La relation de la gauche politique avec l’armée a beaucoup évolué. Quand un ministre de la défense social-démocrate explique que le terrain d’intervention de l’armée peut se trouver n’importe où dans le monde en cas d’urgence, et que personne ne s’y oppose, ni dans son parti, ni dans la population, c’est le signe d’un grand changement. Tout le monde sait que les soldats allemands en Afghanistan risquent leur vie, même s’ils ne participent pas directement aux combats et qu’ils essayent de ne pas trop s’impliquer dans la lutte contre la drogue pour ne pas s’aliéner la population, comme le stipule la résolution du Bundestag. Nous allons tout de même participer, à compter d’octobre, à la mise en place de l’unité antidrogue afghane. Les soldats ne participeront pas à la destruction des cultures ou des laboratoires, mais risquent néanmoins de subir des représailles.
La prochaine intervention aura lieu au Soudan, le Bundestag ayant voté l’envoi de 50 observateurs non armés, dans le cadre de la force de l’ONU composée de 10 000 hommes. Si l’Union africaine ne vient pas à bout des problèmes dans le Sud du pays, alors l’ONU devra intervenir. Les lanceurs de missiles Meads sont indispensables pour nos futures interventions ; nous regretterions dans le futur d’avoir à acheter ces systèmes très cher si nous n’investissons pas dans leurs développement. Même si le projet de financement est adopté, nous pouvons toujours nous en retirer si besoin est.
Je vais me battre contre la suppression du service militaire obligatoire. Si, lors du congrès en novembre, le SPD décide autrement, nous devrons revoir nos projets et l’armée fédérale ne pourra pas remplir toutes ses missions. Cela n’impliquerait pour autant pas une démission de ma part, ce serait simplement un travail de réforme et de réduction des effectifs pendant quelques années. Je me verrais bien quitter la fonction en 2010, avec le sentiment d’avoir préparé la Bundeswehr pour les 20 ou 30 années à venir.

Source
Berliner Zeitung (Allemagne)
Le Berliner Zeitung est le plus récent des quotidiens de la capitale, après les anciens Tagespiegel et le Berliner Morgenpost. Né à l’époque de la RDA, racheté par le groupe de presse ouest-allemand Gruner + Jahr après l’unification, il est vite devenu le premier journal de Berlin et de la région du Brandebourg. Il tire à 190 000 exemplaires.

« Das Einsatzgebiet kann die ganze Welt sein », par Peter Struck, Berliner Zeitung, 18 avril 2005. Ce texte est adapté d’une interview.