Sergueï Ivanov a déclaré récemment : « la démocratie n’est pas une pomme de terre qu’on peut transplanter d’un potager à un autre ». George W. Bush lui a répondu par anticipation en citant son philosophe préféré, Natan Sharansky : « la sécurité de la population aux États-Unis dépend du niveau de liberté dans les autres pays car les démocraties sont pacifiques ».
Ce débat n’est pas nouveau aux Etats-Unis. Déjà, dans les années 1820, il y avait des débats sur le soutien à apporter aux Grecs contre l’Empire ottoman. À cette occasion, le secrétaire d’État John Quincy Adams s’était opposé à une intervention militaire car il ne souhaitait pas que les États-Unis prennent la tête d’une croisade mondiale pour la démocratie. Monroe ne soutint donc que formellement les Grecs. La question se posa à nouveau quand Simon Bolivar demanda aux États-Unis de reconnaître les nouvelles Républiques sud-américaines. Les États-Unis refusèrent d’abord, puis soutinrent les nouvelles républiques après avoir envahi la Floride et commencé à faire du commerce avec elle, alors que la Russie et la France menaçaient d’intervenir.
À chaque fois, les États-Unis ont agit en fonction de leur intérêt national. Au Proche-Orient, les intérêts nationaux et la démocratisation vont de pair, mais cela ne veut pas dire que les États-Unis soutiendront la démocratie ailleurs. En fait, une politique étrangère qui lie intérêt national et valeurs nationales a plus de chance d’obtenir le soutien populaire. C’est le sens du discours de George W. Bush.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Exporting Democracy Is Not for the Naive », par Charles Edel, Los Angeles Times, 27 février 2005.