J’ai lu Ken Livingstone et je suis d’accord avec lui. Je ne le crois pas antisémite. Pourtant, je suis en colère contre Ken et la gauche britannique en général. Laissez moi expliquer pourquoi.
Je suis d’accord, mon Premier ministre, Ariel Sharon est un criminel de guerre. Depuis le massacre de 69 civils en 1953, l’invasion du Liban en 1982 et les massacres de Sabra et Chatila ou les bombardements de villes palestiniennes aujourd’hui, sa carrière est marquée par la criminalité la plus vile. J’ai dédié ma vie à en convaincre mon peuple et le votre. Toutefois, si la justice doit être la même pour tous, qu’en est-il de votre Premier ministre ? n’est-ce pas Tony Blair qui a envoyé l’armée britannique en Irak et fait massacrer des dizaines de milliers d’irakiens dans une guerre illégale construite sur la base d’un faux prétexte ? Si certains veulent enfermer Blair avec Sharon, ce dernier pourrait cependant protester légitimement. Après tout, il a moins de morts à son actif.
Certes, la gauche britannique a été opposée à la guerre mais personne n’ose franchir le pas et traiter Blair d’assassin. Même Ken a choisi de rejoindre le parti du Premier ministre depuis la guerre. A cette époque, pourtant, les sinistres intentions états-uno-britanniques contre l’Iran et la Syrie étaient déjà dans l’air. Il faut être cohérent dans sa démarche. Que la gauche britannique adoucisse son discours vis-à-vis de Sharon ou le durcisse vis-à-vis de Blair, mais la torture, le meurtre et la guerre doivent être condamnés de la même façon.

Source
The Guardian (Royaume-Uni)

« Sharon’s cellmate », par Daphna Baram, The Guardian, 10 mars 2005.