Nous avons vécu des jours sombres sous Saddam Hussein et quand son régime est tombé la population voulait une nouvelle vie. Au lieu de cela, nos communautés ont été attaquées avec des bombes chimiques et à fragmentation et notre population a été torturée, violée et tuée dans nos foyers. Les services de renseignement de Saddam venaient prendre les opposants chez eux en pleine nuit, les forces d’occupation font la même chose en plein jour. Les médias montrent seulement une partie des dévastations qui touchent l’Irak. Les journalistes qui osent dire la vérité ont été kidnappés par des terroristes, cela sert les objectifs de l’occupant qui veut éliminer tous les témoins.
Peu après que les Britanniques aient pris le contrôle de Bassora, les travailleurs des champs pétroliers se sont organisés en syndicat car nous savions que le contrôle du pétrole était l’objectif des occupants. Les occupants ont conservé de nombreuses lois de Saddam Hussein, notamment celle de 1987 interdisant les syndicats. Aussi, nous ne sommes pas reconnus malgré nos 23 000 membres. Toutefois, notre légitimité vient des travailleurs, pas du gouvernement. Nous sommes indépendants des partis politiques, mais le seul syndicat reconnu par les syndicats britanniques est l’Iraqi Federation of Trade Unions, liée aux partis proches d’Iyad Allaoui.
Nous nous sommes mobilisés contre la KBR de Dick Cheney et les mesures de L. Paul Bremer car notre devoir est de protéger les ressources de notre pays. Nous rejetons les privatisations néo-coloniales qui visent à mettre en place une occupation économique permanente.
L’occupant crée une division sectaire entre sunnites et chiites qui n’existait pas auparavant. Nous combattons ensemble contre l’occupation. George W. Bush et Tony Blair doivent se souvenir que ceux qui ont voté lors de l’élection sont aussi opposés à l’occupation que ceux qui l’ont boycottée. Nous demandons le départ des troupes d’occupation.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Leave our country now », par Hassan Juma’a Awad, The Guardian, 18 février 2005.