Les Roms, ces neuf millions de personnes qui vivent dans des conditions abominables, sont la minorité la plus délaissée en Europe. Ils sont devenus une force négative dans la société et mes fondations en Europe de l’Est essayent d’attirer l’attention sur eux. En Hongrie par exemple, nous les aidons dans les domaines de la formation et de la culture. Je suis d’abord un homme avant d’être un homme d’affaires. Le problème des Roms existe aussi en Europe de l’Ouest : l’Espagne s’est montrée intéressée par nos programmes, l’Autriche également qui devrait s’occuper plus des Roms, toujours plus nombreux à arriver. Les restrictions britanniques à leur entrée ont été déclarées illégales et il faut donc s’attendre à une nouvelle vague.
Les relations problématiques entre la Serbie et le Monténégro, le problème du Kosovo et les difficultés en Bosnie-Herzégovine appellent aussi une initiative européenne. Le pouvoir a changé en Serbie, en Géorgie et en Ukraine grâce à ma Fondation. Cependant ces révolutions sont le fruit du travail des populations de ces pays. Désormais on a peur de moi car j’ai été chassé par Karimov en Ouzbékistan et par Loukachenko en Biélorussie. Ces régimes sont répressifs et ont peur de la révolution.
La Russie ne fonctionne plus comme une démocratie, il n’y a plus de mass-média indépendant, il n’y a pas d’opposition politique et la justice est aux ordres du pouvoir. Pour être membre du G8, il faut être une démocratie. La Russie n’est donc plus qualifiée pour y entrer. L’Europe est dépendante de la Russie pour ses livraisons d’énergie, ce qui explique qu’elle ne souhaite pas voir en face la réalité des changements politiques négatifs dans ce pays.

Source
Die Presse (Autriche)

« Russland raus aus G-8 », par Georges Soros, Die Presse, 12 Février 2005. Ce texte est adapté d’une interview.