La Lettre du Crif : Madame le Ministre d’Etat, vous effectuez actuellement une tournée au Proche-Orient. Quels sont les buts de cette mission ? Que peut faire la France pour aider à la relance des négociations entre Israéliens et Palestiniens ?

Michèle Alliot-Marie : Israéliens et Palestiniens n’ont d’autre choix que celui de la paix. La priorité doit aller à la négociation. La garantie de sécurité pour Israël, c’est la création d’un Etat palestinien viable et démocratique, dans des frontières sûres et reconnues. C’est la perspective tracée par le Premier ministre israélien, M. Netanyahu dans son discours de Bar Ilan, que nous avons salué.

Si j’ai souhaité effectuer ma première tournée au Proche-Orient, c’est pour réaffirmer aux Israéliens et aux Palestiniens que la France et l’Union européenne apporteront un soutien sans faille à toutes les initiatives en faveur de la paix. Il nous faut trouver au sein du Quartet, avec les Etats-Unis, les moyens de relancer ce processus, aujourd’hui dans l’impasse.

La Lettre du Crif : Comment se portent les relations entre la France et Israël ? Peut-on parler de différences d’appréciation en ce qui concerne la résolution du conflit ? Ont-elles des conséquences sur les relations bilatérales ?

Michèle Alliot-Marie : L’amitié entre la France et Israël est très forte : elle est historique et profonde. Depuis 62 ans, la France a toujours été aux côtés d’Israël en apportant sa contribution à sa construction, à son développement, à son rayonnement et à sa pérennité. La France a toujours été au premier rang pour défendre le droit d’Israël à vivre en paix et en sécurité. L’existence d’Israël n’est pas discutable. Sa sécurité n’est pas négociable. Le gouvernement français attache une grande importance à la relation entre nos deux pays, entre nos deux peuples.

Notre relation a été marquée ces dernières années par la visite d’Etat du président Shimon Peres en France et par le grand discours de Nicolas Sarkozy à la Knesset. Cette relation n’est pas que politique et diplomatique, elle est aussi économique, judiciaire, universitaire, scientifique, culturelle, affective aussi.

Israël est une grande démocratie et attend de la France qu’elle lui parle en amie sincère. Nous nous parlons donc avec franchise sur tous les sujets et notamment sur le processus de paix.

La Lettre du Crif : La France a une forte coopération culturelle avec Israël et les Territoires palestiniens, notamment en ayant des centres culturels comme à Jérusalem, Ramallah et Gaza dans lequel vous vous rendrez. Quel est le message de la France alors que celui de Gaza a été le récent théâtre d’appels au boycott ?

Michèle Alliot-Marie : Grâce à ses centres culturels notamment, la France porte un message et des valeurs à travers le monde. Promouvoir le dialogue et les échanges entre culture française et culture locale, diffuser la langue et la culture françaises sont les raisons d’une présence culturelle française que ce soit à Jérusalem, Haïfa, Ramallah ou Gaza. La France reste aujourd’hui le seul Etat étranger à maintenir à Gaza un Centre culturel. Notre volonté est d’en faire un lieu de dialogue, d’échanges, d’ouverture sur le monde : un lieu de démocratie. Et si j’ai tenu à me rendre à Gaza, et notamment au Centre culturel français, c’est pour montrer à la population gazaouie qu’il n’y a d’autres issues que celle de la paix et du dialogue. Je veux que le Centre culturel français de Gaza soit le symbole de la paix future. Si ce lieu a pu servir à des fins politiques et idéologiques, je le regrette vivement. Quant au boycott des produits israéliens, ma position est connue et particulièrement ferme, c’est celle d’une application stricte de la loi française. Quand j’étais garde des Sceaux, j’ai adressé en ce sens une circulaire aux parquets généraux, leur demandant d’identifier et de signaler tous les actes de provocation à la discrimination.

La Lettre du Crif : La France est mobilisée depuis le premier jour pour obtenir la libération de Guilad Shalit. Avez-vous l’espoir que votre mission permettra de faire progresser ce dossier douloureux ?

Michèle Alliot-Marie : La libération de Gilad Shalit est une priorité pour la France comme je l’ai rappelé encore récemment au président Prasquier. En Israël, je rencontrerai les parents de Gilad Shalit. J’évoquerai évidemment sa situation avec l’ensemble de mes interlocuteurs sur place. Tous les moyens sont mis en œuvre que Gilad retrouve la liberté le plus rapidement possible.

Ex-présidente du parti gaulliste, Mme Alliot-Marie semble avoir oublié les principes qui régissaient jadis les relations franco-israéliennes [Ndlr.].


Charles de Gaulle 27 novembre 1967