La visite de Vladimir Poutine en Israël est historique. Aucun dirigeant du Kremlin n’était jamais venu en Israël depuis 1948 et aucun de ses prédécesseurs n’avaient fait autant de gestes en direction de la communauté juive russe. Il n’y avait jamais eu autant de liberté religieuse pour les juifs en Russie et cela est largement dû à Poutine.
Toutefois, les menaces demeurent. Poutine, en contradiction avec sa rhétorique pro-juive, a accordé une grande audience dans les chaînes de télévision gouvernementales à des partis antisémites comme le parti de Jirinovski et au bloc de la mère patrie. Par contre, Yabloko et l’Union des forces de droite, qui militent tous deux pour plus de tolérance religieuse, n’ont pas eu accès aux médias et ont été éliminés de la Douma, où ils ont été remplacés par des partis extrémistes. Si l’on ajoute les voix du parti communiste, à la rhétorique antisémite également, aux voix recueillies par ces partis, on observe que 33 % des Russes ont voté pour un parti antisémite. Dans ce contexte, rien d’étonnant que 19 députés de la Douma aient envoyé en janvier une lettre au procureur général de Russie où ils qualifient la religion juive de religion « satanique » et où ils prétendent que les juifs tuent rituellement les enfants chrétiens.
Poutine a condamné l’antisémitisme, mais jamais nominalement les antisémites, de peur sans doute de s’aliéner définitivement leur électorat. L’antisémitisme demeure important en Russie et beaucoup de crimes antisémites ont lieu sans que les auteurs soient inquiétés. On constate une explosion du nombre de groupes néonazis en Russie depuis 2000, et il y aurait entre 15 et 20 000 skinheads en Russie selon la police, 50 000 selon certaines organisations.
On s’est focalisé sur l’antisémitisme en Europe occidentale, mais le problème en Russie est inquiétant. Compte tenu de la concentration des pouvoirs, que se passera-t-il en 2008 si le pouvoir est pris par un nationaliste antisémite à Moscou ? Israël doit accueillir Poutine en ami, mais il ne doit pas oublier les failles de sa politique.
« Getting beyond images », par Nickolai Butkevich et Yosef I. Abramovitz, Jerusalem Post, 28 avril 2005.
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