Fidel Castro dirige peut-être un « bastion de la tyrannie », mais le dictateur cubain a eu un rôle prépondérant dans la sortie de l’impasse qui menaçait d’aboutir à un conflit à l’importance stratégique pour les États-Unis entre la Colombie et le Venezuela. Sans lui, Uribe et Chavez ne se serait pas rencontrés à Caracas.
Les tensions entre les deux pays sont apparues quand Rodriguo Granda, un dirigeant des FARC, a été arrêté à Caracas. Uribe y a vu la preuve que le Venezuela était un refuge pour les rebelles colombiens, ce que Chavez a nié tout en dénonçant une arrestation qui violait la souveraineté vénézuélienne. Il s’agit de la crise la plus grave entre les deux pays depuis 1987 lorsqu’une question territoriale avait failli dégénérer en conflit armé.
Malgré la rencontre, le manque de confiance mutuel persistera, mais l’impact d’une confrontation pour les deux pays a calmé les deux dirigeants. D’après le journal colombien El Tiempo, c’est le dur mais pragmatique allié de Washington Uribe qui a contacté Fidel Castro pour lui demander de discuter avec Caracas. Cela montre que les États-Unis ne peuvent se passer de Cuba quand il s’agit de gérer l’imprévisible Chavez. Par contre, Washington n’arrivera à rien en se montrant agressif ou en désignant Chavez comme « une force négative » comme l’a fait Condoleezza Rice pendant son audition au Sénat. Les tensions avec Caracas sont négatives d’un point de vue énergétique et sapent l’Organisation des États américains.
La meilleure façon pour que des troubles avec la Colombie ne se développent pas à nouveau serait que le Venezuela cesse d’abriter des groupes violents sur son territoire.

Source
Washington Post (États-Unis)
Quotidien états-unien de référence, racheté en août 2013 par Jeff Bezos, fondateur d’Amazon.

« Latin America’s Curious Peacemaker », par Michael Shifter, Washington Post, 15 février 2005.