La contre-révolution est déjà là, nous pouvons le voir et le sentir. Le désordre, les pillages, les combats, tout cela est inspiré par les adversaires du nouveau pouvoir. Grâce aux mesures que nous avons prises, le calme est revenu. Ce qui s’est passé n’était pas planifié à l’avance, personne ne s’y attendait, notamment la prise de la Maison Blanche. Je ne suis pas partisan de ce genre d’action, mais le peuple était excédé. Je ne souhaite à personne d’arriver au pouvoir dans ces conditions.
Nous voulons un Kirghizistan développé et démocratique, un pays où les Droits de l’homme sont garantis et la liberté de parole aussi. Notre gouvernement est formé, la première tâche est d’assurer la sécurité des citoyens. Nous n’allons pas nous éloigner de la Russie, nous avons des liens très forts et très anciens, nos relations au contraire vont être encore meilleures. Tous les contrats passés jusqu’à ce jour entre le Kirghizistan et d’autres États seront honorés, la construction de la centrale hydroélectrique de Kambaratinsk avec la Russie va permettre de redonner de la vie à l’économie et de juguler le chômage. La présence d’Akaïev à Moscou ne fera pas d’ombre aux relations entre nos deux pays ; au contraire, le président Poutine s’est montré très à l’écoute de nos besoins lors de la conversation téléphonique que j’ai eue avec lui. Je lui ai clairement dit que nous avions besoin d’aide, car en ce moment ont lieu les travaux agricoles de printemps et nous devons penser à ce que le peuple va manger. J’ajoute que l’ambassadeur des États-Unis nous a aussi assuré de la part de son président que nos relations resteront inchangées.
Tous les problèmes concernant le nouveau parlement seront résolus dans le cadre de la constitution, malheureusement pour l’instant la situation est paradoxale, en effet les deux parlements, l’ancien et le nouveau, se disent légitimes. Les élections présidentielles auront lieu le 26 juin prochain, conformément aux textes qui précisent que lorsque le poste de président est vacant pour une raison ou pour une autre, le successeur doit être désigné dans les trois mois. Je n’ai personnellement aucune intention de faire juger Akaïev. Il est le premier président du Kirghizistan et il le restera pour toujours. Une grande part de l’édification de notre État lui revient. Il y a une loi qui garantit sa sécurité et elle sera respectée.

Source
Rossiskaïa Gazeta (Fédération de Russie)
Rossiskaïa Gazeta est le journal gouvernemental de la Douma d’État russe. C’est un quotidien.

« Пришедшие по волне », par Kurmanbek Bakiev, Rossiskaïa Gazeta, 28 mars 2005. Ce texte est adapté d’une interview.