Quand je suis sorti de prison, j’ai écrit un livre qui s’appelle Le Pain d’épice. J’y décris comment il faut se comporter en prison. Quand le président de notre Pen-club (Andreï Bitov, le célèbre écrivain) l’a eu entre les mains, il a dit qu’il devait être lu par beaucoup de gens. Nous sommes revenus à des temps où le vieux dicton russe est de nouveau d’actualité : « nous vivons dans un pays où apparemment le destin de chacun est d’aller au moins une fois en prison ». On peut aimer Khodorkovsky ou non, ce qu’il faut savoir, c’est que ce qui s’est passé peut arriver à chacun. La manière dont il a été traité par l’État et la justice fait de lui un prisonnier politique. Je ne pense pas que les protestations internationales vont empêcher que la peine soit lourde et ce ne sera pas la dernière fois. Dieu merci, il y a encore quelques médias russes qui relatent cette affaire selon des critères journalistiques tout à fait normaux. Il n’y a malheureusement que très peu d’organes de presse indépendants qui couvrent tout le territoire.
On peut considérer que certains petits éléments démocratiques ont survécu, mais l’institution démocratique en elle-même est violemment ébranlée. Les révolutions en Géorgie, au Kirghizistan, en Ukraine, et l’essai actuel en Ouzbékistan ont déjà eu une influence sur la situation intérieure en Russie. Malheureusement je pense que le cours violent qu’ont pris les évènements en Ouzbékistan pourrait bien être la variante la plus probable pour la Russie dans une situation semblable.
Les recherches sur les questions d’environnement sont particulières car il faut pénétrer des domaines fermés, de plus il y a une dépendance financière aux bourses ou au mécénat. Les experts s’accordent à dire que les radiations atomiques ne sont pas le problème n°1 en Russie. Il s’agit des taux de mortalité dans les grandes villes, causé par la pollution de l’air et de l’eau, ce qui 24 heures sur 24 a un impact sur la vie et la santé des gens.

Source
Deutschland Radio (Allemagne)

« Chodorkowski ist ein politischer Häftling », par Grigory Pasko, Deutschland Radio, 19 mai 2005. Ce texte est adapté d’une interview.