Dans une interview à Der Standard, le ministre israélien et philosophe préféré de George W. Bush, Natan Sharansky, se réjouit de l’impact de sa pensée sur la politique états-unienne. La démocratie est en train de progresser partout affirme-t-il et il y a un effet boule de neige de l’Ukraine et de l’Irak sur le monde arabe. Tout cela est dû au discours de George W. Bush en soutien aux dissidents arabes, rédigé sur son conseil.

L’une des justifications de l’alignement de Tony Blair sur la politique de George W. Bush a longtemps été la possibilité de peser sur les choix des États-Unis en échange d’un soutien sans faille. L’influence britannique devait notamment se manifester sur la question israélo-arabe. Il n’en fut rien. Ce sont les problématiques états-uniennes qui ont prévalu sur cette question comme sur les autres. Le simple ministre israélien pour la Diaspora, Natan Sharansky, a eu plus de poids sur ces questions que le Premier ministre du Royaume-Uni, Tony Blair.
Celui-ci revient dans l’Asahi Shimbun sur sa politique et sa perception de la situation israélo-palestinienne. Force est de constater qu’il a adopté intégralement le point de vue de Washington. Ce texte, tout comme la conférence du 1er mars à Londres, est ainsi la validation du présupposé selon lequel le seul obstacle à la paix est palestinien. Aussi, comme s’est longtemps plu à le marteler Natan Sharansky, il faut réformer l’Autorité palestinienne pour la démocratiser et la pousser à lutter contre le terrorisme. C’est ce que propose Tony Blair, tout en demandant de soutenir Ariel Sharon, présenté comme un homme de paix pour le retrait de Gaza.
Ce point de vue ne semble pas être partagé par Ken Livingstone, le maire travailliste de Londres, qui fait l’objet d’attaques virulentes dans la presse britannique suite à une altercation avec un journaliste de l’Evening Standard. Il est la cible du Conseil représentatif des juifs de Grande-Bretagne après avoir comparé l’attitude d’un journaliste qui l’interviewait à celle d’un gardien de camp de concentration. Il s’était avéré que le journaliste était juif. Suite à la campagne mené contre lui, le maire de Londres a précisé sa pensée dans une tribune publiée dans The Guardian, le 4 mars. Ken Livingstone dément être antisémite et estime que le Conseil représentatif des juifs de Grande-Bretagne l’attaque uniquement car il condamne la politique israélienne. Il affirme, en effet, qu’Ariel Sharon est un criminel de guerre et que sa place est en prison. Il condamne l’instrumentalisation de l’antisémitisme par Israël et les organisations qui soutiennent ses gouvernements. L’antisémitisme a d’abord servi à diaboliser les Palestiniens, puis tous les musulmans et enfin tout ceux qui s’attaquent à Israël. Cette tribune on s’en doute n’a fait que redoubler les critiques contre « Ken le rouge ». L’ambassadeur d’Israël au Royaume-Uni, Zvi Heifetz lui répond d’ailleurs dans le même quotidien en réutilisant la vulgate habituelle. Il réaffirme qu’Israël est un pays-victime qui ne fait que se défendre et qu’on assiste aujourd’hui à une déferlante antisémite en Europe que M. Livingstone ne fait qu’attiser.
C’est à un tout autre type de critique que se livre la journaliste israélienne Daphna Baram, le lendemain, dans les mêmes colonnes. Pour elle, Ken Livingstone énonce une évidence : Ariel Sharon est sans aucun doute un criminel de guerre. Son action personnelle depuis 1953 est une succession de crimes. Toutefois, cette accusation s’applique de la même façon à Tony Blair compte tenu de son action en Irak. Aussi, Livingstone doit aller au bout de sa démarche et dénoncer son Premier ministre pour les meurtres qu’il a ordonnés.

Dans le Daily Star, Gunther Altenburg, secrétaire général adjoint de l’OTAN, souligne l’implication croissante de son organisation au Proche-Orient. Il se félicite du développement des partenariats avec les pays de la région et déclare que l’Alliance est disponible pour aider à la résolution du conflit israélo-palestinien. Cette offre de service est présentée au nom de la stabilisation d’une région stratégique où se concentreraient les menaces qui planent sur l’Occident. Il s’agit-là d’une justification classique et d’autant plus pratique que cette menace est floue. Gunther Altenburg répète ce présupposé, mais ne prend pas la peine d’expliquer en quoi cette région est un problème de sécurité pour l’Europe et l’Amérique du Nord. Toutefois, comment justifier qu’une alliance définie juridiquement comme défensive s’investisse en tant que supplétive des troupes états-uniennes si on n’agite pas la menace ?
Isabelle François, chargée de la communication de l’OTAN en Russie agite elle aussi une menace floue afin de rassurer les Russes sur l’extension de l’OTAN. Dans Nezavissimoie Voïennoie Obozrenie le supplément militaire hebdomadaire de Nezavissimaïa Gazeta, elle se livre à un difficile exercice de propagande auprès d’une opinion méfiante. Elle cherche à démontrer que l’élargissement de l’OTAN à l’Est n’est pas une menace pour la Russie. De même, l’implication de l’Alliance dans les affaires proches-orientales, au nom de la démocratie, n’est pas une ingérence dans les affaires d’États souverains ayant une importance stratégique pour la Russie. À la croire, tout cela n’est qu’une façon de stabiliser la région et de lutter contre cette menace qui entre en Russie via Internet. Contre ces fameux dangers, elle appelle à un partenariat OTAN-Russie et regrette qu’il ne soit pas plus développé à cause des lourdeurs bureaucratiques russes.