Il y a un an, j’ai affirmé devant la Commission des forces armées du Sénat que dans le dossier des armes de destruction massive irakiennes nous avions " presque tout faux ". J’avais alors demandé la création d’une commission chargée de réfléchir sur cet échec et sur nos capacités de renseignement face à la menace des armes de destruction massive. Aujourd’hui, nous attendons toujours le rapport alors qu’on annonce l’accélération du programme nucléaire iranien.
Il y a beaucoup de similarités avec la situation avant la Guerre d’Irak. L’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) reconnaît que pendant 18 ans, l’Iran a eu un programme nucléaire clandestin mais affirme qu’aujourd’hui L’Iran prétend ne plus avoir qu’un programme civil. Dick Cheney pour sa part décrit un Iran proche d’avoir la bombe, les exilés iraniens fournissent des " preuves " des activités nucléaires de l’Iran à la presse, Condoleezza Rice affirme que l’attaque de l’Iran n’est pas d’actualité et les alliés européens ne veulent pas entendre parler d’une attaque, voulant laisser sa chance à la diplomatie, mais la presse commence à parler d’un déploiement de troupes qui pourrait servir de base à une attaque contre l’Iran.
Il y a cinq leçons à retenir de l’affaire irakienne concernant l’Iran :
 Il faut accepter que le passé ne peut être défait et que même une occupation n’enlèvera rien au fait que l’Iran a désormais des connaissances nucléaires. Il faut donc s’assurer que l’Iran n’ait pas d’armes nucléaires mais on ne peut plus détruire le programme nucléaire iranien.
 Il faut reconnaître que les exilés iraniens ont leur propre agenda et veulent un changement de régime en Iran et que leurs " preuves " sont donc douteuses.
 Il faut reconnaître la compétence de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA).
 Il faut reconnaître que se montrer menaçant, sans preuve, vis-à-vis de l’Iran mine notre capacité d’action dans ce pays.
 Il ne faut mener aucune action militaire sans un rapport très sérieux du renseignement.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Let’s Not Make the Same Mistakes in Iran », par David Kay, Washington Post, 7 février 2005.