Un État palestinien avec des frontières provisoires est une option problématique de la « feuille de route » et les Palestiniens la rejette. Quand, dans le premier gouvernement d’Ariel Sharon, Shimon Peres a proposé un État provisoire, le Premier ministre palestinien Ahmed Qoreï a rejeté la proposition à moins que cela ne s’accompagne d’un accord sur les frontières futures. Cela illustre ce que les Palestiniens ont retenu des accords d’Oslo et la position de Mahmoud Abbas dans la prochaine étape de la feuille de route.
Suite à ce qui s’est passé à Oslo, les Palestiniens voient toutes les frontières provisoires comme des pièges. On ne peut pas leur donner tort. Depuis 1967, nous avons toujours tourné la réalité du terrain à notre avantage. C’est pour cela qu’Abbas demande à la communauté internationale de passer directement à l’accord final après le retrait de Gaza.
De notre côté, notons qu’un des principaux mirages des accords d’Oslo a été de croire qu’établir une Autorité palestinienne allait permettre de constituer un dialogue bilatéral civilisé sans que personne ne remette en cause toutes les règles ; c’est pourtant ce qu’a fait l’Autorité palestinienne en déclenchant l’Intifada. Mahmoud Abbas est plus pragmatique qu’Arafat, mais il a les mêmes buts. Israël n’a rien à gagner à faire traîne les discussions. Il faut une solution définitive sur les critères de Bill Clinton : un retour aux frontières de 1967 et un rejet du droit au retour.

Source
Ha&8217;aretz (Israel)
Quotidien de référence de la gauche intellectuelle israélienne. Propriété de la famille Schocken. Diffusé à 75 000 exemplaires.

« Back to Oslo’s obstacles », par Shlomo Ben-Ami, Ha’aretz, 17 mars 2005.