La décision surprise du président Hosni Mubarak de proposer un amendement constitutionnel qui autorise des élections présidentielles directes et concurrentielles pourrait bien être un pas de géant pour la démocratie en Égypte et dans le monde arabe. Le système actuel n’autorise les Égyptiens qu’à se rendre au bureau de vote tous les six ans pour voter pour ou contre le seul candidat. C’est pour cela que Moubarak est régulièrement élu avec 90 % des voix mais un très faible taux de participation. En Syrie et en Irak, les hommes forts avaient fait mieux en demandant que le nom et l’adresse des votants soient notés au dos des bulletins.
Beaucoup ont affirmé que la démocratisation du Moyen-Orient n’irait pas loin tant que l’Égypte ne serait pas pleinement engagée dans le processus et cela passe par un amendement de la constitution, c’est désormais chose faite. C’est pourquoi l’annonce de Moubarak est importante. D’autant plus que cela a lieu dans un contexte où la Turquie, le Maroc se démocratisent également, que cette voie est suivie en Irak, en Palestine dans un moindre degré en Arabie saoudite. La population fait entendre sa voix au Liban et en Égypte aussi ; c’est la pression populaire qui secoue le régime. Toutefois, l’opposition veille à ce que les changements constitutionnels ne soit pas que de la poudre aux yeux comme en Tunisie.
Moubarak devrait s’engager à ce qu’aucun président ne puisse avoir plus de deux mandats de cinq ans. Si elle est bien mise en place, cette réforme peut s’inscrire dans un printemps arabe de la liberté.

Source
Jerusalem Post (Israël)
Daily Star (Liban)
Wall Street Journal (États-Unis)
Taipei Times (Taïwan)

« Democracy on the Nile ? », par Saad Eddin Ibrahim, Jerusalem Post, 3 mars 2005.
« Uniting against tyranny-as-usual on the Nile », Daily Star, 3 mars 2005.
« A Crack in the Sphinx », Wall Street Journal, 6 mars 2005.
« Is democracy developing on the Nile river », Taipei Times, 7 mars 2005.