Excellences, Mesdames et Messieurs les Chefs de
délégation ;
Monsieur le Président de l’Assemblée Générale des Nations-
Unies ;
Mesdames et Messieurs.

Je tiens tout d’abord à vous féliciter, Monsieur le Président, pour
votre brillante élection à la présidence des travaux de la 64ème
Session de l’Assemblée Générale des Nations- Unies.
Votre élection à ce poste honore toute l’Afrique et constitue un
hommage mérité rendu à la Grande Jamahiriya Arabe Libyenne
Populaire et Socialiste dont le dévouement à la cause africaine
n’est plus à démontrer.

Je voudrais ensuite au nom de Son Excellence le Général
d’Armée François BOZ1ZE, Président de la République, Chef de
l’Etat, qui souhaite plein succès à nos travaux, vous assurer du
soutien de la délégation centrafricaine à la lourde et exaltante
mission qui vous est confiée cette année.

Votre connaissance avérée de l’Organisation des Nations- Unies
et des problèmes du monde sont un gage de succès pour les
présentes assises.

Qu’il me soit permis de féliciter, par la même occasion, Monsieur
Miguel D’ESCOTO BROKMANN du Nicaragua pour la
remarquable contribution qu’il a apportée à la précédente
session en sa qualité de Président.

Mais avant de donner mon appréciation de l’état du monde au
regard de nouveaux défis du XXlème siècle et le point de vue de
mon pays sur les principales questions abordées au cours de la
présente session, je voudrais aussi saluer les efforts inlassables du
Secrétaire Général de notre Organisation, Monsieur Ban- Ki
MOON, qui ne ménage aucun effort pour faire prévaloir les
principes et idéaux des Nations- Unies et de lui renouveler la
profonde gratitude du peuple centrafricain pour ses apports
objectifs à la situation en République Centrafricaine et son appui
dans le cadre de la Commission de consolidation de la paix.

En effet, depuis le mois de Mars de cette année, suite à la
demande formulée par mon Gouvernement, une configuration
pays de la Commission pour la consolidation de la paix a été
mise en place sous la présidence de la Belgique.
Cette Commission travaille de concert avec les Autorités
Centrafricaines pour renforcer les acquis de la paix et permettre
la mise en application des recommandations du Dialogue
Politique Inclusif (DPI), organisé du 08 au 20 Décembre 2008
notamment, le Programme de Désarmement, Démobilisation et
Réinsertion (DDR), la Réforme du Secteur de la Sécurité (RSS)
ainsi que le processus devant conduire aux élections générales de
2010.

Monsieur !e Président,

Mon pays se réjouit de la tenue de la présente session en raison
des thèmes de discussions retenus qui constituent de véritables
préoccupations mondiales. En effet, il n’est pas vain de rappeler
que nous avons plusieurs défis à relever : celui du
développement, de la paix et sécurité, celui du changement
climatique et de ses effets, le terrorisme et la nécessaire réforme
de l’Organisation des Nations- Unies.

Le choix du thème, je cite : « Renforcer le multilatérisme et le
dialogue entre les civilisations au service de la paix et la sécurité
internationales et du développement pour faire face aux crises
mondiales » procède d’une bonne inspiration.

En effet, les changements intervenus dans la configuration du
monde font naitre de nouveaux défis qui ne peuvent être relevés
qu’au moyen de la coopération internationale.

De ce fait, le multilatéralisme apparaît aujourd’hui comme le seul
moyen de régler les problèmes du monde.

En cette ère de Mondialisation et d’avancées technologiques, les
espaces de coopération, même les plus solidement établis,
doivent faire face à des exigences nouvelles qui appellent des
réponses solidaires appropriées.

En vous remerciant de l’honneur fait à la République
Centrafricaine, permettez- moi d’insister sur la corrélation entre
certains thèmes exposés depuis le début de ce débat général.

Parlant de la situation du monde, la présente session se tient
dans un contexte particulièrement préoccupant. Une période
critique pour la gestion des affaires politiques du monde à tous
les niveaux qui nous interpelle en tant que Nations sur des pistes
de solutions empreintes d’un esprit de dialogue, de concertation
et d’ouverture. Le panorama mondial actuel présente de grands
enjeux relativement à la paix et à la sécurité, au développement
économique et au progrès social, aux droits de l’homme et la
primauté du droit.

En ce qui concerne les questions cruciales ayant trait au
développement, la crise économique et financière mondiale
demeure pour l’heure un événement sans précèdent du point de
vue de son impact et des bouleversements sur les systèmes
économiques et financiers du monde. Elle induit une
réorganisation dans le sens d’un nouvel ordre mondial dans ce
domaine. Mais au-delà de cette option, d’autres voies de sortie
de la présente crise pourraient être le développement des
capacités de production, le renforcement des capacités
commerciales en faveur des Etats en voie de développement et
la mise en place des partenariats stratégiques entre les différentes
régions membres de notre Organisation.

La crise alimentaire provoquée par la hausse des prix et dont les
effets pervers continuent de maintenir une bonne partie de la
planète dans la famine et la pauvreté extrême oblige à la
promotion du secteur agrico !e,’des industries et de l’exploitation
des ressources minières.

Cette hausse des prix des denrées alimentaires a entraîné une
détérioration significative des termes d’échange entre les pays
dans les régions les plus affectées au rang desquels le continent
africain en général et singulièrement la République
Centrafricaine.

Une telle situation peut conduire vers une poussée de la pression
inflationniste et la dégradation de la balance des paiements.

Cet impact est également ressenti tant au niveau macro
économique que des revenus des ménages et de la sécurité
alimentaire.

La contribution des Communautés Economiques Régionales de
même que des agences des Nations Unies telles que la PAO, le
PAM, le FIDA et la Banque Mondiale serait d’un apport
inestimable pour une solution coordonnée de cette crise.

Le développement agricole doit être encouragé en vue d’assurer
une croissance durable et l’amélioration des moyens de
subsistance des populations sur la base d’une gestion saine des
ressources environnementales et naturelles.

Les programmes et activités du domaine portant sur les options
de croissance à long terme doivent bien entendu être mis en
oeuvre conformément aux objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD).

En nous engageant en l’an 2000 à atteindre les Objectifs du
Millénaire pour le Développement en 2015, nous avons suscité
de légitimes espoirs dans l’ensemble du Monde en
Développement.

Nous n’avons pas le droit de le décevoir, sous peine d’aggraver
la fracture Nord-Sud et de creuser davantage le fossé au sein de
nos propres sociétés, avec des risques incalculables pour la
gouvernance et la stabilité des Etats.

Un peu plus de cinq ans après le Sommet du Millénaire, il est
incontestable que des progrès non négligeables ont été réalisés,
mais force est de reconnaître que de nombreux pays, en Afrique
et ailleurs, ont une grande partie de leurs populations qui vit
dans l’extrême pauvreté.

Les Objectifs du Millénaire pour le Développement constituent le
plus sûr moyen d’accélérer la marche des peuples africains vers le
bien-être.

Les Projets de développement dans les Secteurs des OMD ont
besoin de financement stable, adéquat et prévisible dans la
durée.

Nous considérons donc la présente session de l’assemblée
générale de l’ONU comme étant une opportunité pour
sensibiliser et amener toutes les institutions internationales de
financement du développement, sans exclusive, à s’engager
effectivement vers une mobilisation et un transfert de ressources
financières nécessaires à l’atteinte des Objectifs du Millénaire
pour le Développement.

De même, le Programme d’action en faveur des pays les moins
avancés pour la décennie 2001-2010 qui visait à améliorer
sensiblement les conditions de vie de plus de 600 millions de
personnes vivant dans ces pays arrive à son terme et devra être
revu conséquemment pour faire face à la marginalisation, aux
nouveaux défis socio économiques auxquels sont confrontés les
PMA.

Le changement climatique s’ajoute aux défis qui se posent à
notre monde car les économies de toutes les nations ici réunies,
leur environnement ainsi que leur mode de vie sont menacés.

A la conférence des Nations Unies sur les changements
climatiques à Baîi en Indonésie en 2007, les dirigeants du monde
ont décidé de négocier un nouvel accord sur les changements
climatiques qui devrait prendre Se relai du Protocole de Kyoto,
en 2012. Dans la feuille de route de Bali, les Etats ont défini des
domaines d’action et se sont mis d’accord pour les prendre en
considération lors des négociations post-Kyoto. La séance de
travail des Chefs d’Etat du G8 + 5 d’Aquila du 09 Juillet dernier
s’est penchée sur la question de la réduction des émissions des
gaz à effet de serre.

Mon pays est engagé dans le combat mondial contre les
changements climatiques, comme le témoigne la ratification de
plusieurs instruments internationaux relatifs aux questions du
climat. Je pense à la Convention cadre des Nations Unies sur les
Changements climatiques en mars 1994 et au Protocole de Kyoto
en janvier 2008.

Pour la République Centrafricaine, le défi des changements
climatiques concerne non seulement l’atténuation c’est à dire les
réductions d’émissions des gaz à effets de serre, mais également
l’adaptation aux effets néfastes de ces changements. Cependant,
pour les Etats vulnérables, à économie fragile comme les nôtres,
le coût de l’adaptation chiffré à plusieurs dizaines de milliards de
dollars par an grèvera encore d’avantage nos ressources limitées,
et accentuera la pauvreté. C’est ici pour moi l’occasion d’émettre
le voeu que l’aide pour la lutte contre les changements
climatiques ne puisse se substituer à l’aide publique au
développement.

Nous ne sommes pas venus à cette 64ème session de l’Assemblée
Générale des Nations Unies pour pointer un doigt accusateur sur
les Etats responsables du réchauffement de la planète, mais
plutôt à l’instar des pays frères d’Afrique, porter un message aux
dirigeants" du monde. L’Afrique continuera ses efforts de
préservation de ses écosystèmes forestiers, mais les pays riches
doivent prendre leurs responsabilités pour aboutir à des
propositions concrètes pour l’après Kyoto.

Nous soutenons la proposition de la France au sommet sur les
changements climatiques qui s’est tenu le 22/09/09 de créer une
organisation mondiale pour l’environnement, de mettre en
oeuvre la feuille de route de Bali par les transferts de technologie
vers les pays en développement, et du financement des efforts
de réduction des émissions des gaz à effets de serre. Mais nous
souhaitons vivement qu’à Copenhague en décembre prochain, la
position commune des pays d’Afrique Centrale ayant en partage
les forêts du bassin du Congo soient prises en compte.

Permettez- moi de rappeler ici que les pays d’Afrique Centrale
réunis au sein de la COM1FAC ont signé le 11 septembre 2008 à
Bangui une déclaration dans laquelle ils font appel aux
institutions du Système des Nations Unies, à l’Union
Européenne, à l’Organisation Internationale de la Francophonie,
au Secrétariat du NEPAD et au Panel d’Experts de Haut niveau
pour les soutenir dans leur démarche visant entre autres
l’inclusion des questions relatives à la gestion des forêts tropicales
dans les arrangements post-Kyoto.

Les forêts du bassin du Congo, deuxième massif forestier au
monde jouent un rôle déterminant dans la régulation du climat
de la planète. Les efforts de conservation et d’aménagement
forestier durable de cet espace naturel consentis par les pays
membres de la COM1FAC, doivent être encouragés dans le cadre
du processus REDD.

A Copenhague nous devons aboutir à un accord juste, basé sur
des partenariats « gagnant-gagnant » qui permettent aux pays en
développement de concilier préservation des ressources
naturelles et développement économique.

Monsieur le Président,

La République Centrafricaine soutient sans réserve la Déclaration
faite par le Président de la Commission de l’Union Africaine lors
de sa dernière session spéciale tenue le 31 Août 2009, à Tripoli
(Libye) et consacrée à « l’examen et au règlement des conflits en
Afrique ».

Elle partage la conviction que la croissance économique et le
développement durable sont intimement liés à la situation et à
l’évolution de la paix et la sécurité mondiale.
Face à la prolifération des armes de toutes sortes, la question du
désarmement se pose avec acuité.

La commission du Désarmement des Nations Unies doit
promouvoir les résolutions encourageant le multilatéralisme dans
le domaine du désarmement et la non prolifération, la réduction
des budgets militaires et le respect des normes de
l’environnement dans l’élaboration et l’application des accords
de désarmement.

Un effort reste également à faire pour sortir de l’impasse actuelle
et parvenir au désarmement nucléaire et à la non prolifération
nucléaire sous tous ses aspects. Le « concept stratégique » adopté
par les Etats dotés d’armes nucléaires qui justifie le recours ou la
menace de recours aux armes atomiques est tout aussi dangereux
que l’enrichissement de l’uranium à des fins d’armement et
devrait purement et simplement être abandonnée.

Par contre, le concept de sécurité nationale reposant sur la
promotion et le développement des alliances militaires et
politiques de dissuasion nucléaire semble mieux adapté aux
idéaux que nous poursuivons.

La République Centrafricaine salue l’initiative du Président
OBAMA de convoquer une réunion du Conseil de Sécurité sur la
non-prolifération et le désarmement nucléaires.
Le terrorisme constitue la violation la plus flagrante du droit
international, empêche les peuples de jouir de leurs libertés
fondamentales et déstabilise les Gouvernements légitimement
établis.

Pour ces raisons, il ne doit être toléré ou associé ni à une
religion, à une civilisation, à un groupe ethnique ou à une
revendication, si légitime soit-elîe.

Mon pays condamne fermement les actes terroristes et s’alignent
sur la lutte contre le terrorisme menée au sein des comités crées
par le Conseil de sécurité des Nations- Unies.

La question de la maîtrise des armes classiques au niveau régional
est d’autant plus pertinente que c’est le moyen le plus efficace
pour venir à bout de la prolifération illicite des groupes armés et
de la criminalité transfrontalière. La paix et la sécurité de
l’Afrique Centrale souffrent de ce problème récurrent. Les
groupes armés menacent la stabilité des institutions républicaines
de certains de nos Etats.

C’est dans cette perspective que l’accord global de paix signé à
Libreville (Gabon) le 21 Juin 2008 a permis à la République
Centrafricaine de conjurer de funeste dessein comme mode
d’expression de la conquête du pouvoir.

Mais sa préoccupation ainsi que celle d’autres Etats de la Région
des Grands Lacs d’Afrique réunis au sein de la Conférence
Internationale du même nom tels que le Soudan, la République
Démocratique du Congo et l’Ouganda concerne les agissements
criminels de la rébellion ainsi dénommée Lord Résistance Army
(LRA) qui s’est transformée en criminalité transfrontalière causant
la mort et la désolation jusqu’en République Centrafricaine.

Sa capacité de nuisance dépasse le cadre territorial de la
République Ougandaise et devient un problème régional auquel
une solution concertée s’impose. Les Etais concernés s’y
emploient, avec les moyens limités qui sont les leurs.

Je suis convaincu que la Charte des Nations Unies et le Droit
International restent des instruments indispensables et les piliers
de la préservation et du maintien de la paix et de la sécurité
internationales.

Représentant la quasi-totalité de la Communauté Internationale,
l’ONU dispose de la légitimité internationale bien établie pour
apporter une solution durable à des problèmes de ce genre.

Monsieur le Président,

Les Nations- Unies demeurent la tribune centrale et indispensable
pour aborder les questions mondiales et la recherche de
consensus. C’est pourquoi, nous Etats- Membres attachons une
grande importance au renforcement de son rôle et pensons
qu’une réforme est nécessaire pour développer toutes ses
potentialités.

La réforme doit être générale, sans exclusive, dans le respect de
sa nature politique et de son caractère intergouvernemental et
universel.

Cependant des aménagements à apporter à deux organes de
notre Organisation semblent prioritaires dans cette réforme : le
Conseil de Sécurité et l’Assemblée Générale.
11 faut une revitalisation de l’Assemblée Générale dans le sens
d’accorder plus de poids à son rôle et à son autorité en tant que
principal organe délibérant et représentatif des Etats membres.

Elle doit être respectée dans ses prérogatives d’organe
fondamental de contrôle des Nations Unies même dans le
domaine du maintien de la paix.

La réforme du Conseil de sécurité quant à eile doit porter sur la
transparence et l’équilibre en son sein.

Son élargissement permettra une meilleure représentativité de
toutes les régions pour débattre des nouvelles approches du
maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Il s’agit là, d’une position africaine qui a été rendue publique
dans le cadre de ce débat général par le Guide de la Grande
Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire et Socialiste, que la
République Centrafricaine soutient.

Mon pays veut espérer qu’une réforme du système des Nations-
Unies aura des retombées positives sur le développement de la
coopération multilatérale dans ce monde en perpétuelle
mutation.

Je vous remercie.