Nous apprenons dès notre plus jeune âge que quand nous faisons quelque chose de mal, nous devons nous excuser et non reporter la faute sur les autres. C’est pourtant ce que fait Ken Livingstone. Au lieu de s’excuser pour avoir comparé un journaliste à un nazi travaillant dans les camps de concentration, il a voulu déplacer le débat.
Dans son texte, le maire de Londres précise qu’il n’est pas antisémite, " seulement " anti-Israélien. J’en conviens, ce n’est pas nécessairement la même chose. Pourtant, son texte peut facilement renforcer les préjugés contre les juifs. Ironiquement, ce type d’attaque intervient alors que, pour la première fois depuis de longues années, il y a une vraie chance de paix au Proche-Orient et que Ariel Sharon est reconnu par la communauté internationale pour son action courageuse. Le président Mahmoud Abbas condamne le terrorisme et le combat, contrairement à son prédécesseur. Les Palestiniens comprennent que la stratégie d’Arafat n’était pas la bonne, et les Israéliens qu’il faudra faire des concessions douloureuses.
Le changement de sujet de Livingstone doit être condamné mais il faut encore plus blâmer la méthode qui consiste à proférer des accusations sans fondements. Ainsi, dans sa présentation des évènements, Livingstone oublie les pogroms anti-juifs en Palestine en 1936 et la décision des pays arabes d’éliminer Israël en 1948, en 1967 et en 1973. De même, quand M. Livingstone condamne l’invasion israélienne du Liban, il oublie les attaques que nous subissions de ces territoires auparavant et l’actuelle occupation syrienne. M. Livingstone ne s’intéresse aux souffrance que dans un sens. Face à la montée de l’antisémitisme en Europe, son propos est mal venu.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« I’m ready to meet Ken », par Zvi Heifetz, The Guardian, 9 mars 2005.