Sortant d’une librairie, j’ai été accostée par un homme qui m’a présenté un mandat d’arrestation et m’a demandé de monter dans une Mercedes garée au coin de la rue. Une fois dans la voiture, entourée par des hommes habillés en noir, il me dit de ne pas m’inquiéter et que nous n’en avions que pour quelques heures. Je n’étais pas spécialement surprise car les arrestations et les interrogatoires de ceux qui écrivent des histoires critiquant le régime sont courants en Iran, et comme j’écris un Blog sur les conditions de vie en Iran, je m’y attendais.
On m’amena au nord de Téhéran, je ne pus pas voir exactement où nous allions, mais c’était sans doute dans la célèbre prison de Evin. Au bout d’une heure et demi, on me demanda de me déshabiller et on me donna un uniforme de prisonnière. Je fus photographiée et on ouvrit un dossier sur moi avant de m’enfermer dans une pièce de 12 pieds sur 12. Je m’inquiétais car j’étais attendue chez moi. Le deuxième jour de confinement, je demandais à mes gardiennes pourquoi j’étais là mais elle l’ignorait. Ce n’est que le lendemain que j’ai appris qu’on m’accusait d’écrire contre le système islamique, d’inciter à son renversement et d’inviter à ce que le pays soit dirigé en suivant les préceptes du libéralisme américain corrompu.
J’ai d’abord essayé de me défendre mais on m’a fait comprendre que si je n’avouais pas je pourrais rester des années en prison. Je finis par avouer toutes sortes de choses et je pus alors voir ma mère en présence de mon interrogateur quatre jours plus tard. Par la suite, j’ai avoué d’autres chose, comme d’avoir eu des relations sexuelles avec mon petit ami (il est aujourd’hui accusé de relations sexuelles hors mariage) et je suis restée emprisonnée 36 jours. J’attends mon procès depuis ma libération.
On m’a dit en sortant que je pouvais m’estimer heureuse de ne pas avoir été dans une prison des gardes révolutionnaires car ils m’auraient battue. Avant de partir, j’ai dû remplir un formulaire visant à améliorer les conditions de détention.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Blogger’s ’Crime’ Against the Islamic State », par Farouz Farzami, Los Angeles Times, 9 février 2005.