Les atlantistes français poursuivent leur campagne contre Tariq Ramadan. Il est toujours plus facile de critiquer un penseur que de penser soi-même. Le Monde publie ainsi une tribune d’Antoine Sfeir, qui accusa le théologien musulman de pratiquer un double langage, et de Caroline Fourest, qui publia un pamphlet contre lui. Les deux auteurs, qui travaillent désormais ensemble, lui reprochent d’avoir demandé un moratoire des lapidations de femmes. Selon eux, M. Ramadan se refuserait à condamner cette pratique barbare et chercherait juste à rendre acceptable une forme intégriste de l’islam en suspendant temporairement sa manifestation la plus cruelle. Il poursuivrait ainsi l’œuvre de son grand-père, Hassan Al-Banna, fondateur des Frères musulmans.
Sur Oumma.Com, le juriste Karim Kettani leur répond. En premier lieu, il s’interroge sur les motivations de cette campagne, dans la mesure où ces auteurs dénoncent un moratoire sur la lapidation, mais se taisent face aux dirigeants politiques qui autorisent ces mises à mort. En second lieu, il observe que la proposition de M. Ramadan est la seule qui permette d’avancer. Elle est équivalente à la demande de moratoire de la Coalition mondiale contre la peine de mort, que personne n’accuse de compromission avec la barbarie.
À y réfléchir de plus près, le moratoire est la seule position tenable par un théologien. Selon Les Évangiles, c’était aussi la solution choisie par Jésus lorsqu’on lui demanda de lapider une femme adultère. A contrario, la pauvreté de l’argument montre que le vrai débat est ailleurs. Loin d’être un prédicateur arriéré, M. Ramadan est un intellectuel brillant qui trouve un écho dans les populations européennes musulmanes et ambitionne de jouer un rôle de leader révolutionnaire à la manière de Malcolm X aux États-Unis. Sa personnalité contredit les stéréotypes coloniaux de l’infériorité ontologique des musulmans. C’est la raison pour laquelle ses détracteurs rouvrent en permanence le procès de sa filiation. Ils lui reprochent de perpétuer le combat anticolonialiste de son grand-père et de le faire avec un éclat dont aucun théologien musulman n’avait su faire preuve jusque-là. Leur véhémence et le soutien que leur apporte le quotidien de référence de la classe dirigeante illustrent la peur d’une partie de la société française devant l’émancipation des populations issues de la colonisation. Cette attitude hostile interdit tout débat constructif sur les thèses de M. Ramadan que chacun est prié d’accepter ou de refuser en bloc.

Die Welt reproduit les propos d’un officier anonyme du ministère de l’Intérieur afghan, recueillis par Aschot Manutscharjan. Ce témoin confirme que l’État afghan n’est qu’une fiction masquant la domination pakistanaise. Le vrai pouvoir est exercé par l’ISI, c’est-à-dire les services secrets militaires pakistanais, qui jadis ont créé les talibans, construit les camps de Ben Laden, tué Massoud, etc. Tandis que l’économie du pays se résume à la culture du pavot à opium pour le plus grand profit de la famille du président Karzaï. Par mesure de précaution le quotidien allemand a ajouté un point d’interrogation au titre de ce texte : « La famille Karzaï impliquée dans le trafic de drogues ? », mais il n’a pas éprouvé le besoin de nuancer ces propos (voir notre enquête : « Le Pakistan exploite le pavot afghan »).

Enfin, George Perkovich et Revati Prasad, deux chercheurs de la Carnegie Endowment, déplorent dans le New York Times et l’International Herald Tribune l’obstination de l’administration Bush à décourager l’Inde de se fournir en gaz naturel iranien. Pour empêcher l’Iran de construire une bombe atomique, la Maison-Blanche tente de l’isoler économiquement. Elle est prête pour cela à dédommager l’Inde de son manque à gagner. Cependant, tout cela est absurde : l’Inde est déjà une puissance nucléaire et refuse de signer le Traité de non-prolifération, tandis que l’Iran n’est pas une puissance nucléaire et a déjà signé ce Traité. À moins bien sûr que la pression états-unienne sur l’Iran n’ait rien à voir avec la bombe, mais avec le pétrole et le gaz.