Le décalage existant entre l’actualité et la publication de tribunes et de déclarations de personnalités représentatives fait que nous ne disposons pas encore de réactions à l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais, Rafic Hariri. A contrario, la profusion de déclarations relatives à l’apaisement possible en Palestine illustre la volonté de Washington de clore temporairement ce front pour avoir les mains libres ailleurs, c’est-à-dire selon toute vraisemblance en Syrie, ou à défaut en Iran.

David Kimche relève dans le Jerusalem Post le caractère irréaliste de la période actuelle. L’ambiance est à l’euphorie et chacun croit que la paix est à portée de main. Mais le gouvernement Sharon n’a pas l’intention d’aller aussi loin que l’administration Abbas. Le retour de la violence n’est qu’une question de temps.
En premier lieu, Alastair Crooke du Conflicts Forum note dans le Daily Star que Mahmoud Abbas n’est pas en mesure de négocier au nom de son peuple. Son élection, dont tout le monde se réjouit, n’était qu’un trompe l’œil. Elle était orientée de telle sorte que des candidats crédibles n’ont pas pu y participer et qu’Abbas a été automatiquement élu. Du coup, il n’a pas de vraie légitimité.
Deuxièmement, l’éditorialiste palestinien Abdel Bari Atouan souligne une lourde erreur du nouveau président de l’Autorité palestinienne. Il énumère dans Al-Qods Al-Arabi la longue liste des incertitudes qui entourent l’accord de Charm El-Cheik. Mahmoud Abbas s’est contenté d’un engagement oral d’Ariel Sharon. Sur cette base floue, il a accepté unilatéralement de renoncer à la violence. Or, aucun mouvement de résistance dans l’Histoire n’a pu obtenir gain de cause de cette manière.
Comme pour lui donner raison, le ministre israélien des Affaires étrangères, Silvan Shalom, rassure les lecteurs du Monde. La France est sur la bonne voie : elle rapproche ses positions de celles d’Israël. Il lui reste néanmoins encore un effort à accomplir : après avoir interdit la diffusion d’al-Manar aux États-Unis par un satellite européen, elle doit qualifier le Hezbollah de terroriste.
Enfin, le pacifiste Pat O’Connor, de l’International Solidarity Movement, témoigne dans Ha’aretz de l’impossibilité de manifester pacifiquement en Israël pour l’application du droit international sans faire immédiatement l’objet d’une répression policière. Il ressort de cette expérience que l’on peut difficilement reprocher aux Palestiniens de recourir à la violence car ils n’ont pas d’autre choix pour s’exprimer.

Le président de l’Azerbaïdjan, Ilham Aliev, assure dans la Nezavissimaïa Gazeta que son pays est aussi bien indépendant de la Russie que des États-Unis. Cependant, le Groupe de Minsk, mis en place par l’OSCE en respectant cet équilibre entre grandes puissances, ne parvient pas à régler le différend opposant l’Azerbaïdjan et l’Arménie, d’où l’appel lancé à l’ONU et au Conseil de l’Europe. Quoi qu’il en soit, ceci représente le dernier recours à une médiation internationale, l’Azerbaïdjan se tenant prête, après une décennie de patience infructueuse, à une confrontation militaire.
Cependant, cette menace ne paraît pas totalement crédible. En effet, bien que le président Aliev revendique une indépendance plus ou moins complète de son pays, les grandes puissances ne resteront pas inactives face à un conflit régional.

Sergeï Bagapch, président de la république non-reconnue d’Abkhazie, annonce dans Outra.Ru qu’aucun retour en arrière n’est possible. L’Abkhazie se considère comme indépendante de la Géorgie et se sent forte du soutien de la Russie, elle craint la guerre, mais s’y tient prête. Au demeurant, face aux menaces d’intervention militaire du gouvernement géorgien, elle ne peut, pour conserver son indépendance, qu’accélérer son adhésion à la Fédération de Russie.
Tout cela n’est que chimère, selon George Khaindrava, le ministre géorgien chargé de traiter avec la province séparatiste. Il souligne dans Kommersant que les Abkhazes sont trop divisés pour se permettre l’épreuve de force. À moins, se demandera-t-on, que le gouvernement géorgien ne cherche à les diviser pour reprendre le contrôle de l’Abkhazie. Surtout, poursuit-il, rester en Géorgie est économiquement plus attractif pour la population abkhaze que de se rallier à la Fédération de Russie.