Washington ne manque pas d’activité en matière de politique étrangère, mais avant de s’investir dans toute une série de nouvelles tâches, je suggère d’abord d’en finir avec les anciennes, et notamment le Kosovo.
Il y a six ans, le régime de Slobodan Milosevic s’était engagé dans une politique de nettoyage ethnique contre les Albanais du Kosovo, entraînant la fuite de 700 000 personnes. Les frappes contre la Serbie avaient permis de convaincre ce pays d’abandonner son assaut brutal contre le Kosovo et depuis, ce pays est sous administration de l’ONU ; rien n’a changé en six ans. Le Kosovo est toujours officiellement une partie de la Serbie, bien que 90 % de la population y vivant ne veuille plus, à aucun prix, être administré depuis Belgrade. La population souhaite l’indépendance mais ce n’est pas qu’une question de fierté nationale. En effet, sans indépendance, le Kosovo ne peut pas bénéficier des fonds de développement et il reste dans une situation économique dramatique. En outre, les incertitudes créent de l’insécurité car ils maintiennent les Kosovars dans une mentalité d’assiégés.
Les émeutes qui ont causé la mort de 20 Serbes au printemps dernier pourraient se renouveler, voire déboucher sur une nouvelle guerre que les forces de l’OTAN et la police du Kosovo sont incapables d’empêcher. Pour éviter un tel cauchemar, il faut que les États-Unis s’associent aux membres du groupe de contact sur le Kosovo afin de lancer un processus en faveur d’un accord final sur le Kosovo, conformément à ce que propose l’International Crisis Group. Il faut une indépendance dans la province dans son ensemble, qui exclue toute autre solution. Ce processus doit commencer dès que l’ONU aura nommé le gouvernement kosovar cette année.
il sera cependant difficile d’obtenir une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU ou du groupe de contact car dans les deux cas, la Russie risque de bloquer le processus.

Source
New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« The War We Haven’t Finished », par Frank C. Carlucci, New York Times, 22 février 2005.