Le renversement d’Askar Akaïev a été accueilli avec le même enthousiasme que les révolutions en Géorgie et en Ukraine. On nous dit que la démocratie est en marche et qu’un nouveau despote de l’ex-URSS a été renversé. C’est une jolie histoire mais je crains que ça ne corresponde pas à la réalité.
En Géorgie, Chevarnadze a été renversé quand des dizaines de milliers de manifestants sont arrivés au Parlement pour demander la fin de la corruption ; au Kirghizistan, la foule n’a pas fait qu’occuper les bâtiments publics, elle a pillé les supermarchés, les cybercafés, les salons de beauté, etc. Contrairement à l’Ukraine, les manifestants n’ont pas dénoncé les élections truquées, ils se révoltaient contre la situation économique d’un pays qui dépend largement de sa seule mine d’or et des deux bases militaires installées sur son sol : une russe et une états-unienne. Contrairement aux dirigeants de Géorgie et d’Ukraine, les nouveaux dirigeants kirghizes ne veulent pas une nouvelle politique, ils veulent plus de pouvoirs en le prenant à leur ancien camarade Akaïev.
Ce n’est pas une révolution politique, c’est une révolution économique et régionale du sud ouzbek contre le nord russifié et industriel. Le nouveau président Kurmanbek Bakiev était Premier ministre jusqu’à ce qu’il ait dû démissionner suite à la répression sanglante d’une manifestation et qu’il passe à l’opposition. La nouvelle ministre des Affaires étrangères, Rosa Otunbaieva, a occupé ce poste par deux fois et était autrefois connue pour son marxisme-léninisme. Enfin, Felix Koulov, dont la libération a tant enthousiasmé l’Occident, a dirigé auparavant les forces au Kirghizistan, avant la chute de l’URSS, et a fait tirer sur des manifestants.
Les habitants du Nord ne sont pas content de ce qui se passe, des pillages à Bichkek et comme me disait un ami vivant là bas, ce n’est pas la démocratie, c’est la foule !

Source
International Herald Tribune (France)
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New York Times (États-Unis)
Le New York Times ambitionne d’être le premier quotidien global au travers de ses éditions étrangères.

« Democracy Falls on Barren Ground », par Elinor Burkett, New York Times, 29 mars 2005.
« Democracy falls on barren ground », International Herald Tribune, 30 mars 2005.