La relance de l’activité économique et les investissements

Tout au long de l’histoire américaine, il y a eu des années qui se sont terminées sans tambour ni trompette et puis il y en a eu d’autres qui arrivent une fois par génération, qui marquent une cassure avec une époque troublée et qui mettent notre pays sur une nouvelle voie.

Nous sommes dans une de ces années.

Nous commençons 2009 au milieu d’une crise comme nous n’en avons jamais connue de notre vivant, une crise qui n’a fait qu’empirer au cours des dernières semaines. Près de 2 millions de personnes ont maintenant perdu leur emploi et, vendredi, nous allons probablement apprendre que plus d’emplois ont été détruits au cours de cette année qu’au cours d’aucune autre depuis la Seconde Guerre mondiale. Pendant l’année écoulée, 2,8 millions d’Américains de plus qui cherchent et qui ont besoin d’emplois à plein temps ont dû se contenter d’emplois à temps partiel. Le secteur industriel est à son point le plus bas depuis vingt-huit ans. De nombreuses entreprises ne peuvent plus emprunter ni payer leurs salariés. De nombreuses familles ne peuvent payer ni leurs factures ni leurs mensualités de crédit immobilier. De nombreux travailleurs voient leurs économies fondre à vue d’œil. Et nombreux sont les Américains qui se demandent et qui craignent ce que l’avenir leur réserve.

Je ne pense pas qu’il soit trop tard pour changer de cap, mais ce le sera si nous ne prenons pas des mesures spectaculaires dans les meilleurs délais. Si nous ne faisons rien, la récession pourrait durer des années. Le taux de chômage pourrait dépasser 10%. Notre économie pourrait tomber à 1 milliard de dollars en dessous de sa pleine capacité, ce qui se traduirait par une diminution de plus de 12.000 dollars du revenu d’une famille comptant 4 personnes. Nous pourrions perdre une génération de potentiel et de promesses à mesure que de plus en plus de jeunes Américains se verraient contraints d’abandonner leur rêve de faire des études universitaires ou de recevoir une formation pour les métiers de demain. Et notre pays pourrait perdre l’avantage concurrentiel qui a servi de fondation à notre force et à notre stature dans le monde.

En un mot, la situation, aussi mauvaise qu’elle soit, pourrait encore considérablement empirer.

Cette crise n’est pas simplement due à un accident de l’histoire ou un tournant normal dans le cycle des affaires, et nous n’en sortirons pas en attendant simplement un jour meilleur ou en utilisant les recettes éculées du passé. Nous en sommes arrivés à ce point après une longue période d’irresponsabilité qui a prévalu tant dans les salles des conseils d’administration des entreprises que dans les cercles du pouvoir à Washington. Pendant des années, trop de cadres de direction de Wall Street ont pris des décisions imprudentes et dangereuses, en cherchant à faire des bénéfices sans tenir compte des risques, avec trop peu de surveillance et trop peu de responsabilité. Les banques ont accordé des prêts sans s’inquiéter de savoir si les emprunteurs pouvaient les rembourser, et certains emprunteurs ont profité de la faiblesse des taux d’intérêt pour accumuler des dettes qu’ils ne pouvaient pas payer. Les politiciens ont dépensé l’argent des contribuables sans sagesse ni discipline et se sont souvent plus intéressés à marquer des points politiques qu’à régler les problèmes qu’ils avaient été élus pour résoudre. Tout cela a entraîné un manque affligeant de confiance dans notre économie, dans nos marchés financiers et dans nos institutions politiques.

Or, le fait que nous soyons dans une grande mesure responsable de cette crise signifie aussi que nous avons les moyens de la dénouer. Nos problèmes ont leur racine dans nos erreurs antérieures, non dans notre capacité de regagner notre grandeur. Cela prendra du temps, des années peut-être, mais nous pouvons reconstruire cette confiance perdue. Nous pouvons restaurer les possibilités et la prospérité. Nous ne devons jamais oublier que nos travailleurs sont plus productifs que ceux de tous les autres pays. Nous universités font toujours l’envie du reste du monde. Nous sommes toujours la patrie des esprits les plus brillants, des entrepreneurs les plus créatifs et des technologies et des innovations les plus avancées que l’histoire ait jamais connus. Et nous sommes toujours le pays qui a surmonté les plus grandes peurs et gagné contre pratiquement toute attente. Si nous agissons avec la rapidité et le sérieux que le moment exige, je suis certain que nous pouvons encore le faire.

C’est pourquoi j’ai voulu agir vite avec mon équipe économique et les chefs de file des deux partis pour préparer un plan de relance et d’investissement qui doit faire repartir la création d’emplois et la croissance à long terme

Ce plan n’est pas simplement une nouvelle politique, mais une nouvelle manière de s’attaquer aux problèmes les plus urgents. Si nous voulons mettre fin à cette crise, nous devons en finir avec la culture du « tout et n’importe quoi » qui a contribué à la créer, et ce changement doit commencer à Washington. Le moment est venu de changer la manière dont Washington agit et de choisir un nouveau cap pour les États-Unis.

Il ne fait aucun doute que ce plan va coûter très cher. Il va certainement contribuer à accroître le déficit budgétaire dans le court terme. Toutefois, les conséquences de l’inaction ne font non plus aucun doute : elle ne peut mener qu’à une plus grande perte d’emplois, de revenus et de confiance dans notre économie. Il est vrai que nous ne pouvons pas dépendre uniquement de l’État pour créer des emplois ou de la croissance à long terme mais, en ce moment précis, seul l’État peut donner l’impulsion requise dans le court terme pour nous faire sortir d’une récession aussi grave et profonde. Seul l’État peut briser les cercles vicieux qui paralysent notre économie, où l’absence de dépenses mène à une perte d’emplois qui elle-même débouche sur une nouvelle réduction des dépenses, où l’incapacité de prêter et d’emprunter bloque la croissance et entraîne un nouveau resserrement du crédit.

C’est pourquoi nous devons agir avec audace et dès maintenant pour inverser ces cycles. C’est pourquoi nous devons mettre de l’argent dans le portefeuille des Américains, créer des emplois et investir dans notre avenir. C’est pourquoi nous devons relancer le crédit et rétablir des règles du jeu qui garantiront qu’une crise comme celle-ci n’arrivera plus jamais.

Notre travail commence avec ce plan, qui, j’en suis certain, permettra de sauvegarder ou de créer plus de 3 millions d’emplois au cours des quelques années qui viennent. Ce n’est pas simplement un autre programme de travaux publics ; c’est un plan qui tient compte à la fois du paradoxe et de la promesse du présent : le fait qu’il y a des millions d’Américains qui essaient de trouver un emploi alors que, partout dans le pays, il y a des travaux à faire. C’est pourquoi nous investirons dans des domaines prioritaires tels que l’énergie et l’éducation, la santé et la nouvelle infrastructure qui sont nécessaires pour que nous restions forts et compétitifs au XXIe siècle. C’est pourquoi la grande majorité des emplois sera créée dans le secteur privé et que notre plan préservera les emplois du secteur public, enseignants, policiers, pompiers et autres personnels qui fournissent des services vitaux.

Pour faire enfin démarrer une économie d’énergie propre, nous allons doubler la production des énergies de remplacement au cours des trois prochaines années. Nous allons moderniser 75% des bâtiments fédéraux et améliorer le rendement énergétique des appareils de deux millions de foyers, réduisant ainsi les dépenses énergétiques des contribuables et des consommateurs de plusieurs milliards de dollars. Par là même, nous donnerons aux Américains de nouveaux emplois, qui paient bien et qui ne peuvent pas être délocalisés, dans les secteurs de la fabrication de panneaux solaires et de turbines éoliennes, de la construction de voitures et de bâtiments consommant moins de carburant et de combustible, de la création de nouvelles technologies qui contribueront à créer encore plus d’emplois, d’économies et une planète plus propre.

Pour améliorer la qualité de notre système de soins médicaux en en réduisant le coût, nous lancerons les investissements immédiatement nécessaires pour que, dans les cinq années qui viennent, tous les dossiers médicaux soient informatisés. Cela éliminera le gaspillage, la paperasserie et réduira le besoin de répéter des analyses coûteuses. Toutefois, cela ne sauvegardera pas seulement des millions d’emplois et de dollars, cela sauvera aussi des vies en réduisant les erreurs médicales meurtrières mais évitables qui sont courantes.

Pour donner à nos enfants la possibilité de réaliser leurs rêves dans un monde de plus en plus concurrentiel, nous doterons des dizaines de milliers d’écoles, de collèges et d’universités publiques de salles de classe, de laboratoires et de bibliothèques du XXIe siècle. Nous fournirons de nouveaux ordinateurs, de nouvelles technologies et de nouvelles formations aux enseignants pour que les élèves de Chicago ou de Boston puissent entrer en concurrence ceux de Pékin dans leur quête des emplois high-tech et bien payés de demain.

Pour construire une économie tournée vers l’avenir, nous commencerons par reconstruire les États-Unis. Oui, nous mettrons les gens au travail pour remettre en état les routes, les ponts et les écoles qui tombent en ruines et nous supprimerons l’arriéré de projets d’infrastructure bien conçus et indispensables qui ne demandent qu’à être réalisés. Nous irons cependant au-delà de la mise aux normes de l’économie mondiale des États-Unis. Cela veut dire que nous allons moderniser la manière dont nous obtenons notre électricité en commençant à mettre en place un nouveau réseau « intelligent » qui nous économisera de l’argent, qui protégera nos sources d’énergie des pannes et des attaques et qui fournira des énergies de remplacement propres dans tous les coins du pays. Cela veut dire que nous étendrons le réseau Internet à haut débit dans toute l’Amérique pour que n’importe quelle petite entreprise de n’importe petite ville puisse entrer en relation et en concurrence avec ses homologues partout dans le monde. De même, cela veut dire que nous allons investir dans les sciences, dans la recherche, dans les technologies qui déboucheront sur de nouvelles découvertes médicales et sur de nouvelles entreprises.

Enfin, ce plan de relance et d’investissement offrira une aide immédiate aux États, aux travailleurs et aux familles qui supportent le poids de la récession. Pour encourager les gens à recommencer à dépenser, 95% des ménages qui travaillent recevront un abattement fiscal de 1.000 dollars, première étape de la réduction des impôts que j’ai promise à la classe moyenne pendant ma campagne et que je compte inclure dans notre prochain budget. Pour aider les Américains qui ont perdu leur emploi et qui ne peuvent pas en trouver un autre, nous continuerons de proroger les allocations chômage et la couverture médicale pour les aider à surmonter la crise. L’administration à tous les niveaux va devoir se serrer la ceinture, mais nous aiderons les États en difficulté à éviter des coupes budgétaires préjudiciables tant qu’ils se montreront responsables et qu’ils utiliseront cet argent pour continuer à assurer les services essentiels : police, lutte contre les incendies, enseignement et soins médicaux.

Je peux comprendre que mon plan laisse sceptiques certains d’entre vous. L’État fédéral a déjà dépensé de grosses sommes d’argent, et nous n’avons pas encore vu que cela se traduisait pas des créations d’emplois, par un relèvement des revenus ou par un renouveau de la confiance dans notre économie. C’est pourquoi mon plan de relance et d’investissement ne se contentera pas de donner de l’argent ; il investira dans ce qui marche. Il ne s’agit pas de savoir si les mesures que nous prendrons viendront des républicains ou des démocrates, mais si elles créeront des emplois, si elles feront croître notre économie, si elles mettront le rêve américain à la portée de tous nos concitoyens.

Au lieu d’avoir des politiciens qui distribuent de l’argent plus ou moins en cachette, toutes les décisions concernant nos investissements seront prises dans la plus grande transparence et elles seront vérifiées dans toute la mesure du possible par des experts indépendants. Tous les Américains seront en mesure de tenir Washington responsable de ces décisions en vérifiant à l’aide d’un ordinateur où et comment leurs impôts sont dépensés. Et, comme je l’ai annoncé hier, nous allons lancer un effort sans précédent pour supprimer les dépenses malavisées et inutiles qui n’ont jamais été plus hors de la portée de notre pays et de l’avenir de nos enfants qu’aujourd’hui.

Aujourd’hui, nous devons faire des choix difficiles et des investissements avisés pour que le déficit se réduise à mesure que l’activité économique repart. Nous ne pouvons pas avoir une relance solide si nos concitoyens et nos entreprises ne sont pas certains que nous mettons en ordre nos affaires budgétaires. C’est pourquoi notre objectif n’est pas de créer tout un tas de nouveaux programmes publics, mais de jeter les fondations d’une croissance économique à long terme.

Cela veut aussi dire un plan de relance économique sans fonds d’affectation spéciale ou sans projets personnels. Je sais que chacun des membres du Congrès a une idée précise quant à la manière de dépenser l’argent. Beaucoup de ces projets sont valables et profitent aux collectivités locales. Cependant, ces mesures d’exception ne doivent pas servir à satisfaire ces aspirations. Nous sommes à un moment où les chefs de file des deux partis doivent mettre les intérêts supérieurs de la nation avant leurs intérêts propres.

À lui seul, ce plan de relance ne résoudra pas tous les problèmes qui sont à la base de cette crise. Nous devons aussi nous efforcer de stabiliser et de réparer d’urgence le système financier dont nous dépendons. Cela veut dire que nous devrons utiliser tous les outils dont nous disposons pour rouvrir les vannes du crédit aux familles et aux entreprises et pour restaurer la confiance dans nos marchés boursiers. Cela veut dire que nous devons faire un effort considérable pour nous attaquer aux saisies immobilières et laisser les familles responsables conserver leur logement. Cela veut dire que nous devons prévenir tout échec catastrophique des institutions financières dont la chute mettrait en danger toute l’économie, mais avec un maximum de garanties pour les contribuables et étant bien entendu que le soutien de l’État fédéral représente un acte extraordinaire qui doit être entouré de restrictions importantes placées sur le bénéficiaire. Et cela signifie enfin que nous devons réformer un système de réglementation faible et obsolète pour que nous puissions mieux résister à de futurs chocs financiers et protéger les consommateurs, les investisseurs et les entreprises de la cupidité et de la prise de risque qui ne doivent jamais plus menacer notre prospérité.

Nous ne pouvons plus laisser les « malfaiteurs » de Wall Street passer par les failles du système de réglementation. Nous ne pouvons plus permettre aux intérêts particuliers de mettre le pouce sur la balance de l’économie. Nous ne pouvons plus autoriser les prêts et les emprunts à tout va qui ne mènent qu’à des cycles de bulles qui explosent.

Le moment est venu de fixer un nouveau cap pour l’économie et ce, dès maintenant. Nous allons discuter ouvertement et honnêtement de ce plan dans les jours qui viennent mais, au nom du peuple américain, je demande instamment au Congrès d’agir rapidement. Chaque jour que nous passons en dénonciations futiles et en atermoiements, un plus grand nombre d’Américains perdent leur emploi. Un plus grand nombre de familles voient leur épargne s’envoler. Un plus grand nombre de rêves sont brisés. Et les États-Unis s’enfoncent plus profondément dans une crise que bientôt nous ne serons plus en mesure de maîtriser.

Ce n’est pas là le pays que je connais, ce n’est pas là l’avenir que j’accepterai en tant que président des États-Unis. Un monde qui dépend de la force de notre économie nous regarde et attend que notre pays montre à nouveau la route. Et nous allons le faire.

Cela ne sera pas facile et rapide et, tout bien considéré, il est probable que la situation va empirer avant de s’améliorer. C’est d’ailleurs une raison de plus pour que le Congrès agisse rapidement. Je sais que ce plan est d’une ampleur sans précédent, mais la gravité de la situation l’est aussi. Nous avons déjà essayé l’attentisme, et vous voyez où cela nous a menés.

C’est pourquoi le moment est venu de construire une économie du XXIe siècle où le travail et la responsabilité seront à nouveau récompensés. C’est pourquoi je demande au Congrès de travailler avec moi et avec mon équipe jour et nuit, et les week-ends aussi s’il le faut, pour approuver ce plan dans les semaines qui viennent. C’est pourquoi je demande à tous Américains, démocrates et républicains, de faire passer les nouvelles idées devant les vieilles querelles idéologiques et le bon sens devant l’esprit de parti ; c’est pourquoi je voudrais que la première question qu’ils se posent ne soit pas « qu’est-ce qui est bon pour moi ? », mais « qu’est ce qui est bon pour le pays dont mes enfants vont hériter ? »

Plus que tout programme ou toute politique, c’est ce genre d’esprit qui va nous permettre de relever ce défi et c’est le même esprit qui a permis aux générations précédentes de faire face à la guerre, à la dépression et à la peur elle-même. Et si nous réussissons, si nous arrivons à retrouver cet esprit, si nous sommes capables de prendre soin les uns des autres, de nous écouter les uns les autres et de faire ce que nous pouvons pour notre pays et la prospérité, je suis certain que, dans des années, nous pourrons considérer 2009 comme l’année qui aura marqué un nouveau commencement pour les États-Unis d’Amérique. Merci, que Dieu vous bénisse, que Dieu bénisse les États-Unis.