L’enquête à mon sujet et l’éventuel début d’une affaire Kuchma sont deux choses différentes. Le tribunal de Californie a décidé de procéder à l’audition des enregistrements réalisés dans le bureau de Kuchma par son ancien garde du corps, Nicolas Melnitchenko. Mes avocats ont saisi cette occasion car ils pensent que cela pourrait apporter la preuve que le dossier Lazarenko a été fabriqué de toutes pièces. Il n’est pas impossible que ces cassettes provoquent l’ouverture d’une enquête sur Kuchma aux États-Unis, de nombreuses personnes sont passées dans son bureau et cela pourrait intéresser les Américains...
Le 15 février, je me suis adressé au parquet ukrainien pour que les personnes qui ont colporté des mensonges à mon sujet s’excusent publiquement. Je ne demande aucune compensation financière, juste des excuses. Les dommages moraux subis s’élèvent à 1 million de $, or ce sont les organes du pouvoir qui les ont causés. Je ne veux pas que ce soit les citoyens ukrainiens qui payent cette dette comme le prévoit le Code civil, je veux que ceux qui m’ont chassé de ma patrie reconnaissent qu’ils ont menti et commis eux-mêmes les délits. Kuchma et son entourage ont d’abord affirmé que j’avais volé l’argent de l’État, puis que j’étais l’instigateur d’assassinats politiques retentissants et ensuite que j’orchestrais des manœuvres anti-présidentielles à partir des États-Unis à l’aide de quelconques avoirs financiers en Ukraine. Je ne me suis pas enfui secrètement du pays. C’est un mensonge de dire que Kuchma n’était pas au courant, c’est lui qui l’a permis, ensuite il a eu peur de mon témoignage et a exigé mon extradition vers l’Ukraine. On m’a aussi parlé de projet d’assassinat me visant.
Nous sommes en mesure de prouver que le parquet ukrainien a dissimulé des pièces qui prouvaient mon innocence et que les preuves contre moi ont été fabriquées sur commande. Je n’ai plus de contacts avec Yuliya Tymoshenko, mais je suis heureux qu’elle ait réussi. La volonté de sortir l’économie de l’ombre est menacée par une guerre des corrompus contre le nouveau gouvernement. J’ai entendu dire qu’on y a interdit de parler de re-privatisation ou de nationalisation, cette querelle sur les mots ne changera rien au fait que les biens stratégiques de l’État ont été détruits et que Kuchma devra en répondre personnellement. J’envisagerai les modalités de mon retour prochain en politique au sein du parti Gromada.

Source
Nezavissimaïa Gazeta

« КУЧМА ИСПУГАЛСЯ МОИХ ПОКАЗАНИЙ », par Pavel Lazarenko, Nezavissimaïa Gazeta, 1er Mars 2005. Ce texte est adapté d’une interview.