Raëd Salah

La tendance générale

L’affaire Raëd Salah : les islamistes arabes abandonnent leur « Frère » palestinien
Les autorités britanniques ont incarcéré pendant deux semaines le militant palestinien Raëd Salah avant de le remettre en liberté conditionnelle et de l’assigner à résidence surveillée.
Cette affaire, qui a éclaté le 28 juin, après que M. Salah eut donné une conférence sur la Palestine et sur les souffrances des Palestiniens sous le régime d’apartheid israélien, fait la vérité sur la démocratie occidentale. À chaque fois qu’il s’agit d’Israël, tous les principes sur les droits de l’Homme, ainsi que les considérations de la souveraineté dans les pays européens sont foulés du pied. Le Royaume-Uni avait déjà amendé ses lois pour éviter que les responsables israéliens, accusés de crimes de guerre et faisant l’objet de mandats d’arrêt émis par des magistrats britanniques, ne soient arrêtés sur son territoire. En revanche, lorsqu’il s’agit d’appréhender un militant palestinien qui n’est responsable d’aucune action militaire, le gouvernement de sa Majesté déploie tous les efforts pour exécuter sagement les ordres de l’État hébreu.
En examinant de plus près les déclarations et les communiqués britanniques concernant l’arrestation de ce militant palestinien contre la discrimination raciale en Israël, on réalise à quel point cette grande puissance s’efforce de donner satisfaction aux exigences israéliennes sans égards pour les opinions publiques palestiniennes et arabes qui considèrent Raëd Salah comme un des leaders de la résistance populaire palestinienne dans les territoires occupés en 1948 -où le projet d’État juif menace de transfert le million d’Arabes ayant échappé à l’exode, il y a 63 ans.
Le plus affligeant dans cette affaire est la réaction timide des organisations palestiniennes et des gouvernements arabes, qui se sont contentés de déclarations et de communiqués mous et faiblards. Les mouvements islamistes arabes n’ont absolument rien fait sur le terrain, alors que M. Salah est censé diriger une formation-sœur dans les territoires de 48. À croire que la Palestine ne fait plus partie des priorités des islamistes, d’autant que les branches de la Confrérie des Frères musulmans en Égypte, en Syrie —et en Palestine ?— semblent occupées à flirter avec les États-Unis. Leur principal souci étant d’accéder au pouvoir, les islamistes savent qu’ils doivent oublier la Palestine, et rayer toute mention à ce sujet de leurs programmes et de leur discours.
L’affaire Raëd Salah a fait tomber de nombreux masques et prouvé la légèreté des forces politiques arabes, notamment les islamistes, qui ont ignoré une question centrale, celle du droit des Palestiniens à lutter par tous les moyens pour récupérer leur terre. Il est fort à parier que les Frères musulmans, impliqués jusqu’au cou dans des transactions politiques douteuses avec Washington en Égypte et en Syrie, ne lèveront pas le petit doigt si Israël attaquait la bande de Gaza, contrôlée par la branche palestinienne de la confrérie.
Le pouvoir corrompt, certes. Mais longtemps après que l’on y ait accédé, et non pas avant que l’on y ait gouté.

La tendance en Syrie

La terreur zarkaouiste prépare l’intervention de l’Otan
Les derniers développements en Syrie prouvent que l’opposition applique un plan à multiple volets visant à prolonger la crise et à mettre en avant le slogan de la chute du régime, dans le but de préparer le terrain à une intervention de l’Otan. Lors de la dernière conférence d’Istanbul, samedi, les opposants ont exprimé leur souhait de créer une sorte de Conseil national de transition –à la libyenne-, qui serait placé sous le parrainage de Bernard-Henri Levy, l’initiateur de la rencontre de Saint-Germain, et du likoudien Gilles Hertzog. Certains ont même plaidé en faveur d’une intervention étrangère pour laquelle l’opposition prépare le terrain à travers des actions armées à l’intérieur de la Syrie sous le paravent de manifestations pacifiques.
Dans ce cadre, le quotidien koweitien As-Siyassa a révélé, citant des sources des services de renseignement britanniques, qu’une force militaire de l’opposition syrienne est organisée et entrainée dans certains pays arabes et États membres de l’Otan depuis des années. Cette information confirme l’existence d’une branche armée des Frères musulmans, active sur le terrain depuis le début des troubles, et disposant d’un financement et d’un armement importants. Les membres de ces groupes armés ainsi que leurs matériels passent en Syrie à travers les frontières turques, libanaises, jordaniennes et irakiennes.
Le quotidien koweitien publie des photos des camps d’entrainement des Frères musulmans et du mouvement de Riad el-Turk, en Irak et en Jordanie, dans les années 80 du siècle dernier, avec un financement saoudien. L’objectif des attaques lancées contre la Syrie par ces groupes, à l’époque, était d’affaiblir le régime en raison de son opposition aux accords égypto-israéliens de Camp David. Aujourd’hui, le but des groupes armés de l’opposition est de harceler l’armée syrienne et d’occuper une poche frontalière susceptible de devenir le Benghazi de Syrie, qui servirait de tête de pont à l’intervention de l’Otan.
La confusion d’Ankara à l’égard des événements en Syrie est due à quatre facteurs qui ont poussé le Premier ministre, Recep Tayyeb Erdogan, à revoir ses calculs et à freiner son enthousiasme à faciliter une intervention de l’Otan via la porte turque :
 Premièrement : Après la bataille de Jisr al-Choughour, la Syrie a déployé son armée à la frontière avec la Turquie –c’est-à-dire avec l’Otan.
 Deuxièmement : la direction politique et sécuritaire turque craint que Damas riposte à toute ingérence directe d’Ankara et à son parrainage des Frères musulmans syriens par une intensification des actions militaires du PKK kurde via le front syrien. Les généraux appréhendent par ailleurs le prix élevé d’une confrontation avec l’armée syrienne qui fait preuve d’une forte cohésion et d’une grande loyauté envers le président Bachar el-Assad.
 Troisièmement : La rapidité avec laquelle les troupes syriennes ont écrasé l’insurrection armée dans les régions frontalières et le succès médiatique enregistré dans le traitement de l’affaire des massacres commis par les groupes extrémistes liés aux Frères musulmans et aux mouvements takfiristes. Les preuves montrant l’implication de la Turquie dans l’armement de ces groupes, notamment dans la région de Jisr al-Choughour, ont été bien exploitées sur le plan politique.
 Quatrièmement : La difficulté de capitaliser sur un exode massif de réfugiés syriens vers la Turquie, dans le but de créer une crise humanitaire qui servirait de prétexte à une intervention de l’Occident. Au contraire, le nombre de réfugiés qui rentrent dans chez eux en Syrie augmente tous les jours et, à ce rythme, le camp installé du côté turc de la frontière sera bientôt vide.
Après l’échec des tentatives de créer des poches hors du contrôle du pouvoir central, près des frontières turque (Jisr al-Choughour), libanaise (Tall Kalakh) et jordanienne (Daraa), les efforts se sont portés sur la frontière avec l’Irak, dans la région de Deir ez-Zor. Dans ce secteur, les États-uniens planifient une intervention à travers leurs forces d’occupation stationnées en Irak. Un foyer de contestation armé est ainsi alimenté dans la ville frontalière de Bou Kamal qui pourrait connaitre, dans la période à venir, une recrudescence des attaques armées. Dans le même temps, des groupes armés contrôlent Hama, d’où les forces de sécurité se sont retirées pour éviter toutes frictions et donner une chance aux médiations entreprises par des notables et des ulémas de la ville. Ces groupes ont érigé des barricades dans les rues et se livrent à une véritable campagne de terreur contre les habitants dont des dizaines de milliers ont fui vers l’arrière-pays.
Il apparait, à la lumière de tous ces développements, que les opposants dits « libéraux et démocrates » ne sont que des paravents politiques pour un monstre autoritaire que sont les groupes extrémistes takfiristes dont le chef spirituel est le cheikh syrien Adnane Arhour, basé en Arabie saoudite. Ses fatwas d’un autre âge se traduisent par des meurtres et des mutilations semblables aux méthodes de Zarkaoui en Irak. Voilà le modèle que l’Otan veut imposer à la majorité du peuple syrien.

La tendance en Égypte

La jeunesse révolutionnaire reprend la main
Des centaines de milliers d’Égyptiens se sont rassemblés, à partir du vendredi 15 juillet, sur les places des grandes villes à l’appel des jeunes de la révolution. La Confrérie des Frères musulmans a boycotté ces manifestations, dirigées contre l’alliance entre les Frères et les militaires, à qui la jeunesse fait assumer la responsabilité de la déviation des buts de la révolution du 25 janvier 2011.
Le référendum sur les amendements constitutionnels a constitué le point de rupture entre les différences forces politiques qui ont participé à la révolution populaire. Il est clairement apparu que les Frères et les généraux se trouvaient dans la même tranchée avec les vestiges du régime de Hosni Moubarak, face aux forces réclamant un changement radical et exigeant l’élaboration d’une nouvelle Constitution au lieu des amendements mineurs. Lors du référendum, en mars dernier, 75% des votants ont appuyé l’alliance Frères-armée.
L’autre point de rupture est apparu au sujet de la position à l’égard des accords de Camp David, du blocus de Gaza et de la présence d’une ambassade d’Israël au Caire. La répression de la marche du retour du 15 mai et des manifestations contre l’ambassade de l’État hébreu a montré, encore une fois, que les Frères musulmans et l’armée formaient une même alliance, qui s’est engagée, auprès des États-Unis, à protéger Camp David.
Les nouvelles manifestations et sit-in illustrent un changement d’humeur de la rue égyptienne en faveur de la jeunesse révolutionnaire et des forces radicales. Il est clair que le Conseil militaire suprême est contraint, cette fois, de s’adapter à la volonté populaire. Des propos sur la formation d’une commission constitutive pour rédiger une nouvelle Constitution ont été entendus et les élections législatives ont été reportées d’un mois. Dans le même temps, les Frères ont essayé de se démarquer des méthodes suivies par les militaires pour gérer l’Égypte postrévolutionnaire, accusant le Conseil suprême de vouloir prolonger sa présence à la tête du pouvoir.
Ces troubles politiques se produisent alors que le pays traverse une grave crise économique et sociale, alimentée par les orientations des militaires et des Frères qui s’inscrivent dans le cadre de la vision américaine. Leur objectif est de reconstituer un pouvoir égyptien qui serait une copie conforme du précédent, dans le sens où il compterait, pour survivre, sur les aides et subsides fournies par les institutions financières internationales et les pays occidentaux.
Le changement graduel, sous la pression d’une rue motivée par les difficultés économiques et sociales et par les défis sécuritaires, reste le trait marquant de la situation en Égypte.
Le premier acte de la révolution égyptienne a vu le renversement de Hosni Moubarak. Le deuxième acte l’éloignement des rescapés de son régime. Le pays est entré, actuellement, dans le troisième acte de la révolution populaire. Son objectif est de balayer la formule que les États-uniens tentent de mettre en place et qui s’inspire du modèle turc.
Les mutations en cours en Égypte prendront du temps et toute tentative visant à éloigner la cause palestinienne et le conflit israélo-arabe du débat ont échoué. La Confrérie des Frères musulmans s’est disloquée en cinq mouvements et les jeunes en sont sortis pour former leur propre parti. Les outils de travail des États-uniens ont commencé à s’éroder très vite.

Déclarations et prises de positions

Najib Mikati, Premier ministre libanais
« Vous, soldats, vous êtes les défenseurs de ce pays. Nous comptons sur vous pour affronter les dangers, notamment les agressions israéliennes auxquelles le Liban est confronté. Ma visite au Liban-Sud est un message de soutien à la lutte des habitants de cette région, à l’armée et à la Résistance. La stabilité du Moyen-Orient est conditionnée par celle du Liban-Sud. La sécurité et la stabilité ne seront pas instaurées au Sud avant qu’une paix juste, globale et durable n’ait été conclue. Cette paix doit être bâtie sur le droit au retour des Palestiniens et le fait d’avoir leur propre État indépendant, et la libération des fermes de Chébaa, des collines de Kfarchouba et de la partie nord du village de Ghajar. Notre réussite dans ce contexte, ne serait possible qu’avec l’application des résolutions internationales. Le gouvernement, qui a confirmé son engagement à respecter la résolution 1701, exigera de l’Onu qu’elle mette fin aux violations israéliennes continues de la souveraineté libanaise. »

Saad Hariri, ancien Premier ministre libanais, pro-US
« Les menaces sont présentes depuis 2005 et celui qui a décidé d’assassiner Rafic Hariri peut très bien assassiner Saad Hariri. Certaines personnes malintentionnées veulent mon retour au Liban pour me tendre un piège. Si j’étais chef de gouvernement, j’aurais recherché les accusés du Tribunal spécial pour le Liban pour les remettre à cette cour. Les conférences de presse du camp adverse (allusion au chef du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, ndlr) s’inscrivent dans le cadre d’une campagne contre la communauté internationale. La justice est tout ce que nous voulons du TSL qui poursuit son travail. Plusieurs martyrs sont tombés pour ce tribunal. La publication de l’acte d’accusation n’a pas mené à des affrontements sectaires. Malgré mon éloignement, je suis toujours de près les détails de la situation au Liban. Ceux qui pensent et disent que les forces du 14-Mars sont finies se trompent. Elles imposent leur présence et poursuivent leur lutte pour l’indépendance du Liban et pour réaliser la justice. La base du 14-Mars et le commandement du Futur sont plus forts que jamais et je ne laisserai jamais tomber mes alliés comme l’affirment certains. Les armes de la Résistance, objet de discorde entre les Libanais, sont désormais le problème du Hezbollah. Que va-il faire de ses armes ? Va-t-il les braquer contre les Libanais. Nous autres, au 14-Mars, nous ne nous tairons pas. Il est inadmissible que l’on veuille changer les opinions des gens par la force. »

Fouad Siniora, ancien Premier ministre libanais, pro-US
« Le gouvernement dirigé par Najib Mikati ouvre la voie au Hezbollah pour contrôler le pays. La prochaine étape pour le parti sera sa mainmise sur l’État. Nous mettons en garde contre la tentative du Hezbollah de manipuler la loi électorale de manière à obtenir des postes de pouvoir. Nous percevons dans l’attitude du gouvernement un début de vengeance. Le sang des martyrs ne serait pas vain et le bloc Futur militera toujours pour que justice soit faite, quel que soit le prix à payer. »

Cheikh Naïm Kassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah
« La guerre de juillet 2006 était le prélude pour faire tomber le projet de la résistance au Liban, en prévision de sa chute dans toute la région. La victoire de la Résistance a mis fin à la légende d’Israël l’invincible. La Résistance a défriché le terrain devant les révolutions arabes et a enregistré une nouvelle victoire dont profiterons les nouvelles générations. La confrontation avec Israël n’est pas ponctuelle ou périodique. Elle se poursuivra tant qu’Israël existera. Le Hezbollah soutient fortement le gouvernement libanais dans la sauvegarde des droits maritimes du pays à tous les niveaux (…) Le TSL est devenu un prétexte pour exercer des pressions sur la Résistance. Le Hezbollah se comporte avec ce tribunal comme faisant partie du projet américano-sioniste dans la région. Notre parti n’a d’autre projet que celui de la dignité, de la gloire et de la protection du Liban. »

Michel Aoun, principal leader chrétien libanais, allié du Hezbollah
« Peu importe si le poste de directeur de la Sûreté générale est à nous ou aux chiites.
Cette question n’a pas été abordée avec le président de la Chambre des députés Nabih Berry. Nous espérons cependant que ce poste sera rendu aux maronites. Cette affaire devrait être discutée avec les amis. Les organismes de contrôle doivent être rattachés au Parlement qui est le pouvoir suprême et qui doit surveiller le travail des ministères. Nous avons revu la situation illégale de certaines administrations publiques et un calendrier est prévu pour étudier les anomalies et les conditions illégales de certains fonctionnaires. Lorsque la question des faux témoins sera soulevée, nous pourrons alors juger des éléments, bon ou mauvais, fournis par le colonel Wissam Hassan
(chef du service des renseignements de la police, proche de Saad Hariri). »

Walid Joumblatt, leader druze libanais, centriste
« Je n’ai pas changé de position au sujet du TSL. La question du tribunal a été au centre de toutes les crises et de tous les tournants politiques de ces dernières années. L’objectif des tractations entre les « Deux S » (Syrie-Arabie saoudite, ndlr) visait à séparer le volet extérieur du Tribunal spécial sur le Liban, intouchable, de celui de ses implications sur les relations interlibanaises. La responsabilité de l’échec de ces tractations incombe à la fois à l’Occident et à l’Orient. Ma théorie, c’est que la justice et la stabilité doivent être concomitantes. Je comprends l’attitude du Hezbollah à l’égard du TSL. Par certains aspects, on cherche, par le biais du tribunal, à aiguiser le conflit sunnito-chiite dans la région. Mais d’un autre côté, je suis toujours engagé vis-à-vis du TSL et opposé à toute mesure en Conseil des ministres qui conduirait à une rupture avec le tribunal, comme le gel de la contribution financière libanaise ou le retrait des juges libanais. Ce serait une grande erreur envers l’autre fraction de Libanais. Les propos de Sayyed Hassan Nasrallah selon lequel il ne saurait être question de mettre la main sur les accusés, même dans 300 ans, sont inacceptables. Concernant les armes du Hezbollah, je suis pour le maintien du statu quo jusqu’à la libération des fermes de Chebaa, mais pas jusqu’à celle de la Palestine. Le Hezbollah se sent menacé. Il représente une composante essentielle. Il faut rester avec elle, dialoguer et se montrer patient. Le gouvernement n’a pas l’intention de pratiquer une politique vindicative dans les nominations administratives. Et si quelqu’un veut mener une telle politique, nous nous y opposerons (…)
Le président Bachar el-Assad peut encore accomplir quelque chose dans le sens de la réforme. Je peux me tromper à ce sujet, et si je me trompe, que le peuple syrien me pardonne. Il y a une course contre la montre entre, d’une part, la réforme et, de l’autre, la mentalité sécuritaire. Mais la Syrie ne pourra plus retourner à ce qu’elle était. Point final.
 »

Gebran Bassil, ministre libanais de l’Énergie et de l’Eau
« Le Liban se fonde, dans la question du tracé de ses frontières maritimes, sur le droit international de la mer, qui n’a pas été signé par Israël. Cette affaire ne mènera pas le Liban vers des négociations directes ou bilatérales avec Israël, parce que c’est le droit international qui tranchera. Il faudrait que le Liban mène des actions dans plusieurs directions, notamment auprès des Nations unies, et qu’il initie une vaste campagne diplomatique. Il devrait aussi intervenir auprès de Chypre afin que ce pays reconsidère le tracé de ses frontières. C’est aux Nations unies d’imposer aux pays le respect de leurs conventions. L’ancien gouvernement est responsable d’importants atermoiements dans ce dossier. Dans le cas d’une négligence onusienne vis-à-vis du Liban, celui-ci aura alors le droit d’employer tous les moyens adéquats pour faire valoir son droit d’exploiter son eau et ses richesses pétrolières. »

Moshé Yaalon, vice-Premier ministre israélien et ministre des Affaires stratégiques
« L’Iran et le Hezbollah se tiennent derrière le recours du gouvernement libanais auprès de l’Organisation des Nations unies au sujet des frontières maritimes avec Israël. Ces deux parties tentent de créer intentionnellement un foyer de tension avec Israël. Nous avons signé un accord avec Chypre de même niveau que l’accord signé entre ce pays et le Liban. Et lorsque nous avons annoncé les prospections gazières, les Iraniens et le Hezbollah ont décidé que c’était un bon sujet de confrontation avec nous. Ils ont décidé la délimitation d’une nouvelle ligne, au sud de la ligne convenu entre le gouvernement du Liban et Chypre, qui pénètre en fait dans notre domaine maritime. Cela a été exécuté intentionnellement pour créer un point de confrontation, comme les fermes de Chébaa. »

Presse

As Safir (Quotidien libanais proche de la nouvelle majorité, 15 juillet 2011)
Les sept otages estoniens ont été inopinément relâchés, dans une atmosphère de mystère, qui suscite de multiples points d’interrogation, les questions portant surtout sur le rôle des SR français indépendamment de l’État libanais. Il y a concomitance entre cette libération et la fête nationale française. Quelles étaient les raisons de ce rapt ? Qui sont les ravisseurs ? Où les otages étaient-ils détenus ? Selon des informations officielles, le président de la République Michel Sleiman, le Premier ministre Najib Mikati, le ministre de la Défense Fayez Ghosn et le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel n’étaient pas au courant du déroulement de l’opération. D’où la question de savoir si les Français ont observé une coordination avec l’un des services de sécurité libanais sans en informer certaines parties politiquement concernées par ce dossier ?
Selon certaines informations, les Français se sont comportés le matin comme si c’était leur opération. Un haut responsable européen à Beyrouth n’a pas hésité à dire que c’était un exploit des SR français par excellence. Mais le discours français a changé l’après-midi, ce qui est clairement apparu pendant la réception à l’occasion de la fête nationale française, l’ambassadeur de France rendant hommage à la coopération sécuritaire libanaise, à la coordination entre l’Estonie et le Liban et à d’autres rôles européen. Il a même failli affirmer que son pays a uniquement servi de boîte aux lettres chargée de transférer les Estoniens de Sahel Al-Taybé à Beyrouth. Selon les informations officielles, les Français se sont engagés à ne pas dévoiler le cours des négociations ou l’identité des ravisseurs. Ces derniers se sont à leur tour engagés à ne pas révéler ce qui s’est passé, avec l’exigence que les Estoniens ne donnent aucune information substantielle sur leur libération. Les Français ont mené l’opération tout seuls et que les services de sécurité libanais ont été tenus à l’écart L’un de ces services a laissé filtrer des informations selon lesquelles les ravisseurs disposaient d’une couverture politique, pour tenter de justifier la conduite de l’opération par les Français tout seuls. Cette affaire illustre la violation flagrante de la souveraineté libanaise étant donné qu’il n’y avait aucune présence des forces de sécurité libanaises pendant la remise en liberté des otages.

As Safir (15 juillet 2011)
Le responsable des relations internationales du Hezbollah, Ammar Moussaoui, a reçu le représentant des Nations unies au Liban, Michael Williams, avec lequel il s’est entretenu de la rivalité avec Israël sur la délimitation des frontières maritimes. « Les Libanais soutiennent leur gouvernement pour défendre leurs droits sur ces frontières » et les gisements gaziers qu’elles recèlent, a affirmé M. Moussaoui. Le responsable du Hezbollah a appelé l’Onu à assumer ses obligations à ce niveau selon les règles internationales en vigueur. Il a invité M. Williams à persévérer dans ses efforts pour la mise en application de la résolution 1701. Il a toutefois réitéré les propos du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah sur le fait que « le Tribunal spécial et tout ce qui en émane ne nous concerne pas. »

As Safir (12 juillet 2011)
Nabil Haïtham
Les Haririens se débattent dans la crise, une crise qui est même reconnue par un dirigeant du Courant du Futur. Plusieurs questions pourront être posées à Saad Hariri : Avez-vous la capacité et les moyens de conduire l’opposition face au gouvernement de Najib Mikati et de faire chuter ce gouvernement ? Votre absence vous a-t-elle permis de tracer la feuille de route de la confrontation ? Quels moyens l’opposition compte-t-elle utiliser dans cette confrontation ? Fera-t-elle appel à la communauté internationale ? A-t-elle obtenu des promesses quelconques de la part des gouvernements arabes ?

As Safir (12 juillet 2011)
Sateh Noureddine
L’ennemi israélien a choisi d’ouvrir un nouveau front, celui de la prospection pétrolière et gazière à l’Est de la Méditerranée. Ce front a été ouvert non pour que l’ennemi israélien trouve un prétexte de faire la guerre mais probablement pour fournir un prétexte afin de s’acheminer vers un traité de paix dont la principale clause sera un accord sur le partage des gisements de pétrole et de gaz communs dans les eaux de la Méditerranée.
Depuis que les Israéliens ont découvert pétrole et gaz à l’Est de la Méditerranée, ils ont eux-mêmes fait savoir que ces gisements s’étendaient aux eaux territoriales libanaises, alors qu’ils auraient pu occulter cette réalité géographique. Il est vrai qu’il n’était pas facile d’occulter cette réalité pendant longtemps. Mais le fait qu’Israël ait choisi de laisser entendre dès le premier moment que le Liban a des droits sur ces puits marins suscite des soupçons et ne peut guère être attribué à un respect tardif par Israël du droit international.
Pour défendre ses droits, le Liban ne peut que porter plainte auprès d’un tribunal international, et que des décennies pourraient s’écouler avant que cette juridiction ne rende son jugement sur ce nouveau litige frontalier. Israël le sait très bien, et c’est pour cette raison qu’il défie le Liban en public, afin qu’il essaye d’obtenir sa part des réserves de gaz en Méditerranée par le seul moyen qui lui est disponible, c’est-à-dire les négociations avant qu’il ne soit trop tard.
Il s’agit d’une embuscade maritime à travers laquelle Israël cherche à toucher une corde sensible chez tous les Libanais, à savoir la corde économique et financière. Israël estime que lorsque ces questions sont en jeu, tous les tabous nationaux doivent tomber, et la Résistance, d’atout précieux pour le Liban, deviendra une pierre d’achoppement à la transformation en un pays producteur, voire exportateur, de gaz à condition de signer un paix. Mais le Liban n’est pas désespéré au point de recourir à une telle option interdite.

Al Hayat (Quotidien saoudien, 13 juillet 2011)
Paris, Randa Takieddine
Le 14 juillet 2008, le président Bachar el-Assad, aux côtés d’un nouvel ami occidental, le président français Nicolas Sarkozy, passait en revue les forces françaises à l’occasion de la commémoration de la Révolution française sur les Champs-Élysées. Aujourd’hui, le président syrien envoie les militants du parti Baas, à la veille de la commémoration de la Révolution française, pour s’en prendre à l’ambassade de son ex-ami français parce que son ambassadeur Éric Chevallier, qui était l’un des plus fervents défenseurs du régime syrien actuel, a visité la ville de Hama, théâtre de manifestations contre le régime. Le régime syrien, que tout président français depuis le mandat de François Mitterrand a encouragé à la réforme et au changement, n’a jamais prêté l’oreille à de tels conseils.
Aujourd’hui, le président français, qui a donné une véritable chance au président Assad pour sortir de son isolement, considère qu’il n’y a plus aucun espoir de voir le régime syrien entreprendre de véritables réformes. Le peuple syrien courageux n’a attendu ni l’ambassadeur des États-Unis ni l’ambassadeur de France pour se révolter, et l’attaque contre ces ambassades ne modifiera rien à ses revendications légitimes.

Al Moustaqbal (Quotidien appartenant à la famille Hariri, 15 juillet 2011)
Rouba Kabbara
La libération inopinée des sept otages estoniens constitue un nouveau dossier sur la table de la première séance du Conseil des ministres, qui relègue à plus tard le dossier épineux des nominations. L’objectif de cette libération est d’amadouer la France, qui adopte une position intransigeante vis-à-vis du régime syrien.

An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
Rajeh Khoury (15 juillet 2011)
Des sources diplomatiques avancent trois remarques à propos de la libération des otages estoniens : ce fut un grand cadeau offert à la France, qui a joué un rôle fondamental dans cette affaire ; la libération ne peut être considérée indépendamment des retombées de l’agression contre les ambassades des États-Unis et de France à Damas, Des informations sérieuses indiquent que Damas a joué un rôle crucial dans le dossier des otages.

L’Orient-Le Jour (Quotidien libanais francophone proche du 14-Mars, édition datée du 15 juillet 2011)
Scarlett Haddad
Les choses sont désormais claires et, comme l’a répété à plusieurs reprises l’ancien Premier ministre Saad Hariri au cours de son entrevue télévisée, les cartes se jouent à découvert. Avec beaucoup d’amertume, le chef du 14-Mars a donc déclaré une guerre sans merci au gouvernement Mikati, annonçant que son objectif est de faire chuter le gouvernement actuel, répétant que Mikati et Safadi l’ont poignardé dans le dos alors que Walid Joumblatt, qui assume quelque part une grande responsabilité dans le renversement de la majorité parlementaire, continue de bénéficier de son respect. C’est dire que sa bataille, au cours des prochains mois, sera axée sur deux cibles internes : les sunnites de la nouvelle majorité et le Hezbollah.
Les proches de Mikati affichent à cet égard une grande sérénité. Tout en étant conscients du fait que la tâche du gouvernement ne sera pas facile, ils affirment que Saad Hariri était contraint d’apparaître à la télévision et d’être agressif car il craint de plus en plus la disparition du leadership de la famille.
Ce que ces milieux ne disent pas mais qui se murmure au sein de la scène sunnite, c’est qu’il y aurait un véritable malaise dans les rangs du courant du Futur en raison de l’absence prolongée du Liban de M. Hariri. L’ancien Premier ministre Fouad Siniora se comporterait en leader alors que des députés comme Nouhad Machnouk prendraient des initiatives personnelles sans en référer au groupe. Bref, ce serait un peu comme si le courant du Futur était devenu un grand corps sans tête auquel il fallait redonner un cerveau et une boussole. Les plus proches de Mikati disent même que M. Hariri a mené une campagne féroce contre le Premier ministre actuel parce qu’il craint en réalité qu’il ne réussisse dans sa mission. M. Mikati est en effet un projet de leader sunnite qui, au fil des jours, semble s’imposer sur la scène communautaire et nationale. Preuve en est qu’après avoir tenté de monter le Conseil chérié contre M. Mikati, le courant du Futur a dû se rendre à l’évidence et reconnaître le fait que l’actuel Premier ministre dispose de solides appuis au sein de Dar el-Fatwa, ayant même réussi à calmer la colère du mufti Kabbani. De même, les festivités (feux d’artifice et coups de feu) prévues à l’occasion de l’apparition télévisée de M. Hariri ont été réduites au minimum à Tripoli, où la ville semble basculer chaque jour un peu plus dans le giron de Mikati. Ces éléments constituent une source d’inquiétude pour Saad Hariri, d’autant que de nombreux indices montrent que la communauté internationale n’est pas hostile à l’idée de donner une chance au gouvernement de M. Mikati. Elle préférerait pour l’instant laisser le gouvernement actuel prendre les mesures minimales permettant la relance des institutions étatiques, tout en maintenant bien sûr la pression pour ne pas laisser le champ libre au Hezbollah. C’est un subtil jeu d’équilibre et Mikati pourrait en profiter pour consolider son influence sur la scène sunnite.
De leur côté, le Hezbollah et ses alliés ont décidé aussi de ne pas le presser et de le laisser agir à sa guise pour renforcer sa position, sachant qu’il est la cible d’une violente campagne de la part du courant du Futur. C’est ainsi qu’ils ne comptent pas le pousser à changer le procureur général près la Cour de cassation Saïd Mirza, ni le général Achraf Rifi ni aucun fonctionnaire sunnite occupant un poste de premier plan. Même le dossier des faux témoins, qui avait paralysé le précédent gouvernement pendant plusieurs mois, n’est plus une exigence prioritaire de la majorité, alors que dans le dossier du TSL, le gouvernement annonce sa coopération.

L’Orient-Le Jour (15 juillet 2011)
Le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel a déclaré que « le ministère de l’Intérieur et la direction générale des Forces de sécurité intérieure (FSI) étaient au courant de l’opération de libération des sept otages estoniens », enlevés dans la Békaa en mars. À l’issue d’un entretien avec l’ambassadeur de France Denis Pietton, au siège de l’ambassade où les sept Estoniens ont été transportés en matinée, le ministre a précisé que « les forces de l’ordre (libanaises) ont participé de loin à l’opération pour ne pas nuire à sa bonne marche ». Il a assuré que « les services libanais ont coordonné entre eux dans cette affaire », précisant cependant que « le service de renseignements des FSI a joué le plus grand rôle ». Il a souligné enfin que l’enquête est en cours, que les ex-otages seront interrogés par les services libanais, et que les ravisseurs n’ont rien demandé. « L’enquête avait commencé au temps du gouvernement précédent, a-t-il souligné. Les forces de l’ordre ont joué un rôle très important par l’arrestation de neuf des ravisseurs, dont des Libanais et des personnes d’autres nationalités, trois dans les 48 heures qui ont précédé la libération. Mais le leader du groupe a pris la fuite. » Il a précisé que « les ravisseurs forment une bande organisée », ajoutant qu’il ne voulait pas se prononcer davantage avant la fin de l’enquête.
Pour sa part, le ministre de la Justice Chakib Cortbawi a assuré que « d’un point de vue juridique, l’affaire n’est pas close ». « L’enquête se poursuivra d’une manière intensive afin que toutes les circonstances soient dévoilées et l’identité des ravisseurs connue, a-t-il poursuivi. Nous ne passerons pas l’éponge sur cette affaire. »

Al Akhbar (Quotidien libanais proche de la nouvelle majorité, 13 juillet 2011)
Des incidents sont survenus entre des habitants du Liban-Sud et des soldats français qui prenaient des photos, notamment dans les localités de Aïta al-Chaab et de Qana. La réaction des habitants, qui interceptent de telles patrouilles et y lancent parfois des pierres, est spontanée et peut être attribuée à la mentalité sécuritaire chez les habitants du Sud à cause du sentiment de danger qu’ils ressentent. On entend beaucoup parler, dans le caza de Tyr par exemple, d’un rôle négatif des forces françaises, contrairement aux bonnes relations entre les citoyens d’une part, les Espagnols et les Italiens de l’autre. Ces derniers, en plus de leur action (au service de la population), ne circulent pas dans les ruelles avec leurs appareils photo.

Ach Sharq al-Awsat (Quotidien saoudien, 11 juillet 2011)
Le Hezbollah n’est pas qu’au Liban. Certains de ses membres sont en Amérique latine depuis des décennies et ont formé des cellules près de la frontière américaine avec le Mexique, proposant aux cartels de la drogue une formation aux tactiques militaires. Le Hezbollah est en train de mettre en place des activités qui brouillent les lignes entre terrorisme, grand banditisme et insurrection. Dans ce cadre, il faut souligner les bonnes relations qu’entretient le parti de Dieu avec le président vénézuélien Hugo Chavez. Les deux sont liés par un objectif commun : la défaite asymétrique des États-Unis. Et le contrôle qu’il opère dans leurs rangs les rapproche aussi. Le commandant américain en charge de l’Amérique latine, le général Douglas Fraser, a expliqué au Congrès qu’il était préoccupé par la présence croissante de l’Iran dans la région. Le Hezbollah reçoit des fonds en provenance d’Iran, et l’Iran travaille en étroite collaboration avec le Venezuela. L’Iran a construit quatre ambassades sur le continent américain au cours de ces cinq dernières années -le pays en compte désormais dix dans les Amériques. Il a aussi des accords avec un certain nombre de pays d’Amérique Latine, autres que le Venezuela.

Mediapart (Site Internet français, 12 juillet 2011)
Plusieurs photos et documents mettent en évidence des liens étroits entre le premier cercle de collaborateurs et conseillers du président Nicolas Sarkozy et l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine dont le nom a été souvent cité comme intermédiaire dans l’affaire des commissions versées pour la vente de sous-marins français au Pakistan. Cette affaire a tourné au scandale à la suite d’informations faisant état de rétro-commissions dont auraient bénéficié des cercles proches du président Sarkozy, notamment les milieux de l’ancien Premier ministre Édouard Balladur.
Il existe des liens solides entre Ziad Takieddine et l’actuel secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, qui aurait été invité à effectuer un séjour d’agrément au Liban par M. Takieddine (Le site présente à ce propos une photo de MM. Copé et Takieddine au Liban, devant des vestiges historiques, ndlr).
La Banque de la Méditerranée (appartenant à la famille Hariri, ndlr) a adressé une lettre à M. Takieddine, en 1997, pour l’informer qu’elle le crédite de 75 millions de dollars sur son compte secret. L’homme d’affaires franco-libanais est devenu à partir de 2002 un conseiller occulte et un financier de l’ombre au cœur du sarkozysme

Source
New Orient News