La visite de George W. Bush en Europe cette semaine est la dernière chance pour les démocraties atlantiques de rebâtir un partenariat mis à mal. Mais pour cela, Bush ne doit pas utiliser les vieilles recettes, car elles étaient fondées sur des réalités qui ont disparu avec la Guerre froide.
L’Europe d’aujourd’hui ne dépend plus des États-Unis pour sa sécurité. L’Union européenne a changé et a aujourd’hui un traité constitutionnel qui, une fois adopté, donnera à cette institution un ministre des Affaires étrangères unique et un corps diplomatique autonome. En outre, aujourd’hui, après la Guerre d’Irak, même en Europe centrale, les défenseurs des liens atlantiques sont sur la défensive. Aujourd’hui, la " coalition des volontaires " est en déliquescence et l’Europe s’affirme diplomatiquement dans le dossier iranien, dans la résolution de la crise en Ukraine et dans les Balkans.
Pour forger une nouvelle relation transatlantique, il faut que Bush voie l’Union européenne comme une entité unique et accepte de lui donner plus de poids. C’est pourquoi Bush a eu raison d’atterrir à Bruxelles. Il faut que l’Union européenne parle d’une seule voix car cela va permettre de renforcer les États pro-atlantiques au détriment d’une conception française de l’Europe qui orienterait sa puissance contre les États-Unis.
Il faut donner plus de poids aux Européens en Irak, pousser l’Europe à faire davantage pression sur l’Iran et demander à l’Union européenne d’aider à la réforme des forces de sécurité de l’Autorité palestinienne.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Dubya Does Europe », par Ivo H. Daalder et Charles A. Kupchan, Los Angeles Times, 20 février 2005.