Le racisme est une idéologie réactionnaire qui a servi à justifier les plus grands crimes de l’Histoire. C’est pour cela que c’est une idéologie que je déteste. Aucun commentateur sérieux n’a estimé que je puisse avoir fait des commentaires antisémites. Je considère que l’Holocauste est le pire crime du siècle dernier et que la contribution de la population juive dans la civilisation humaine est extraordinaire. Je reconnais également le poids de la contribution juive au développement de Londres et, en tant que maire, j’ai lutté contre les attaques antisémites dans ma ville.
Dans les années 70, j’ai travaillé avec le Conseil représentatif des juifs de Grande-Bretagne contre le National Front. Les problèmes avec le Conseil ont commencé quand, lorsque j’étais dirigeant du Conseil du grand Londres, j’ai refusé de limiter les subventions aux seules organisations juives agréées par cette organisation. J’ai ainsi fait subventionner des organisations juives de défense des droits des gays et lesbiennes qui n’avaient pas reçu son aval. Les tensions sont devenues dramatiques avec cette organisation quand j’ai dénoncé l’invasion illégale du Liban qui a abouti au massacre de Sabra et Chatila. La même année, je me suis impliqué dans une campagne interne au parti travailliste qui a amené le parti à reconnaître l’OLP comme la voix légitime des Palestiniens. Comme le montre cette histoire, le point d’opposition central entre moi et le Conseil n’est pas basé sur l’antisémitisme mais sur la position d’Israël.
L’expansion d’Israël a inclus des nettoyages ethniques. Les Palestiniens ont été chassés par la violence et la terreur. Les méthodes de l’Irgun ont été les mêmes que celles de Karadzic en Bosnie. Aujourd’hui, le gouvernement israélien continue de saisir les terres des Palestiniens et leur dénie le droit de revenir sur les terres dont ils ont été chassés. Ariel Sharon est un criminel de guerre et sa place est en prison. Aujourd’hui encore il continue d’organiser le terrorisme israélien.
Pour cacher cette situation, ceux qui le soutiennent diabolisent ses adversaires. D’abord ce furent les Palestiniens, puis tous les musulmans. Aujourd’hui, le gouvernement israélien donne une fausse image du racisme en Europe et présente les juifs comme les principales victimes du racisme et des discriminations. En réalité, ce sont les mêmes valeurs qui poussent à condamner l’Holocauste qui poussent à condamner la politique d’Israël.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« This is about Israel, not anti-semitism », par Ken Livingstone, The Guardian, 4 mars 2005.