Ahmed al-Chahat, un manifestant cairote, hisse le drapeau égyptien sur l’ambassade d’Israël (21 août 2011)

La tendance générale

L’Égypte, nouveau front avec Israël
L’opération menée par un groupe de résistants palestiniens à Eilat replace au centre de l’échiquier moyen-oriental la cause palestinienne que les États-Unis, l’Europe et leurs alliés arabes ont essayé de liquider, d’ignorer ou de contourner. Tous les efforts de Washington destinés à priver les Palestiniens de leurs droits et à consacrer le fait accompli de l’État juif d’Israël, édifié sur une terre qui ne lui appartient pas, ont été balayés par une poignée de combattants déterminés à aller au devant de la mort.
La reprise des opérations militaires anti-israéliennes est le résultat de la frustration causée par l’hostilité de Washington aux démarches visant à reconnaitre, aux Nations unies, un État palestinien non-viable, tandis que sur le terrain la colonisation juive de Jérusalem et de la Cisjordanie se poursuit avec fébrilité.
À travers l’argent des pays du Golfe, les États-uniens ont essayé de convaincre l’Autorité palestinienne et son président d’entamer de nouvelles négociations avec Israël qui ne seront pas plus avantageuses pour les Palestiniens que celles d’Oslo. En contrepartie, ils exigent de Mahmoud Abbas qu’il ne se rende pas à l’Assemblée générale des Nations unies le mois prochain pour réclamer une reconnaissance d’un État indépendant. Craignant le déclenchement d’une troisième Intifada à l’occasion de la proclamation de l’indépendance, les Israéliens se préparent à une mobilisation militaire et sécuritaire exceptionnelle. Et Abbas, qui a réaffirmé de Beyrouth son opposition à la lutte armée, n’a même pas le pouvoir de contrôler son quartier général de la Mouqataa, où le leader historique palestinien Yasser Arafat a été assassiné par Mohammad Dahlan —pour le compte des Israéliens—, comme l’a révélé une enquête dévoilée récemment.
Les Palestiniens, qui ont expérimenté tout au long de ces deux dernières décennies les vicissitudes de la solution négociée, sont donc soumis à de nouvelles épreuves qui ne peuvent que les pousser à s’attacher davantage à la lutte armée. C’est dans ce contexte qu’est intervenue l’opération d’Eilat.
Celle-ci a d’abord donné le coup de grâce à l’illusoire Dôme d’acier qui n’a pas pu empêcher la chute de dizaines de roquettes sur le territoire israélien, en représailles aux raids aériens contre la Bande de Gaza. Mais elle a surtout provoqué une nouvelle bataille politique en Égypte, où l’opinion publique a jugé molle la réaction du pouvoir à la mort de cinq militaires égyptiens sous le feu israélien dans le Sinaï.
Le Conseil militaire suprême et les Frères musulmans, qui s’est engagé à respecter les accords de Camp David, est fortement embarrassé. Les Frères ont été débordés par la rue, où des milliers de personnes ont manifesté devant l’ambassade de l’État hébreu, brûlant le drapeau israélien et le remplaçant par les couleurs nationales. Tel-Aviv va bien tenter de replâtrer la relation, toutefois, Eilat et ce qui a suivi inaugurent une nouvelle série de changements en Égypte qui marqueront le processus en cours dans le pays et auront des répercussions sur les rapports de force à venir.
Le changement le plus important reste qu’Israël ne peut plus considérer sa frontière avec l’Égypte comme une frontière de paix, sûre et calme. Désormais, il devra modifier toute sa stratégie militaire. Ce qui est ennuyeux pour un pays qui est incapable de se lancer dans de nouvelles guerres, sinon il l’aurait fait depuis longtemps pour laver l’affront infligé en 2006 par le Hezbollah au Liban.

La tendance en Syrie

Bachar el-Assad met les points sur les « i »
Pour la quatrième fois depuis le début de la crise, Bachar el-Assad est intervenu en public pour parler à son peuple lors d’une interview accordée, dimanche, à la télévision syrienne. Le chef de l’État syrien a principalement développé quatre idées : la réforme est une décision nationale qui sera appliquée jusqu’au bout conformément à un agenda interne et non pas imposé de l’étranger ; les réformes ne peuvent pas réussir sans stabilité sécuritaire, aussi, il n’y aura aucune concession avec ceux qui mènent des actions violentes ; toutes ingérence étrangère dans les affaires internes est rejetée ; ceux qui tenteront de lancer une action militaire contre la Syrie ne pourront pas en supporter les conséquences.
Cinq mois après le début de la crise, le président syrien a affiché sa confiance dans la volonté du peuple syrien à faire face aux défis qui se présentent à lui. Il a aussi réitéré la détermination de la direction syrienne à ne pas céder un pouce de la souveraineté en dépit des gigantesques pressions internationales médiatiques, politiques, économiques et psychologiques, exercées sur le pays.
Bachar el-Assad a assuré que « l’aggravation des événements ne constitue plus un problème. La situation sécuritaire s’est caractérisée par des actions armées, surtout ces dernières semaines, précisément vendredi dernier, qui a connu des attaques contre des postes de police et de l’armée, des assassinats et des embuscades visant des bus civils ou militaires. Ceci, nous sommes capables de le traiter. » « Oui, je peux dire que la situation dans le sens sécuritaire est mieux », a-t-il affirmé.
Le président syrien a cependant estimé que « la solution en Syrie est politique. Mais lorsque nous sommes confrontés à des situations sécuritaires, nous devons y répondre à travers les institutions chargées de la sécurité. »
L’option politique reste donc la priorité pour le dirigeant syrien. Le chantier a déjà été mis sur les rails. Dans les prochains jours, la commission des partis sera mise sur pied et les formations politiques pourront commencées à voir le jour. Des élections législatives sont prévues probablement en février 2012 et d’ici là, la Constitution aura été révisée. Il a précisé à ce sujet : « L’article 8 est l’essence du régime politique, nombre d’articles y sont liés ; abroger l’un sans les autres est illogique. Il faut donc réviser toute la Constitution. »
Le président Assad a ajouté que la nouvelle loi électorale comporte plusieurs éléments renforçant l’intégrité et la transparence du scrutin, mais, a-t-il insisté, la grande part de responsabilité dans l’application de cette loi revient à l’électeur.
Flexibilité sur les questions internes, fermeté vis-à-vis des ingérences étrangères et détermination face aux menaces : Bachar el-Assad a défini la stratégie syrienne face aux pressions multiformes qui frappent le pays et qui ne visent pas à réaliser les réformes mais à lui arracher une partie de son indépendance politique et de sa souveraineté.

La tendance au Liban

Les milices de Hariri sévissent
Il y a longtemps que le mensonge selon lequel le Courant du Futur de Saad Hariri est une formation pacifique, prêchant l’éducation, la culture et le dialogue, a été dévoilé. On l’a vu par l’image et le son lors des événements de mai 2008, avec des permanences transformées en arsenaux et des militants armés jusqu’aux dents. À Halba, dans le Akkar (Liban-Nord), ces miliciens avaient commis un massacre contre des membres du Parti syrien national social (PSNS), qui avait perdu 11 de ses militants tués à bout portant et de sang froid dans leur permanence. On a pu le constater plus récemment encore, en janvier, lors de la tristement célèbre Journée de colère, quand des hordes de partisans ont coupé des routes, agressé des journalistes et brulé des biens privés.
Les Libanais ont vécu nouvelle fois les méfaits de ces milices la semaine dernière, lorsque des groupes de voyous armés ont attaqué une maison, dans le Akkar, pendant un repas de rupture de jeûne, regroupant des personnalités politiques et religieuses sunnites opposantes au clan Hariri. L’attaque a fait plusieurs blessés.
Les milices haririennes ont existé de tout temps. Elles sont armées, financées et entrainés par Saad Hariri et sont surtout formées de caïds de quartiers et de villages réputés pour changer facilement le fusil d’épaule. Si, en province, les miliciens de Hariri n’hésitent à se montrer ouvertement en public —tout le monde les connait— à Beyrouth, ils évoluent sous la bannière de sociétés privées de sécurité. À Tripoli, ils disposent d’armes de tous les calibres, y compris des lance-roquettes et des canons de mortier.
Le temps où Saad Hariri prétendait diriger un parti pacifique, dédié à l’action politique, est révolu. L’ancien Premier ministre montre aujourd’hui ses dents et menace d’utiliser ses miliciens pour exacerber les sentiments sectaires et provoquer un conflit confessionnel, qui viendrait compléter les pressions internationales exercées surtout à travers le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL). Son objectif est d’entrainer la Résistance dans une guerre civile, pour réaliser des objectifs servant exclusivement les intérêts d’Israël.
Cette milice apporte par ailleurs un soutien logistique direct aux groupes armés extrémistes qui sévissent en Syrie et qui ont déjà fait près de 450 morts dans les rangs de l’armée et de la police syriennes et plusieurs dizaines de victimes parmi les civils.
Dans toutes les sociétés, les milices sont des forces destructrices, qui sèment mort et désolation et détruisent le tissu social et l’autorité de l’État. Lorsqu’elles dépassent toutes les lignes rouges, leur éradication devient un devoir national.

Déclarations et prises de positions

Hassan Nasrallah, secrétaire général du Hezbollah
« Le Liban est un pays de communautés et de sectes. Tout, ici, prend une dimension confessionnelle, que ce soit l’achat d’un terrain pour la construction d’une école ou un incident sécuritaire. Aujourd’hui, on œuvre à détruire le lien entre les communautés et les amener à un paroxysme de haine mutuelle, là où il n’y a plus de place ni pour le dialogue ni pour la coopération. Aujourd’hui, on œuvre à faire exploser le pays : le Liban est visé dans sa totalité, et avec lui, cette Résistance que parraine la majorité des Libanais. La Résistance est formée de chiites, ne serait-ce que par les contraintes géographiques, et eux, ils s’emploient en particulier à saper les relations chiito-sunnites, chiito-druzes et chiito-chrétiennes, à centupler les rancœurs et la haine. Ainsi, l’acte d’accusation du Tribunal international n’a privilégié qu’une seule piste, occultant totalement les preuves circonstancielles qui pourraient incriminer Israël. Je disais récemment que s’ils étaient intelligents, ils ne le publieraient pas, cet acte d’accusation. Ils l’ont fait et c’est très bien : les gens peuvent juger par eux-mêmes du manque de transparence, d’objectivité et de scientificité. Ce texte est une grande injustice, qui ne se base sur aucune preuve directe. La seule chose sur laquelle s’appuie l’enquête sont les communications téléphoniques et leurs coïncidences. Les quatre résistants sont victimes d’une calomnie. Je rappelle à nouveau la capacité technique d’Israël de manipuler les données, de fabriquer des communications et même d’utiliser des numéros de personnes même à leur insu.
Il existe une faction au Liban, liée à un grand projet qui a échoué à tous les niveaux ; des gueules noires, des gueules aigries que nous avons vues le 14 août 2006, qui tiennent absolument à semer partout la discorde. Les Libanais ne doivent pas croire tout ce que rapportent les médias. Nous allons faire échouer ce plan. Je suis optimiste. Nous réussirons parce qu’au sein de chaque communauté, une élite veille sur le Liban. Tout ce qui se passe actuellement ne fait que décupler la détermination du Hezbollah à poursuivre sa mission
. »

Saad Hariri, ancien Premier ministre libanais
Extraits d’un communiqué
« Aujourd’hui, la justice internationale a décidé de mettre les points sur les “i” et de dévoiler une partie importante des indices et des faits en rapport avec le crime terroriste qui a coûté la vie à l’un des plus grands symboles de la modération, du patriotisme, de l’intégrité et du succès, au Liban et dans le monde arabe (…) Quel esprit maléfique a-t-il bien pu envoûter ces accusés afin qu’ils exécutent ce crime ? Quel esprit maléfique a-t-il bien pu planifier et commanditer l’assassinat du président Rafic Hariri, entraînant ainsi le Liban dans un cycle sanglant qui a emporté la crème des hommes politiques, des penseurs et des militants ? (…) Voilà que la vérité et la justice pointent maintenant à l’horizon. Rien ne pourra remettre cela en cause, quelle que soit l’ampleur de l’intimidation et des menaces. Nous resterons fidèles à notre engagement envers tous les Libanais pour que la justice soit un moyen de réaliser le droit et non pas un instrument de vengeance. En toute sincérité, j’attends du commandement du Hezbollah, et plus particulièrement de sayyed Hassan Nasrallah, une position historique qui mettrait fin à la politique de fuite en avant en proclamant la coopération totale avec le tribunal international, ce qui se traduirait par la décision de livrer les accusés pour entamer un procès équitable, que nous désirons tous qu’il se caractérise par le plus haut degré d’intégrité, de transparence et de crédibilité juridique. Le procureur général chargé de l’assassinat a présenté les preuves suffisantes pour passer à la phase du procès équitable. Nul ne devrait justifier désormais un quelconque tapage politique et médiatique. En toute franchise, a poursuivi le leader du courant du Futur, ce qui est requis de la part du commandement du Hezbollah, c’est de se démarquer ouvertement des accusés. Si une telle position est adoptée, l’histoire, les Arabes et tous les Libanais en seraient reconnaissants au parti et à son commandement. Le contraire serait vrai s’ils s’obstinaient à vouloir protéger publiquement les accusés. Quant au gouvernement libanais, en toute sincérité et franchise, je voudrais souligner que le fait de jouer au plus malin avec l‘opinion publique, de proclamer la chose et son contraire, de se livrer à une répartition des rôles entre le chef du gouvernement et ses alliés, de même que les tentatives de se dérober à ses responsabilités en évitant de poursuivre les accusés et de dévoiler les parties qui font obstruction à l’arrestation des accusés et qui s’abstiennent de les livrer à la justice internationale, tout cela ne sert plus à rien. Tout cela fait assumer au gouvernement la responsabilité de ne pas coopérer avec le tribunal et d’enfreindre les engagements du Liban à l’égard de l’affaire du président martyr Rafic Hariri. »

Revue de presse

An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars, édition du 19 août 2011)
Rosanna Bou Mounsef
En poursuivant ses opérations militaires contre les villes syriennes, le régime du président Bachar el-Assad a perdu la bataille par laquelle il espérait prendre les devants sur une prise de position internationale l’appelant à quitter le pouvoir. Des sources diplomatiques estiment même que le président syrien évolue sur la corde raide depuis quelque temps, notamment après la médiation turque. Pour de nombreuses capitales, le régime syrien a épuisé toutes les chances qui lui ont été données, sans modifier substantiellement son approche militaro-sécuritaire. Dans ce sens, la dernière prise de position internationale est bien étudiée, et n’a donc rien de spontané ou d’irréfléchi. La balle est désormais dans le camp des opposants syriens, et le tout reste de savoir quelle sera la prochaine démarche : rechercher une alternative au régime actuel, ou préparer le terrain à un régime de transition ? Quoi qu’il en soit, nombreux sont ceux qui pensent que la prochaine étape s’annonce bien difficile.

As Safir (Quotidien libanais proche de la nouvelle majorité, 19 août 2011)
Imad Marmal
Plusieurs indices suggèrent que Dar el-Fatwa a de plus en plus tendance à reformuler son rôle et à se repositionner sur la scène musulmane mais aussi à l’échelle nationale. Cette démarche est pilotée par le mufti de la République, Cheikh Mohammed Rachid Kabbani, à qui l’on reprochait jadis son adhésion totale à la ligne du président Saad Hariri au lieu de se tenir à égale distance de tous. Ainsi au moment de la parution de l’acte d’accusation du TSL il y a plus d’un mois, Kabbani a adopté une position modérée et équilibrée à cet égard, se démarquant ainsi du discours du 14-Mars et du Courant du futur. Puis le hasard a voulu que le contenu de l’acte d’accusation mettant en cause quatre personnes appartenant au Hezbollah soit publié au moment où Kabbani recevait à Dar el-Fatwa une délégation du commandement de ce parti : une coïncidence hautement symbolique, attestant de la détermination du mufti de la République à poursuivre sa nouvelle approche placée sous le signe de l’ouverture. D’ailleurs, c’est la première rencontre du genre depuis la visite du secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, à Kabbani en 2005, dans la foulée de l’assassinat de Rafic Hariri. On apprend qu’en recevant dernièrement la délégation du Hezbollah, le mufti, lançant des piques au Courant du futur, a reconnu que certains m’en veulent à cause de ma politique d’ouverture. Évoquant ensuite la question de la résistance, il a déclaré qu’il ne saurait y avoir de Résistance sans armement, mais en même temps, il a appelé le Hezbollah à rassurer les Libanais en leur garantissant que ces armes ne sont pas dirigées contre l’intérieur mais bel et bien contre Israël.

As Safir (19 août 2011)
Paris, Mohammad Ballout
Après six mois d’hésitation, les États-uniens se sont enfin décidés à se prononcer sur la légitimité de Bachar el-Assad. La faiblesse et l’inefficacité à court terme des sanctions européennes, en plus de la longue période d’attente imposée par les USA avant de parvenir à la déclaration d’hier, avaient renforcé l’impression qu’il y a une décision non-annoncée régionale-internationale, une sorte d’entente tacite pour donner une chance au jeune président syrien d’appliquer ses promesses relatives à l’instauration de réformes profondes dans le système de pouvoir en Syrie. La concordance des positions européennes et états-uniennes, le retrait des ambassadeurs des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) et les mises en garde turques en disent long sur la réaction internationale à l’annonce par le président syrien de la cessation des opérations militaires, une annonce qui intervient beaucoup trop tard. Il sera difficile dans les prochains jours pour la Russie, la Chine, le Brésil, l’Inde ou l’Afrique du Sud de défendre le régime syrien au Conseil de sécurité ou d’empêcher le Conseil d’adopter une résolution condamnant la « répression cruelle » dans les villes syriennes, d’autant plus si le Conseil des droits de l’homme qui se réunira à Genève lundi prochain condamne largement la Syrie. L’UE devrait imposer de nouvelles sanctions contre Damas. Les Européens étudieront une proposition soumise par Guy Verhofstadt, leader des libéraux au Parlement européen, pour suspendre l’importation en Europe de 150 000 barils de pétrole syrien par jour.

As Safir (18 août 2011)
La publication de l’acte d’accusation a eu le même impact fade que celui de la révélation des noms des quatre accusés il y a plus d’un mois, contrairement aux attentes exprimées par les faucons du 14-Mars, qui prévoyaient des répercussions dangereuses et retentissantes sur la scène libanaise.
Les accusations portées contre des personnes appartenant au Hezbollah n’étaient guère surprenantes, à en juger par les fuites à répétition, qui évoquent des noms et leurs appartenances politiques depuis des années, sapant ainsi la crédibilité du tribunal et la confidentialité de l’enquête. Le scénario de l’acte d’accusation est donc du déjà vu : c’est un scénario périmé, qui reprend exactement les versions données précédemment par Der Spiegel, CBS et d’autres médias arabes et israéliens. Tant et si bien que l’acte d’accusation publié hier s’apparentait à un assemblage de coupures de presse, beaucoup plus qu’à un texte juridique à proprement parler.
L’acte d’accusation s’étend sur 45 pages qui multiplient explications et déductions. Toutefois, la première impression chez beaucoup de lecteurs dans les milieux judiciaires et juridiques est celle d’un document non convaincant du point de vue des critères purement scientifiques et professionnels. Un document qui abuse des analyses et des déductions pour compenser l’absence de preuves directes et non sujettes à interprétation. Par conséquent, le critère politique sera probablement prédominant dans les prises de position vis-à-vis de la conclusion à laquelle est parvenu le procureur général Daniel Bellemare dans sa quête de la vérité présumée.
L’un des principaux points faibles de l’acte d’accusation est qu’il s’est laissé entraîner vers l’analyse au lieu d’emprunter le chemin des certitudes. Il a, de plus, substitué aux preuves irréfutables des preuves circonstancielles dont le moins qu’on puisse dire —selon les experts en la matière— est qu’elles sont dérisoires et modestes. Ce sont des preuves qui ne peuvent en aucun cas servir de pierre angulaire à l’édifice de la justice escomptée. En conséquence, on a assisté à la naissance d’un roman policier qui manque de cohérence, et son auteur aura à déployer des trésors d’ingéniosité pour en faire la promotion.
On en déduit clairement que l’acte d’accusation n’étanche pas la soif de la vérité impartiale, et ne rassasie pas ceux qui sont à la recherche d’une preuve concluante condamnant les véritables auteurs du crime. C’est un acte d’accusation qui repose sur la preuve des télécommunications, une preuve circonstancielle tellement faible qu’elle ne saura porter sur ses épaules un acte d’accusation de gros calibre. On est même en droit de dire que cette preuve est devenue un fardeau pour l’acte au lieu d’en être la carte maîtresse.
C’est une preuve mort-née, pour deux raisons :
 1. Elle repose sur le lien géographique et temporel entre un ensemble de communications téléphoniques et non sur leur contenu, ce qui fait planer des doutes sur la fiabilité de ces données. N’est-il pas apparu en effet que les avancées techniques et technologiques permettent à Israël et à d’autres pays développés de se faufiler dans le réseau des télécommunications, d’y planter des lignes, de cloner des puces téléphoniques et de fabriquer des communications de toutes pièces ?
 2. Les données relatives aux télécommunications ne représentent pas, au niveau pénal, une preuve à charge, même si elles sont exactes : en témoignent des experts juridiques chevronnés.
Il est un autre point qui retient l’attention dans l’acte d’accusation : il s’approche du seuil des accusations directes contre le Hezbollah en tant qu’organisation politique, sans toutefois le franchir, probablement en attendant le moment politique convenable.
En attendant, l’acte d’accusation lance des signaux évocateurs en mettant en exergue le lien de parenté entre le martyr Imad Moughnié d’une part, Moustapha Badreddine et Salim Ayyache de l’autre. Il évoque également l’implication de l’aile militaire du Hezbollah « dans des opérations terroristes par le passé », reprenant ainsi à son compte la phraséologie israélienne et occidentale. Il déduit par la suite que Badreddine et Ayyache « ont la capacité d’exécuter l’attentat du 14 février » compte tenu de leur expérience, de leur formation et de leur appartenance au Hezbollah avant que Bellemare ne freine son élan et n’ajoute : indépendamment du fait de savoir si cet attentat avait été commis pour son compte ou pas. Par ailleurs que l’acte d’accusation n’a pas pu identifier le kamikaze qui a exécuté l’attentat le 14 février 2005.

As Safir (17 août 2011)
Ammar Nehmé
Il y a une différence de priorités entre l’Autorité palestinienne qui veut un État rapidement, et les factions palestiniennes qui revendiquent avant tout le droit au retour. Des sources palestiniennes qui ne font pas partie de l’OLP signalent que Mahmoud Abbas et l’Autorité palestinienne ont unilatéralement décidé de mettre sur le tapis la proclamation de l’État palestinien sans consulter les autres groupes palestiniens, alors même que l’accord de réconciliation signé au Caire n’a pas encore été appliqué. Cet accord suppose notamment la formation d’un gouvernement d’union nationale. Les sources demandent : Quel prix les Palestiniens devront-ils payer contre l’établissement de leur État ? Les États-uniens évoquent une série de concessions, comme la reconnaissance de la judéité d’Israël, ou l’annulation du droit au retour. Les sources préviennent que les réfugiés palestiniens se transformeront en ressortissants étrangers dans les pays hôtes, la cause palestinienne sera perdue, la mission de l’UNRWA sera arrêtée et même l’OLP risque d’être dissoute !

Al Hayat (Quotidien saoudien, 16 août 2011)
Ghassan Charbel
Les autorités syriennes peuvent affirmer qu’elles ont établi jusqu’à présent l’incapacité du mouvement de contestation à éradiquer le régime et ses institutions. Elles peuvent également affirmer qu’elles ont envoyé un message catégorique à qui de droit : la situation en Syrie ne ressemble en rien à la situation en Tunisie, en Égypte, en Libye ou au Yémen. Elles peuvent même dire qu’elles défendront leur survie coûte que coûte.
L’opposition, en revanche, peut dresser le bilan suivant : Les cinq derniers mois ont prouvé que la solution sécuritaire était un coup d’épée dans l’eau, et que la répression meurtrière a jeté de l’huile sur le feu de la révolte au lieu de la mater. En outre, l’usage excessif de la force a porté les contestataires à placer la barre plus haute : on passe de l’appel à quelques réformes à des revendications plus radicales portant sur la chute du régime.
L’incendie et le bain de sang se poursuivent en Syrie et la crise syrienne est devenue l’une des préoccupations majeures, voire l’une des priorités absolues, des pays de la région et des grandes puissances. Tout suggère que les prochains jours s’annoncent difficiles et coûteux pour la Syrie et pour ses relations avec bien des pays aux plans régional et international.

L’Orient-Le Jour (Quotidien libanais francophone proche du 14-Mars, édition du 19 août 2011)
Scarlett Haddad
C’est avec soulagement que la majorité, et plus particulièrement le Hezbollah, a accueilli la teneur de l’acte d’accusation du TSL. Jusqu’à la dernière minute, le Hezbollah craignait l’existence d’éléments cachés, mais le résultat est arrivé conforme aux fuites déjà parues dans les médias et essentiellement basé sur l’élément des communications téléphoniques, déjà discrédité par le Hezbollah qui a expliqué en long et en large comment le secteur dans son ensemble est sous le contrôle d’Israël et quelles manipulations il est possible d’effectuer dans ce domaine. De plus, l’acte d’accusation ne comporte pas de preuves directes, mais uniquement ce qu’on appelle en termes juridiques « les preuves indirectes » qui reposent sur la déduction. Autrement dit, on prend une hypothèse de base et, par déduction, on cherche à la confirmer en interprétant certains éléments avérés. En somme, comme le dit un juriste proche du Hezbollah, il s’agit d’un acte d’accusation plutôt faible, suffisant pour mener un procès par défaut. Mais si les inculpés devaient se présenter devant la cour avec des avocats de la défense performants, ils pourraient le démonter en se basant sur ses faiblesses. Toutefois, il est clair que le procureur Bellemare a misé sur le fait que le Hezbollah compte boycotter le TSL, et, par conséquent, les juges sont plus durs quand il s’agit d’un procès en l’absence des accusés. Enfin, le Hezbollah se considère satisfait de l’accueil populaire réservé à la publication de l’acte d’accusation. Certes, le camp du 14-Mars y a aussitôt adhéré, ne mettant pas en doute sa teneur, en dépit de ce que le Hezbollah considère comme des faiblesses, mais la rue est restée calme et cela en grande partie à cause de la campagne qu’il a menée pour préparer le terrain à l’énorme accusation qui allait être portée contre lui ou contre certains de ses membres.

Al Akhbar (Quotidien libanais proche de la nouvelle majorité, 19 août 2011)
Fidaa Itani
La rue n’a pas réagi comme elle était censée le faire à la publication de l’acte d’accusation du TSL, étant donné que les gens ont cessé de porter un grand intérêt à l’assassinat de Rafic Hariri, en raison des pratiques de ses héritiers —de Fouad Siniora au Courant du futur—. Pas grand-chose a changé dans la rue après la publication de l’acte d’accusation, ni d’ailleurs après l’attaque de Saad Hariri contre le Hezbollah. La piste israélienne ne sera même pas discutée : Nul n’ignore que l’acte d’accusation a en effet pour mission d’encercler le Hezbollah.
Le Courant du futur a beau essayer de tourner en dérision les aveux du groupe de jihadistes —qui fut révélé en premier lieu par Saad Hariri, qui l’a baptisé groupe des 13 dans une interview au quotidien As Safir—, les aveux d’un seul des membres de ce groupe sont plus cohérents et comportent peut-être beaucoup plus de preuves que les conclusions de l’acte d’accusation en tant que tel.

Al Akhbar (19 août 2011)
Jean Aziz
Deux grandes idées se dégagent des observations faites par les visiteurs de Damas dernièrement : sérénité et amertume. Les chefs de file du régime syrien ne craignent pas la chute de ce régime. Ils sont parfaitement rassurés. Ils le sont également en ce qui concerne la conjoncture économique, qui n’est pas aussi inquiétante que certains essaient de le faire croire. Mais il n’empêche : ils sont tout autant conscients de l’importance capitale des réformes, et une décision irrévocable a été prise dans ce sens, le tout étant désormais de déterminer la feuille de route et les partenaires de l’opposition nationale avec qui sera engagé ce processus. La sérénité est également due au fait qu’il n’y aura plus de guerres occidentales directes et que les pressions extérieures sont sujettes à un plafond clair et immuable. L’amertume, quant à elle, est due aux prises de position de la Turquie, qui engendrent même un sentiment de déception.

Magazine (Hebdomadaire francophone libanais indépendant, 19 août 2011)
Talal el-Atrache
L’armée syrienne a lancé une offensive dans plusieurs zones de la ville portuaire de Lattaquié, dont le quartier d’al-Raml el-Janoubi, et procède depuis plusieurs jours au ratissage de la ville, à la recherche de groupes armés, selon les autorités. Avant de donner l’assaut, les militaires ont appelé les habitants des quartiers visés à quitter leurs maisons. Les forces terrestres ainsi que la marine ont participé à l’opération, qui s’inscrit dans le cadre d’une offensive militaire générale destinée à neutraliser les principaux foyers de la contestation et à déraciner les groupes armés qui commencent à prendre pieds dans plusieurs provinces, notamment Hama, Idlib et Lattaquié.
Face à l’intensité de la crise, le pouvoir a établi une stratégie qui s’articule en quatre temps :
 Arrestations d’opposants destinées à museler les militants et les intellectuels
 Encerclement ou fermeture de mosquées pour empêcher les mobilisations les vendredis
 Négociations avec les dignitaires dans les zones rebelles (Hama, Deir Ezzor, Jabal al-Zawaiya), visant à favoriser les solutions pacifiques et à briser les rangs des insurgés
 Frappes militaires ciblées contre les poches de résistance armée.
Le régime syrien semble conscient que sa stabilité autant sur le plan local qu’international, dépendra d’une solution rapide à la crise qui secoue le pays et fragilise son unité nationale. Pour parvenir à cette fin, le pouvoir semble décidé à mettre en œuvre des réformes partielles parallèlement à la solution militaro-sécuritaire. Mais le temps ne joue pas en sa faveur, à cause de la crise économique, des pressions internationales et de la prolifération des groupes armés qui commencent à s’organiser et à s’enraciner dans les zones rurales et défavorisées sunnites.
En revanche, figurent à l’actif du régime la cohésion inébranlable de l’armée, soudée derrière le président Bachar el-Assad, la division de l’opposition, la neutralité positive de la "majorité silencieuse", notamment Damas, Alep, les minorités religieuses et la bourgeoisie urbaine, ainsi que le soutien efficace des alliés régionaux et internationaux, à commencer par la Russie, la Chine, l’Iran et le Hezbollah libanais. A cela, s’ajoutent l’incapacité des contestataires à transformer le soulèvement en un mouvement national.
L’entrée en jeu de la Turquie semble avoir compliqué la situation. Depuis le début de la crise, le gouvernement islamiste turc s’est retourné contre son ex-allié syrien en critiquant la répression du régime. Mais loin de contribuer à l’issue de la crise, le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan a tenté de promouvoir les Frères musulmans syriens en proposant un partage du pouvoir entre le régime et la confrérie, au risque de provoquer des fractures au sein de la société syrienne. La semaine dernière, Ankara a haussé le ton avec l’accord tacite des États-Unis, en menaçant d’internationaliser la crise, voire même d’intervenir militairement en Syrie, de créer une zone tampon et d’armer l’opposition. Cette initiative, si elle venait à se concrétiser, inaugurerait une véritable descente aux enfers de la Syrie en la plongeant dans une interminable guerre interreligieuse qui se solderait par des replis sécessionnistes, avec tout ce que cela comporte de menaces pour les pays voisins, notamment la Turquie, qui se débat depuis trois décennies dans une interminable guerre civile qui oppose l’État aux Kurdes sécessionnistes.
Conscient des craintes turques, le régime syrien a ignoré l’ultimatum de son puissant voisin et poursuit la campagne militaire. Il s’agit d’un calcul risqué, certes, mais bien médité avec l’aide de l’Iran et de ses alliés.
Cinq mois après le début du soulèvement, l’opposition syrienne reste fragmentée et divisée, et n’arrive toujours pas à élaborer des représentants, et encore moins un programme politique commun. Cela s’explique par plusieurs facteurs, dont l’autoritarisme des quatre dernières décennies, mais aussi et surtout par la composition multiethnique et multiconfessionnelle de la population syrienne.

Evénements

Palestine-Égypte
Six soldats israéliens ont été tués et plus de vingt autres ont été blessés dans trois fusillades différentes près de la frontière égyptienne à Eilat.
L’opération a commencé quand des hommes armés dans une voiture civile ont intercepté un bus appartenant à la société israélienne Eggz et tiré des coups de feu sur le carrefour Shikma avenue 12, à 28 kilomètres de la ville d’Eilat, blessant cinq Israéliens.
Les assaillants ont ensuite quitté le site et on lancé un obus anti-char tiré sur un autre bus transportant des soldats israéliens à une distance de 20 km de la première attaque, blessant grièvement cinq soldats.
Pendant la poursuite de la cellule responsable de l’attaque, une force israélienne a été attirée vers un endroit où un engin explosif se trouvait planté, puis explosé contre un véhicule militaire appartenant à l’unité spéciale des Yamam.
Selon le directeur de l’étoile rouge de David, 6 Israéliens ont été tués dans ces attaques menées par des combattants qui se sont infiltrés du Sinaï en Israël.
L’armée israélienne s’est ensuite lancée dans une traque des assaillants et a tué cinq membres des services de sécurité égyptiens et sept hommes armés.
Les Israéliens ont mené des raids aériens réguliers dans la bande de Gaza depuis jeudi qui ont fait au moins 15 morts dont cinq civils.
Israël affirme que plus de 100 roquettes ont été tirées depuis l’enclave contrôlée par le Hamas. Les tirs effectués dimanche depuis le territoire palestinien ont touché une école vide à Beersheba et ont atteint la ville côtière d’Ashkelon sans faire de victime.
L’Égypte et Israël tentaient dimanche de désamorcer la crise diplomatique après la mort de cinq policiers égyptiens lors de l’opération israélienne, mais de nombreux Cairotes s’en sont pris à l’ambassade d’Israël dans la nuit.
Ahmed al-Chahat, le manifestant qui a escaladé le bâtiment pour enlever le drapeau blanc et bleu frappé de l’étoile de David et le remplacer par le drapeau égyptien est rapidement devenu un héros.
Les cinq policiers ont été tués alors que l’armée israélienne pourchassait des hommes armés soupçonnés d’avoir perpétré les attentats d’Eilat.
Tout en jugeant insuffisants les regrets exprimés par Israël samedi, l’Égypte a salué l’ouverture d’une enquête conjointe sur cet incident.
Une délégation emmenée par un diplomate israélien de haut rang, qui n’a pas été identifié, est arrivée dimanche au Caire selon des sources aéroportuaires. Quatre voitures ont récupéré la délégation sur le tarmac lors d’une réception discrète.
Pour protester contre la mort de ses cinq policiers, le Caire a annoncé samedi son intention de rappeler son ambassadeur en Israël mais le flou autour de cet acte fort demeurait dimanche. Le communiqué annonçant son retrait a été retiré du site internet du gouvernement, alimentant les rumeurs d’une rétractation du Caire.

Libye
Mouammar Kadhafi à exhorté dimanche les Libyens à prendre les armes pour mettre fin au soulèvement entamé dans la nuit à Tripoli à l’approche des rebelles, qui s’apprêtent à donner l’assaut à la capitale.
« J’ai peur qu’ils ne brûlent Tripoli si nous n’agissons pas. Il n’y aura plus ni eau, ni nourriture, ni électricité ni liberté », a-t-il dit dans un message sonore diffusé par la télévision publique. « Je donne l’ordre d’ouvrir les stocks d’armes. J’appelle tous les Libyens à se joindre à la lutte. Que ceux qui ont peur donnent leurs armes à leurs mères et à leurs sœurs. Sortez ! Je serai avec vous jusqu’à la fin. Je suis à Tripoli. Nous vaincrons ! »
Plusieurs milliers de rebelles se trouvaient dans la soirée à 25 km à l’ouest de la ville, selon un correspondant de Reuters sur place. Ils se sont emparés d’une caserne de la brigade Khamis, unité d’élite réputée la mieux entraînée, commandée par l’un des fils de Mouammar Kadhafi, auquel elle doit son nom.
Préparé depuis des mois, le soulèvement de la capitale a été coordonné par des cellules de l’opposition sur place.
De source diplomatique française, on confirme que les cellules rebelles de Tripoli n’ont fait que suivre les plans établis il y a des mois et répondu au signal.
Le feu vert est venu au moment de l’"iftar". C’est à ce moment que les imams ont utilisé les haut-parleurs des minarets pour appeler les adversaires de Kadhafi à descendre dans les rues, selon des habitants. Fusillades et explosions ont ensuite retenti en plusieurs points de la ville.
« Nos révolutionnaires contrôlent plusieurs quartiers et d’autres arrivent d’ailleurs, en ce moment même, pour rejoindre leurs frères », a dit à Reuters Abdel Hafiz Ghoga, vice-président du Conseil national de transition (CNT).
Selon un représentant du gouvernement, les combats de la nuit ont fait 376 morts et un millier de blessés.
Le soulèvement combiné à la progression des insurgés, appuyés par l’aviation de l’Otan, semble annoncer l’issue d’un conflit qui a éclaté il y a six mois, dans le sillage des révolutions tunisienne et égyptienne.
La vitesse de progression des rebelles pourrait être décisive dans la bataille de Tripoli.
« Les insurgés se sont peut-être soulevés trop tôt à Tripoli et le résultat pourrait être de nombreux combats désordonnés », avertit Oliver Miles, ancien ambassadeur britannique en Libye. « Le régime ne s’est peut-être pas effondré dans la ville autant qu’ils le pensaient. »
En 48 heures, les rebelles de l’Ouest ont parcouru la moitié de la distance qui les séparent de la capitale. Les forces fidèles à Kadhafi leur ont brièvement résistés à Al Maya avant d’abandonner un tank et plusieurs véhicules incendiés.
Moussa Ibrahim, porte-parole du gouvernement libyen, s’est quant à lui dit convaincu « que le sang coulerait partout » si Tripoli devait tomber, assurant que les troupes chargées de sa défense se battraient « jusqu’au bout ».
Selon des rebelles présents à Tripoli, des tireurs d’élite ont été postés sur les toits autour de Bab al Aziziah, le complexe qui abrite la résidence de Kadhafi.
« Des renforts sont envoyés aux forces de Kadhafi pour ratisser la capitale », a-t-il poursuivi, joint par téléphone.
Des messages diffusés à la télévision exhortent les habitants à ne pas laisser les insurgés prendre position sur leurs toits. « Des agents et des membres d’Al-Qaïda tentent de déstabiliser et de saboter la ville. Empêchez-les d’utiliser vos maisons et vos bâtiments, affrontez-les et coopérez avec les unités antiterroristes pour les capturer », peut-on y lire.

Source
New Orient News