Il y a beaucoup de choses qui indiquent que ce procès n’a pas été mené équitablement et que ses motivations sont politiques. La fraude fiscale n’est pas un délit politique, mais d’après les défenseurs des droits du citoyen, Khodorkovsky a aussi été arrêté à cause de ses activités politiques, entre autres parce qu’il a soutenu l’opposition lors des dernières législatives. Quand une enquête sélective a lieu pour des motifs politiques, c’est un problème qui concerne Amnesty International.
Nous n’avons pas exigé la libération sans condition de Khodorkovsky. Amnesty ne peut rien prouver concernant l’éventuelle fraude fiscale. Nous exigeons le respect des règles constitutionnelles et partons du principe qu’on ne condamne pas un innocent dans un procès pénal juste. D’autres oligarques se sont comportés de la même manière pendant le déroulement des privatisations. Dans cette constellation, Amnesty ne peut pas réclamer la poursuite d’autres oligarques ou la libération de Khodorkovsky, nous voulons que les droits des accusés soient respectés. Ces droits sont malheureusement souvent bafoués quand il y a une forte motivation politique derrières les poursuites. Le chef de l’État italien a lui aussi naturellement le droit à un procès équitable. La constellation est autre dans son cas, Silvio Berlusconi est chef d’État et il a des instruments de pouvoir à sa disposition bien qu’il reproche lui aussi à ses juges de le poursuivre pour des raisons politiques. Khodorkovsky était l’homme le plus riche de Russie. Ce procès a peut-être servi a lui retirer les moyens considérables dont il disposait et qui lui permettaient de financer l’opposition. Même les plus riches peuvent être l’objet de poursuites politiques. Nous souhaitons que ceux qui ne sont pas aussi éminents que lui bénéficient d’autant de publicité.

Source
Inosmi.ru (Fédération de Russie)

« Ein selektiver Prozess », par Peter Franck, Die Tageszeitung, 17 mai 2005. Ce texte est adapté d’une interview traduite en russe par Inosmi.ru.