mondiale. Ces bases militaires établies dans les pays non-alignés doivent être fermées ; ce sera un grand service international rendu.

Chers frères présidents.

Si nous créons un tribunal pénal qui nous appartient et que nous lui transféreront tous ces dossiers, il sera digne d’une Cour internationale. Nous serons à l’abri du terrorisme des tribunaux internationaux qu’ils ont créés.

Il y a des présidents dans le Mouvement des Non-alignés, comme le Président Al-Bashir, qui a parlé juste avant moi, qui est chef du groupe des 77 et il est recherché par le tribunal criminel, comme s’il était un voleur. Ce n’est pas juste !

Qui peut juger celui qui a tué plus d’un million d’Irakiens à la cour internationale ? Personne ne l’accuse et ceux qui ont été faits prisonniers de guerre et ensuite exécutés sans être jugés… cette Cour n’est pas consciente de cela ? Aucun prisonnier de guerre ne doit être exécuté ni emprisonné. Les prisonniers de guerre doivent être libérés à la suite d’opérations militaires actives… mais ils travaillent tous à l’extérieur de la Convention de Genève et à l’extérieur de la convention des Nations Unies.

Voila tout ce qui nous oblige à établir un tribunal pénal qui nous appartient, avec un bureau de coordination et un Conseil de sécurité qui nous appartiennent jusqu’à ce que les autres reviennent à la raison… avec un bon esprit. Qu’ils nous respectent et respectent l’humanité ainsi que tous les Etats et qu’on se mette tous sur un même pied d’égalité comme c’est défini dans la Charte des Nations Unies.
Ces pays-là qui nous ont colonisés doivent payer des réparations.

À cette occasion, je tiens à rendre hommage à la courageuse et historique initiative prise par l’Italie, qui a présenté ses excuses au peuple libyen et est en train de la réparer.

Le gouvernement italien s’est engagé et le Parlement italien l’a approuvé ; le peuple italien a approuvé qu’un quart de million de dollars soit payé à la Libye pour les 20 ans de colonisation en plus de nombreuses autres compensations humanitaires. C’est une décision très courageuse. L’accord a été signé par un homme courageux qui mérite notre gratitude et le respect dans cette instance internationale. C’est mon ami Berlusconi, le Premier ministre italien. Je n’oublierai pas les autres personnes qui étaient aussi impliquées.

Ceci est un exemple. Chaque pays qui a colonisé doit le faire, c’est un droit. Ils ont puisé nos richesses minières, tué nos gens, exilés et posés des mines dans nos territoire. Comment peut-on juste demander de l’aide ? L’assistance ne suffit pas. Nous devons être indemnisés.

Que Dieu vous comble de Sa Grâce !
Je vous remercie messieurs les Présidents.

Version française : Gilbert Rocheteau.