En 1930, en pleine dépression économique, la société Union Carbide lance le projet d’un tunnel de 3 km sous la montagne de Hawk’s Nest pour détourner une rivière vers sa nouvelle usine chimique. Les délais du chantier sont très courts, mais le chômage permet d’embaucher en surnombre et à bas prix, notamment des noirs pauvres, pour les travaux pénibles de creusement. Les conditions de travail sont telles, qu’en deux ans, 476 ouvriers (sur 800) meurent de silicose ou d’épuisement. Les syndicats et le Congrès réclamment une enquête. Union Carbide, qui ne veut surtout pas retarder le chantier, ordonne alors aux contremaîtres d’embaucher de préférence des migrants anonymes et de faire disparaître leur corps en cas d’accident. On retrouvera une centaine de cadavres dans une fosse sur le site, d’autres seront enterrés dans les gravats du tunnel ou jetés à la rivière. La commission d’enquête avancera le chiffre de 764 morts, ce qui fait de Hawk’s Nest la pire catastrophe industrielle des États-unis.