L’ONU va bientôt célébrer son soixantième anniversaire, alors que son avenir n’a jamais paru aussi incertain. L’organisation est en effet cernée par les scandales autour du programme « pétrole contre nourriture », de la corruption du fils de Kofi Annan et des actes criminels commis par ses employés en Afrique ou dans les Balkans. Toutefois, son incapacité à remplir sa principale mission, qui est d’assurer la sécurité internationale, aussi bien durant la Guerre froide que dans les années qui ont suivi, est tout aussi inquiétante. Cet élément a été souligné au début du mois par Kofi Annan, qui a proposé une série de réformes visant à faire de l’ONU une structure plus performante.
Toutefois, le problème fondamental de ce plan est qu’il laisse au Conseil de sécurité de l’ONU la légitimité de décider ou non d’une action militaire face à une menace préoccupante mais pas « imminente ». Cette proposition ne découle pas nécessairement de la Charte de l’ONU comme on l’entend parfois. Cette charte prévoit en effet une interdiction de l’usage de la force dans le but de conquérir ou coloniser un territoire mais dans les autres cas, elle laisse aux États le droit de se défendre sans que la menace ait spécifiquement à être imminente. Aujourd’hui, il n’y a pas de consensus sur la légitimité d’une attaque face à une menace. En fait, il y a rarement eu consensus sur l’usage de la force.
Dans le monde de l’après 11 septembre, attendre l’avis d’autres nations pour décider d’utiliser la force est suicidaire. En faisant la distinction entre la façon dont il faut réagir face aux atrocités commises par un gouvernement et la façon de réagir face à une menace, Kofi Annan montre sa faveur pour les interventions humanitaires au détriment de l’usage de la force défensif. Le problème, c’est que les pays ne s’entendent pas entre eux sur les menaces. Les États-Unis voient le terrorisme islamistes très différemment de leurs alliés, car ils en sont la principale cible.
Laisser à l’ONU la primauté dont il dispose est une menace pour les citoyens. L’ONU doit être un forum de discussion, pas un arbitre international.

Source
Los Angeles Times (États-Unis)

« Annan’s Plan Would Be Suicide for Nations », par David B. Rivkin Jr. et Lee A. Casey, Los Angeles Times, 31 mars 2005.