Très tôt dans la matinée du 10 mars 1945, plus de 300 bombardiers décollent des bases avancées de l’armée US pour l’opération Cherry Flower. Il s’agit de la première série d’une campagne de bombardements du Japon, destinée non pas à détruire des infrastructures militaires mais à terroriser la population et amener l’empereur à cesser la guerre avant que les troupes US atteignent l’archipel. À 5h du matin, alors que tout le monde dort encore, plus de 2 000 tonnes de bombes incendiaires et au napalm s’abattent sur Tokyo. L’aviation cible spécifiquement les denses quartiers résidentiels à l’est de la ville, près de la rivière Sumida. L’incendie des milliers de maisons en bois dégage des gaz incandescents et provoque un ouragan de feu qui engloutit la ville en quelques minutes. L’eau de la rivière se met à bouillir, cuisant vifs les rescapés qui s’y jettent pour échapper aux flammes tandis que plus de 100 000 civils meurent asphyxiés dans les rues et caves. Le soir du 10 mars, deux millions de personnes sans abri sont à nouveau attaquées dans les ruines fumantes, par une nouvelle vague de bombardements, faisant 40 000 morts supplémentaires.