1. Dans le cadre du suivi du communiqué de la réunion du Comité ad hoc de haut
niveau de l’Union africaine (UA) sur la Libye, qui a eu lieu à Nouakchott, en République
islamique de Mauritanie, le 19 mars 2011, une réunion consultative sur la situation en Libye
s’est tenue à Addis Abéba, le 25 mars 2011. La réunion, qui a eu lieu sous les auspices du
Comité ad hoc de haut niveau et de la Commission de l’UA, a été présidée par le Président
de la Commission, Dr. Jean Ping. Ont pris part à cette réunion les membres du Comité ad
hoc et ceux du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA, les pays voisins de la Libye et les
autres pays de la région, ainsi que des partenaires multilatéraux et bilatéraux de l’UA. La
liste complète des participants est jointe en annexe à ce communiqué.

2. La réunion a été organisée par l’UA avec pour objectif de rechercher activement une
solution rapide à la crise conforme à la légalité internationale, telle que reflétée dans les
résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nations unies sur la Libye [résolutions
1970(2011) et 1973(2011) du 26 février et du 17 mars 2011, respectivement], à travers :
(i)
la promotion d’un consensus international sur les voies et moyens d’une sortie rapide de
crise ; et
(ii) un accord sur la mise en place d’un mécanisme de consultation et coordination
continues entre partenaires et d’actions concertées à mettre en oeuvre.

3. La réunion a offert à l’UA l’occasion d’informer les participants des conclusions de la
réunion de Nouakchott et des efforts qu’elle déploie en vue d’un règlement pacifique et
rapide de la crise, sur la base des éléments contenus dans le communiqué de la 265ème
réunion du CPS de l’UA et dans celui de la réunion du Comité ad hoc de haut niveau, à
savoir :
(i) la cessation immédiate de toutes les hostilités ;
(ii) la coopération des autorités
libyennes concernées pour faciliter l’acheminement diligent de l’assistance humanitaire aux
populations dans le besoin ;
(iii) la protection des ressortissants étrangers, y compris les
travailleurs migrants africains vivant en Libye ; et
(iv) l’adoption et la mise en oeuvre des
réformes politiques nécessaires pour l’élimination des causes de la crise actuelle, sur la base
des aspirations légitimes du peuple libyen à la démocratie, à la réforme politique, à la
justice, à la paix et à la sécurité, ainsi qu’au développement socio‐économique.

4. Les participants à la réunion ont pris note des informations fournies sur les
conclusions de la réunion de Nouakchott et sur les efforts de l’UA. Ils se sont félicités de ce
que les efforts du Comité ad hoc de haut niveau, dont le rôle est reconnu par la résolution
1973(2011) du Conseil de sécurité des Nations unies, sont compatibles avec les, et
complémentaires aux dispositions pertinentes de ladite résolution. Les participants ont été
encouragés par la volonté du Comité ad hoc de haut niveau d’accomplir pleinement sa
mission, y compris la visite prévue en Libye et, le cas échéant, ailleurs, pour y rencontrer les
parties libyennes, conformément au programme qu’il s’est fixé, et ont exprimé leur appui à
la prise de toutes les dispositions requises à cet effet.

5. En outre, les représentants des partenaires de l’UA ont informé la réunion des
efforts qu’ils déploient et des initiatives qu’ils envisagent de prendre. Dans ce contexte, les
Nations unies ont fait le point de l’état de mise en oeuvre de la résolution 1973(2011) du
Conseil de sécurité des Nations unies. La Ligue des Etats arabes a fait une communication
sur les efforts qu’elle a entrepris pour arriver à l’accord qui a conduit à l’adoption de la
résolution 1973(2011), aux fins d’assurer la protection des populations civiles en Libye. Les
autres organisations concernées, à savoir l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) et
l’Union européenne (UE), ont également apporté des informations sur leurs efforts
respectifs.

6. Les pays voisins de la Libye et les autres pays de la région ont réitéré leur
engagement à ne ménager aucun effort pour contribuer au règlement rapide et pacifique de
la crise. Ils ont exprimé leur profonde inquiétude quant à l’impact et aux conséquences de la
situation actuelle en Libye sur la paix, la sécurité, la stabilité et le développement de la
région dans son ensemble.

7. Les participants à la réunion ont procédé à un échange de vues approfondi sur les
différents aspects de la crise libyenne et les voies et moyens d’un règlement rapide. Dans ce
contexte, un consensus s’est dégagé sur les éléments de la feuille de route ci‐après :
(i) la protection des populations civiles et la cessation des hostilités ;
(ii) l’assistance humanitaire tant aux populations libyennes affectées qu’aux
travailleurs migrants étrangers, en particulier africains ;
(iii) l’initiation d’un dialogue politique entre les parties libyennes en vue de
s’accorder sur les modalités de sortie de crise ;
(iv) la mise en place et la gestion d’une période de transition inclusive ; et
(v) l’adoption et la mise en oeuvre des réformes politiques nécessaires pour
répondre aux aspirations du peuple libyen.

8. Les participants ont reconnu que la résolution de la crise libyenne doit
nécessairement s’inscrire dans le cadre de la légalité internationale, telle qu’énoncée dans
la Charte des Nations unies, en particulier les dispositions du Chapitre VII et celles du
Chapitre VIII sur le rôle des arrangements régionaux, et les traités constitutifs des
organisations régionales dont la Libye est membre, ainsi que dans les résolutions
pertinentes du Conseil de sécurité sur la Libye [résolutions 1970(2011) et 1973(2011)]. La
réunion a réaffirmé son attachement à la souveraineté, à l’unité nationale et à l’intégrité
territoriale de la Libye.

9. A cet égard, la réunion a souligné la nécessité et l’urgence de la protection effective
des populations civiles et d’une cessation immédiate des hostilités et de toutes les
violences. Elle a encouragé l’UA, la Ligue des Etats arabes, les Nations unies, l’OCI et l’UE à
examiner, avec l’urgence requise et dans le contexte de la résolution 1973(2011), la mise en
place rapide d’un mécanisme de surveillance, notamment avec la tenue, dès la semaine
prochaine, à Addis Abéba, d’une réunion technique de planification et de mise en oeuvre de
la cessation des hostilités de manière efficace et crédible. Le Comité ad hoc de haut niveau
de l’UA a été encouragé à accélérer la prise d’initiatives à cette fin, en particulier en
direction du Gouvernement libyen et du Conseil national de transition (CNT), basé à
Benghazi. La réunion a souligné la nécessité d’assurer la mise en oeuvre et la surveillance
effectives de l’embargo sur les armes sur l’ensemble du territoire libyen, tel que prévu au
paragraphe 9 de la résolution 1970(2011).

10. La réunion a souligné l’importance d’efforts soutenus pour faciliter le dialogue entre
les parties libyennes sur l’établissement et la gestion d’une période de transition inclusive
devant déboucher sur la mise en place d’institutions démocratiques, y compris par
l’organisation d’élections , ainsi que sur les réformes à entreprendre en vue de répondre aux
aspirations légitimes du peuple libyen à la démocratie, à l’état de droit et à la bonne
gouvernance. La réunion a apporté son appui aux efforts en cours visant à promouvoir ces
objectifs par la facilitation du dialogue entre les autorités libyennes et le CNT, et a
instamment demandé aux deux parties d’apporter leur entière coopération, notamment en
participant, avec la flexibilité et l’esprit de responsabilité requis, aux consultations
préliminaires préparatoires à des pourparlers de paix que le Comité ad hoc de haut niveau
envisage de faciliter.

11. La réunion a exprimé sa préoccupation face à la situation humanitaire qui prévaut
sur le terrain. Elle a réaffirmé l’obligation qui pèse sur tous les acteurs concernés de
respecter impérativement le droit international humanitaire. En particulier, la réunion a
demandé que toutes les facilités nécessaires soient accordées aux organisations
humanitaires pour leur permettre d’accéder sans restrictions aux populations dans le
besoin. Elle a également demandé que la protection nécessaire soit accordée aux
ressortissants étrangers se trouvant en Libye. La réunion a lancé un appel à tous les
membres de la communauté internationale pour qu’ils apportent toute l’assistance
nécessaire aux travailleurs migrants africains vivant en Libye, facilitent le rapatriement de
ceux qui souhaitent quitter le pays, appuient ceux des pays voisins qui supportent un
fardeau disproportionné dans l’accueil de ces travailleurs migrants, et contribuent
financièrement aux efforts de réinsertion socio‐économique de ces travailleurs migrants
dans leurs pays d’origine. La réunion a félicité les pays et organisations qui ont apporté une
assistance pour faire face aux conséquences humanitaires de la crise libyenne, et a
encouragé les organisations internationales compétentes à aider l’UA à organiser une
conférence de mobilisation de ressources.

12. La réunion a reconnu que la poursuite et l’aggravation de la crise actuelle en Libye
comporte de graves conséquences pour les pays voisins et les autres pays de la région, ainsi
que pour la sécurité et la stabilité régionales, particulièrement au regard de la prolifération
illicite d’armes, du terrorisme et d’autres formes de crime organisé transnational. Elle a
enregistré la volonté de l’UA de travailler avec les pays de la région, en particulier ceux de
l’espace sahélo‐saharien, les organisations internationales compétentes et les partenaires
intéressés pour apporter des solutions satisfaisantes aux problèmes posés.

13. La réunion a été informée par nombre de participants représentant les partenaires
de la tenue d’une réunion politique de haut niveau, à Londres, le 29 mars 2011. A cet égard,
ils ont encouragé l’UA à participer à la rencontre de Londres, précisant que ladite rencontre
serait intéressée de prendre connaissance dans le détail de la feuille de route du Comité ad
hoc de haut niveau de l’UA sur la solution politique à la crise libyenne. L’UA a indiqué
attendre une invitation formelle, pour pouvoir se prononcer.

14. Enfin, la réunion s’est accordée sur la nécessité d’une consultation et d’une
coordination organisées, sous les auspices de l’UA, de la Ligue des Etats arabes, de l’OCI, de
l’UE et des Nations unies, pour faciliter l’impulsion, l’harmonisation et le succès des efforts
internationaux pour le règlement rapide, juste et durable de la crise libyenne. Les pays
voisins et les autres pays de la région, ainsi que des partenaires bilatéraux, participeront
également auxdites consultation et coordination pour rehausser leur efficacité.

Liste des participants


Comité ad hoc de haut niveau de l’UA sur la Libye : Afrique du Sud, République du
Congo, Mali, Mauritanie et Ouganda

Membres du CPS : Afrique du Sud, Bénin, Burundi, Djibouti, Guinée équatoriale,
Kenya, Mali, Mauritanie, Namibie, Nigeria, Rwanda, Tchad et Zimbabwe

Pays voisins de la Libye : Algérie, Egypte, Niger, Soudan, Tchad et Tunisie

Membres africains du Conseil de sécurité des Nations unies : Afrique du Sud, Gabon
et Nigeria

Membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies : Chine, Etats‐Unis
d’Amérique, France, Royaume‐Uni et Russie

Organisations internationales : Ligue des Etats arabes, Organisation de la Conférence
islamique, Nations unies et Union européenne

Autres partenaires : Allemagne, Belgique, Brésil, Canada, Danemark, Espagne, Inde,
Italie, Japon, Norvège, Portugal et Turquie